Des camionneurs campent toujours à Ottawa, Trudeau réagit: ce qui s’est passé depuis vendredi
Agence QMI
La rentrée parlementaire risque d’être mouvementée lundi, à Ottawa, alors que les camionneurs du «convoi pour la liberté» maintiennent leur mouvement de protestation contre la vaccination obligatoire dans la capitale fédérale. Voici à quoi s'attendre.
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«Tout le monde a de la grogne», dit Trudeau
Justin Trudeau a déclaré lundi que son gouvernement n’était «pas intimidé» par les manifestants qui occupent Ottawa depuis vendredi.
Il a appelé ceux qui ont joint le convoi, mais qui sont «inconfortables avec les symboles de haine et de division» aperçus ici et là cette fin de semaine à «joindre leurs compagnons canadiens», à «être courageux» et à «prendre la parole». «Ne vous placez pas aux côtés de l’intolérance et de la haine», leur a-t-il demandé.
«Tout le monde a de la grogne, tout le monde est tanné de cette pandémie, tout le monde est épuisé, tout le monde veut que ça en finisse [...], mais la vaste majorité des Canadiens savent que ce n’est pas en rouspétant qu’on va finir cette pandémie: c’est en se faisant vacciner», a-t-il lancé.
Justin Trudeau a ajouté que les Canadiens étaient «choqués et dégoûtés» par l’attitude de la frange plus irresponsable des manifestants, prenant en exemple les objets placés sur la statue de Terry Fox ou encore les véhicules stationnés sur le Monument commémoratif de guerre du Canada.
En point de presse pour la première fois depuis l’arrivée des premiers camions vendredi, le premier ministre n’a aucunement l’intention de rencontrer les contestataires pour entendre leurs doléances. Ces derniers lui sont pour la plupart très hostiles.
«En ces temps difficiles, tous les politiciens doivent démontrer du leadership responsable. On doit travailler pour rassembler les gens de manière positive. On doit lutter contre la division et la peur avec les faits», a déclaré M. Trudeau, qui a reçu en matinée un diagnostic positif à la COVID-19.
Rentrée parlementaire mouvementée
La rentrée parlementaire se ferait de manière hybride, comme les précédentes, en raison de la pandémie de COVID-19. Une partie des parlementaires sera en télétravail, alors que d’autres députés devraient occuper en personne leur banquette au Parlement.
Mais l’on ne sait pas si les députés pourraient rallier le Parlement devant l’ampleur de la manifestation des camionneurs qui a carrément paralysé le centre-ville d’Ottawa.
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Des négociations en cours
Évacuer le centre-ville de la capitale nationale s’annonce tout un casse-tête pour les autorités.
La police d’Ottawa dit vouloir éviter la confrontation, en évitant de donner des contraventions ou de remorquer les poids lourds, alors des camionneurs ont manifesté leur intention de demeurer sur place.
Des négociations étaient en cours avec les organisateurs, alors que plusieurs camionneurs ont déjà quitté les lieux dans le calme.
«Cette situation continuera à engendrer d’importants problèmes de circulation, de bruit et de sûreté dans le centre-ville. Nous incitons tous les résidents à éviter de se rendre au centre-ville ou de s’y déplacer», a indiqué dans un communiqué le Service de police d’Ottawa, dimanche soir.
Devant le nombre croissant de camions stationnés dans le centre-ville d’Ottawa, il sera difficile aux autorités d’évacuer les lieux sans incident.
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Voici ce qui s'est passé depuis vendredi:
1. Le convoi s’installe
Certains camionneurs sont arrivés à destination vendredi soir alors que la majorité du convoi s’est mise en direction de la capitale tôt samedi matin. Les milliers de participants ont ainsi paralysé le centre-ville d’Ottawa, au grand désarroi des résidents du secteur.
2. Bain de foule pour Bernier
Le chef du Parti populaire du Canada (PPC), Maxime Bernier, s’est offert un bain de foule parmi les manifestants samedi après-midi. Il en a profité pour offrir un discours à ses partisans sur place. Certains députés conservateurs, dont le chef Erin O'Toole, ont aussi été aperçus.
3. Mesures sanitaires bafouées
C’était prévisible. Les mesures sanitaires de base comme le port du masque et la distanciation sociale n’ont pas été respectées durant la manifestation. Certains récalcitrants ont même poussé la note en s’invitant sans masque dans un centre commercial à proximité de la colline parlementaire. L’établissement a été forcé de fermer ses portes en cours de journée.
4. Gros party
Feux d’artifice, cannabis, alcool et musique, des manifestants avaient l’intention de veiller tard samedi soir. Le rassemblement s’est donc transformé en gros party à ciel ouvert à la tombée du jour.
Le convoi est devenu un gros party.
— Francis Pilon (@FrancisPilon_) January 29, 2022
Alcool, cannabis, et plein de feux d’artifice qui éclatent sans avertissement.
Avec les bidons d’essence partout ici, plusieurs s’éloignent #FreedomConvoy2022 pic.twitter.com/8Nzwupo0Kn
Le convoi est devenu un gros party.
— Francis Pilon (@FrancisPilon_) January 29, 2022
Alcool, cannabis, et plein de feux d’artifice qui éclatent sans avertissement.
Avec les bidons d’essence partout ici, plusieurs s’éloignent #FreedomConvoy2022 pic.twitter.com/8Nzwupo0Kn
5. Débordements
Bien que l’ensemble de la manifestation se soit déroulé de manière pacifique, il fallait tout de même s’attendre à quelques débordements. Des militants d’extrême droite ont ainsi placé une pancarte et un drapeau sur la statue de Terry Fox. Certains ont carrément stationné leur voiture sur le Monument commémoratif de guerre du Canada. D’autres se sont invités dans les locaux d’un organisme d’aide aux itinérants pour réclamer des repas. Drapeaux confédérés, nazis et Gadsden ainsi que slogan haineux étaient aussi à l’honneur.
Ironic that one RAM truck in the Ottawa 'Freedom' Rally sports the Confederate Slave Owner's battle flag. #FluTruxKlan #FluTrucksKlan pic.twitter.com/KAGivbYKa9
— b fretts (@BFretts) January 28, 2022
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6. Appuis, mutisme et main tendue
La manifestation a reçu plusieurs appuis au cours du week-end, dont ceux de l’ex-président américain Donald Trump et du milliardaire Elon Musk, entre autres. À Québec, François Legault a offert une main tendue aux camionneurs.
7. Irréductibles
Si une bonne partie du convoi avait commencé à quitter les lieux en soirée dimanche, des irréductibles ont l’intention de camper devant le parlement aussi longtemps qu’ils pourront le faire. Lundi matin, les policiers négociaient toujours avec ceux-ci. Des protestataires ont même affirmé être prêts à aller en prison pour la cause.