Entre-saison difficile: les Canadiens grands perdants?
Michaël Fréchette
Admettre que Marc Bergevin a connu un automne 2020 mouvementé serait un euphémisme. L’architecte du Bleu-Blanc-Rouge a réalisé de nombreux bons coups permettant à ses troupes d’atteindre la finale de la Coupe Stanley et lui valant même une nomination au titre de directeur général de l’année dans le circuit Bettman. Près d’un an plus tard, la situation est tout autre.
Rappelons-le, en une seule et même saison morte, l’état-major montréalais à mis le grappin sur Tyler Toffoli, Jake Allen, Josh Anderson, Joel Edmundson et Corey Perry.
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On a une seule chance de faire une bonne première impression. Toffoli a bien saisi le propos de cet adage, lui qui a terminé sa première campagne au sommet des pointeurs de l’équipe, produisant 44 points, dont 28 filets en 52 parties.
Plus encore, Bergevin a comblé le poste de gardien substitut en embauchant l’un des meilleurs de la profession. Allen a vu plus d’action que prévu lors de la plus récente campagne. En d’autres mots, le cerbère a permis à l’équipe d’accéder aux séries éliminatoires, mettant des points au tableau en l’absence du portier Carey Price.
Finalement, l’arrivée d'Anderson a insufflé une nouvelle saveur à l’attaque de la Sainte-Flanelle avec sa fougue unique ainsi que son apport physique. Edmundson a quant à lui stabilisé la brigade défensive et s’est illustré par la simplicité de son jeu. Finalement, que dire de Perry. Un vrai de vrai. Un leader hors pair pour les jeunes, un joueur qui aurait mérité de jouer devant une salle comble au Centre Bell.
Le jour et la nuit
Bon, assez parlé du passé. Il faut toutefois admettre que le scénario est bien différent cette année. Le Tricolore a essuyé les pertes de Phillip Danault, Tomas Tatar et Corey Perry, entre autres. N’oublions pas que le capitaine Shea Weber serait sur la touche pour la totalité de la prochaine campagne en raison de blessures. Ce sont des pertes énormes, autant sur la glace que dans le vestiaire.
Un couteau suisse en moins
En Danault, Bergevin perd un joueur polyvalent, pouvant être utilisé à toutes les sauces. Souvent envoyé dans l’action afin d’entamer les rencontres dans le but d’affronter les meilleurs trios adverses, de tuer les pénalités et de protéger les avances, le Québécois s’avérait être un véritable couteau suisse pour Dominique Ducharme. Dans l’uniforme tricolore, l’ancien choix de premier tour des Blackhawks de Chicago a produit à un rythme de 0,54 point par match. Et ce, en plus d’évoluer à la position de centre, ce qui est une valeur ajoutée par la rareté de ses joueurs de talent et la complexité qui l’accompagne. Le CH pourrait s’en mordre les doigts.
Ce qui devait arriver arriva
Tatar aura rendu de précieux services aux Canadiens. Le Slovaque est en mesure de tirer son épingle en saison régulière. En 198 rencontres, il a noirci la feuille de pointage à 149 reprises aux bénéfices des Glorieux. Rien de moins. C’est toutefois lors des séries d’après-saison que la situation se corse pour l’ailier. En 15 rencontres éliminatoires dans l’organisation montréalaise, le Slovaque n’a inscrit que trois petits points. En carrière, c’est un total de 12 réussites sur un échantillon de 40 parties. C’est un cliché; il y a des joueurs qui amènent leur équipe en séries et d’autres qui t’y font gagner. Classez Tatar dans la catégorie qui vous chante.
Il faut être deux pour danser
Perry, 36 ans et probablement l’une sinon la plus belle surprise lors de la dernière saison. Quel leader. Un passionné, dédié et animé par une seule chose; la victoire. Un modèle d’exception pour les jeunots. Force est d’admettre qu’à la suite de deux revers en finale de la Coupe Stanley aux mains du Lightning, l’idée de rejoindre les «Bolts» aurait traversé l’esprit de plusieurs. Marc Bergevin était-il dans le coup? Chose certaine, il faut être deux pour danser et Perry semble déterminé à mettre la main sur une deuxième coupe avant de se retirer.
Combattre le feu par le feu
Pour combler les pertes de deux joueurs sur les deux premiers trios ainsi qu’un défenseur jouant sur le «top 4», les hautes instances des Canadiens ont conclu des ententes avec Mike Hoffman, Cédric Paquette, Mathieu Perreault, David Savard et Chris Wideman.
En ce qui a trait au talent, Hoffman est celui qui se démarque le plus dans cette liste. Bien que son attitude ait été remise en question à quelques occasions, il a le potentiel de marquer 30 buts dans la LNH. Ses statistiques ressemblent à celles de Tatar. On pourrait dire qu’il contrebalance le départ de l’ancien no 90.
Est-ce que la fougue de Paquette jumelée au flair offensif de Perreault pourront compenser le vide laissé par l’exode de Danault?
Est-ce que le dévouement du Québécois David Savard à la ligne bleue et la mobilité de Wideman feront oublier la perte de l’homme-montagne Shea Weber?
Les Canadiens de Montréal sont-ils une meilleure équipe à la suite de cet entre-saison?
Nouveaux venus
Attaquants
Mike Hoffman 3 ans / 4,5 M$ par saison
Cédric Paquette 1 an / 0,95 M$ par saison
Mathieu Perreault 1an / 0,95 M$ par saison
Défenseurs
David Savard 4 ans / 3,5 M$ par saison
Chris Wideman 1 an / 0,75 M$ par saison
Joueurs qui ont quitté
Phillip Danault 6 ans / 5,5 M$ par saison (Kings de Los Angeles)
Tomas Tatar 2 ans / 4,5 M$ par saison (Devils du New Jersey)
Corey Perry 2 ans / 1 M$ par saison (Lightning de Tampa Bay)