Les cas de cancer colorectal explosent chez les jeunes: voici ce qu’il faut surveiller
Gabriel Ouimet
Les cas de cancer colorectal sont en augmentation constante chez les jeunes Québécois de moins de 45 ans. Les experts, qui peinent à expliquer cette tendance à la hausse, appellent à la vigilance. Voici ce que vous devez savoir (et les symptômes que vous devriez surveiller).
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Quand le CHUM a commencé à compiler des données sur le cancer colorectal en 2006, le pourcentage des diagnostics qui touchaient les jeunes de moins de 45 ans était d’un peu plus de 6%.
À l’heure actuelle, 17 ans plus tard, il atteint presque le double, soit 12%. Ce qui inquiète, c’est que le nombre de cas de ce cancer, aussi appelé cancer du côlon, augmente légèrement d’année en année, indique la Dre Carole Richard, chercheuse et cheffe chirurgienne du Service de chirurgie digestive du CHUM.
«On voit de plus en plus de jeunes de moins de 45 ans se faire diagnostiquer un cancer colorectal. Avant, c’était assez exceptionnel de voir ça à 30, 35 ou 38 ans, mais ça ne l’est plus aujourd’hui», observe-t-elle.
Aux États-Unis, une étude publiée par la Société américaine du cancer au début du mois de mars prévoit une hausse des 9% des cas de cancer du côlon chez les moins de 50 ans, entre 2020 et 2023.
Une évolution que les experts ont à l’œil dans plusieurs pays industrialisés, même si l’âge moyen pour développer ce type de cancer est de 62 ans. Malgré la hausse des cas chez les jeunes, le vieillissement reste d’ailleurs le principal facteur de risque.
Au Canada, le cancer du côlon est le troisième cancer le plus fréquent et le deuxième cancer le plus mortel. Plus de 9000 personnes en seraient décédées en 2022, selon les estimations de la Société canadienne du cancer.
Une tendance difficile à expliquer
À l’heure actuelle, les médecins ne savent pas précisément pourquoi le cancer du côlon touche de plus en plus de jeunes adultes. Plusieurs facteurs aggravants sont toutefois dans leur mire.
L'un des premiers, c’est le fait d’ignorer les symptômes et d’attendre avant d’aller consulter, souligne la Dre Manuela Santos, qui se spécialise dans la recherche sur les causes du cancer du côlon au CHUM.
«Ce qui est préoccupant chez les jeunes, c’est que quand on aperçoit ces symptômes, le cancer est en stade avancé. L’avantage que les jeunes ont, cependant, c’est qu’ils n’ont généralement pas de comorbidité [une autre maladie dont pourrait souffrir une personne atteinte d’un cancer], donc ils vont supporter un traitement plus intensif et plus agressif», explique-t-elle.
Plus la maladie et ses signes avant-coureurs sont détectés tôt, meilleures sont les chances de guérison.
Voici quelques autres points à garder en tête pour éviter le pire.
Les antécédents familiaux jouent un rôle important
Autre chose que l’on sait sur le cancer du côlon: si un membre de votre famille proche a déjà reçu un diagnostic, particulièrement en bas âge, les probabilités que vous le développiez doublent par rapport au reste de la population.
S’il y a des cas de ce cancer dans votre famille, il ne faut donc pas hésiter à en parler à votre médecin, martèle la Dre Richard.
«Si vous avez un père, une mère, un frère ou une sœur qui a eu un cancer colorectal, il faudrait vous dépister environ 10 ans avant l’âge auquel votre proche a reçu son diagnostic. Donc si votre mère a eu un cancer colorectal à 45 ans, vous devriez vous faire dépister vers 35 ans», conseille la spécialiste.
Saignements, perte de poids et mal de ventre
Dans leurs recherches, les spécialistes du CHUM s’intéressent particulièrement au rôle du microbiome dans le développement de la maladie. Le microbiome, c’est ce qui rassemble l’ensemble des micro-organismes, comme les bactéries et les virus, qui définissent l’environnement du tube digestif.
En gros: surveillez les changements qui pourraient se produire dans votre ventre, mais aussi dans vos selles, puisqu’il n’y a pas de symptômes anodins, martèle la Dre Carole Richard.
«Ce n’est jamais normal d’avoir du sang dans les selles. Ce n’est pas normal d’avoir des douleurs abdominales ou encore de perdre du poids sans raison apparente. Est-ce qu’il y a des changements dans vos habitudes des selles? Ce n’est pas anodin d’avoir été constipé toute sa vie et d'être soudainement plus régulier», illustre-t-elle.
Soyez aussi attentif à l'apparition d'une fatigue excessive, puisqu'elle pourrait être provoquée par l’anémie qui est aussi un symptôme connu.
Dernière chose: plus les symptômes s’additionnent, plus vite il faut aller consulter, avertit la chirurgienne.
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Les habitudes de vie jouent un rôle important
Dans les dernières années, plusieurs études ont établi que la consommation excessive d’alcool, une alimentation riche en sucre et en aliments transformés, en viande rouge et en charcuteries ainsi que la cigarette peuvent être considérées comme des facteurs aggravants.
Les résultats d'une vaste recherche allemande publiée en 2022 indiquent également que chez les jeunes dans la trentaine et la vingtaine, l'obésité peut faire doubler les risques de développer un cancer colorectal de manière précoce.