Les Canadiens défendront un pipeline devant la cour fédérale américaine
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Anne Caroline Desplanques
OTTAWA | Appuyée des avocats du gouvernement fédéral, la pétrolière albertaine Enbridge a obtenu que la cour fédérale américaine entende ses arguments pour empêcher l’État du Michigan de fermer un pipeline.
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La canalisation 5 d’Enbridge transporte du pétrole et du gaz de l’Ouest canadien vers le Québec et l’Ontario en traversant l’écosystème fragile des Grands Lacs. Pour Ottawa, c’est une infrastructure «essentielle à la sécurité et à la prospérité économique du Canada».
Mais pour le Michigan, c’est une «bombe à retardement» qui menace de fuir et d’ainsi contaminer l’eau potable et de détruire la faune et la flore des Grands Lacs. La gouverneur de l’État a donc signé un décret qui appelait à la fermeture immédiate et unilatérale de l’oléoduc en mai.
Les avocats du gouvernement fédéral ont volé au secours de ceux de la compagnie pétrolière pour contrer le décret devant les tribunaux fédéraux américains. Le Michigan a répliqué qu’il s’agissait d’une affaire locale qui n’avait pas à être décidée en cour fédérale.
Pipeline international
Mais la juge Janet Neff s’est rangée du côté des Canadiens qui ont plaidé que le dossier transcende les frontières de l’État du Michigan et ne peut donc pas être réglé localement.
Dans leur requête, les Canadiens ont souligné que la fermeture de la ligne 5 «perturberait gravement l’approvisionnement en carburant et ferait grimper le prix que les consommateurs paient partout au Québec et en Ontario».
Ils ont ajouté que le décret du Michigan va à l’encontre d’un traité bilatéral de 1977 entre les États-Unis et le Canada qui empêche de «nuire à l’exploitation des pipelines internationaux pour l’acheminement d’hydrocarbures en l’absence de justifications précises».
Le Michigan est à couteaux tirés avec Enbridge depuis qu’un autre pipeline de cette compagnie, la ligne 6B, a provoqué au Michigan la deuxième plus grave fuite de pétrole de l’histoire des États-Unis en déversant 20 000 barils de brut dans la rivière Kalamazoo en 2010.
Biden sous pression
La décision de la juge Neff intervient alors que la pression monte sur l’administration Biden dans le dossier.
La semaine dernière, treize représentants au Congrès ont adressé une lettre au président Biden pour réclamer la préservation de la ligne 5 qu’ils qualifient d’«essentielle à la vitalité du Midwest».
Ils estiment que sa fermeture ferait grimper les prix du carburant dans toute la région alors qu’ils sont déjà à un niveau record, et entraînerait des «dizaines de milliers» de pertes d’emplois au Michigan, au Wisconsin et en Ohio.
Le même argument n’a pas empêché le président américain de mettre la hache dans un autre pipeline en provenance de l’Alberta, Keystone XL, dès le début de son mandat.
Sommet des 3 amigos
La porte-parole adjointe de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré, la semaine dernière, que l’administration Biden étudiait les impacts d’une potentielle fermeture du pipeline, mais n’interviendrait pas directement pour le fermer.
Elle a indiqué s’attendre à ce que les deux pays s’engagent dans «des négociations constructives» dans ce dossier.
Ottawa entend bien le mettre à l’ordre du jour du sommet entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, qui doit se tenir cette semaine.