Les cabanes à sucre face à l’incertitude
Louis-Antoine Lemire et Simon Dessureault
Plusieurs propriétaires de cabanes à sucre ne savent plus sur quel pied danser à l’approche de leur saison 2022 malgré la réouverture des salles à manger lundi prochain.
Mardi, le gouvernement a annoncé que les restaurants pourront rouvrir leurs portes, mais qu’ils devront entre autres fonctionner à 50 % de leur capacité d’accueil avec un maximum de quatre personnes par table.
Mercredi, dans le milieu des érablières, plusieurs se posaient encore des questions à savoir si ces mesures visaient aussi leurs commerces étant donné qu’aucune mention à leur sujet n’a été émise dans les communications du gouvernement.
L’Agence QMI a pu obtenir un éclaircissement de la part du ministère de la Santé en fin d’après-midi après avoir parlé à des propriétaires de cabanes à sucre toujours dans l’attente de précisions.
«Les salles à manger des cabanes à sucre pourront rouvrir à compter du 31 janvier, tout comme les salles des restaurants», nous a-t-on expliqué, en ajoutant qu’elles devront respecter les mêmes règles que les restaurants quant à la capacité d’accueil, la distanciation et le nombre de personnes par table, notamment.
Puis, pour ce qui concerne «tout genre d’événement organisé dans une cabane à sucre, au même titre que dans une salle louée, [cela] n’est pas permis», a précisé le service des relations avec les médias du ministère.
Mais ces assouplissements ne règlent pas tout.
«Même si on est inclus, il y a un fort pourcentage de cabanes à sucre qui ne vont pas rouvrir leur salle à manger», a déploré Stéphanie Laurin, présidente de l’Association des salles de réception et érablières commerciales du Québec (ASEQC) et propriétaire d’une cabane à sucre à Sainte-Anne-des-Plaines, dans les Basses-Laurentides.
C’est que l’ASEQC a récemment tenu un sondage indiquant que 25 % des propriétaires ne voulaient pas rouvrir leur salle à manger. Environ 40 % des cabanes du Québec ont répondu au sondage.
L’an passé au début de la saison des sucres certaines cabanes à sucre avaient ouvert leurs portes, mais le tout n’avait duré que deux semaines, car les cas de COVID-19 augmentaient trop.
«On a peur que ça se reproduise, craint Mme Laurin. C’est risqué d’investir pour rouvrir nos salles à manger et se faire refermer après.»
Et l’exode des employés dans les deux dernières années n’a rien pour aider. «Il y en a qui ne rouvriront pas leur salle à manger parce qu’elles n’ont pas la main-d’œuvre nécessaire», a affirmé Mme Laurin.
En Mauricie, à Saint-Justin, Mélissa Ladouceur, fille des propriétaires de l’Érablière Ladouceur, avait opté pour des boîtes à emporter au lieu d’ouvrir sa salle à manger en 2021, mais elle ne sait pas encore quelle formule elle adoptera cette année.
L’inflation dans le secteur alimentaire fait notamment partie de sa réflexion. «Les prix des aliments comme le jambon, le lait et les œufs ont augmenté considérablement. Je dois bien rémunérer mes employés, mais en même temps je ne peux pas gonfler la facture des clients.»
De son côté, à Trois-Rivières, également en Mauricie, le propriétaire de la Cabane à sucre Chez Dany, Dany Néron, est plus optimiste. Il s'attend à pouvoir fonctionner selon les règles annoncées par le gouvernement, tout comme l’an dernier.
Bien qu’il dresse un bilan positif de cette expérience, il reconnaît que la pandémie lui fait perdre beaucoup d’argent, lui qui a l’habitude d’accueillir des gens de l’extérieur. «90 % de ma clientèle est internationale. C’est sûr que mon manque à gagner est non négligeable.»
Les boîtes-repas de retour
Au cours de notre entretien, mercredi, Stéphanie Laurin, qui est aussi cofondatrice du projet Ma cabane à la maison, nous a confié que l’initiative des boîtes-repas en épicerie sera de retour cette année.
L’an passé, le projet, qui regroupait près de 70 érablières québécoises, permettait aux gens de réserver des boîtes gourmandes qu’ils allaient chercher dans des points de cueillette.
«Les détails officiels vont être dévoilés en février et il y aura des nouveautés», a indiqué la femme d’affaires.