Pourquoi les civils sont-ils en danger plus que jamais?
TVA Nouvelles
La stratégie de Poutine de rentrer dans les villes ukrainiennes avec des chars d’assaut, sans infanterie au sol, est loin d’être une opération militaire classique, mais une «présence militaire» qui a lourdement affecté les troupes russes.
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L’impasse militaire et les pertes russes rendent les civils ukrainiens plus vulnérables que jamais sur le terrain.
C’est du moins l’analyse qu’en fait le lieutenant-général à la retraite Roméo Dallaire, connu pour son expérience tragique du génocide au Rwanda.
«Dans des zones urbaines, il faut rentrer avec beaucoup d’infanterie pour protéger justement les chars d’assaut. On voit tellement de destruction de l’équipement russe. Parce que les Russes ont rasé les édifices, ils ont créé des sites idéaux pour les embuscades. Des Ukrainiens avec des armes légères sont capables d’éliminer des chars d’assaut parce qu’il n’y a presque pas d’infanterie», explique Roméo Dallaire en entrevue à Mario Dumont.
Dans les conflits, les soldats d’infanterie ont pour rôle de s’approcher de l’ennemi et d’engager le combat avec lui. Ils constituent l’élément central de l’équipe des armes de combat, qui comprend également les soldats d’artillerie et les soldats des blindés.
Si Poutine avait pour but de prendre toute l’Ukraine de cette manière, il se retrouve coincé dans un scénario qui risque de le rendre encore plus «agressif et imprévisible», croit M. Dallaire.
Cette perspective fait craindre le pire pour les civils qui restent coincés dans les zones de conflits, notamment à Marioupol où la population peine à évacuer et où l'aide humanitaire peine à entrer.
«Les civils sont l’outil dans tout cela. Ils font partie des cibles de l’opération militaire. On a fait ça aussi lors de la Deuxième Guerre mondiale, mais dans ce contexte-ci comme au Rwanda, les civils sont l’outil de négociation. Ils sont l’outil qui permet de créer les horreurs de la guerre, de briser l’esprit politique et la volonté du peuple de se battre.»
Selon l’ex-lieutenant-général, les civils sont plus à risque que jamais, notamment parce que l’armée russe a démontré qu’elle n’a pas peur de commettre des crimes contre l’humanité pour en arriver à ses fins et qu’elle se bute aux forces ukrainiennes qui résistent sans relâche.
«Ils vont s’en prendre à la société et continuer de détruire l’Ukraine. Nous allons voir une attrition horrible pour des semaines et des semaines avant d’avoir une solution», déplore M. Dallaire.
***Voyez son entrevue intégrale dans la vidéo ci-dessus. ***