Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Coupes forestières: les Atiamekw de Manawan manifestent depuis 6 semaines

Partager

Marie-Claude Paradis-Desfossés | TVA Nouvelles

2022-03-31T02:55:48Z
Partager

Manawan: Le campement de la famille Dubé, au km 60 sur le chemin de Manawan est encore érigé, et prend même de l'ampleur. Cette famille atikamekw de Manawan et d'autres manifestants autochtones dénoncent depuis six semaines les coupes qu'ils jugent illégales sur ce qu'ils considèrent leur territoire. 

• À lire aussi: Rencontre «historique» entre le pape et une délégation autochtone du Canada la semaine prochaine

• À lire aussi: Des cours de linguistique pour préserver la culture autochtone

«On ne lâchera pas, tant qu'on n’aura pas le rapport du ministère (des Forêts) on reste ici! C'est toujours comme ça avec les compagnies. Elles ne respectent jamais les ententes», dénonce le chef de territoire, Henri Dubé.

Le groupe de plus d'une vingtaine de personnes au moment du passage de TVA nouvelles, mercredi, n'a pas l'intention de baisser la garde. La machinerie forestière ne passe plus depuis qu'un chemin forestier a été buché à même une érablière qui devait pourtant être protégée selon l'entente d'harmonisation conclue entre la famille Dubé, le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs ainsi que le Groupe Champoux, affiliés à la Scierie de Saint-Michel-des-Saints dans Lanaudière. 

«Pour nous la forêt c'est notre garde-manger, on nourrit nos familles. Et l'érablière elle nous sert aussi à enseigner nos traditions et savoirs aux générations futures. C'est très important pour préserver la culture atikamekw», milite Annette Dubé. Au beau milieu de la forêt, une longue lisière dégarnie traverse l'érablière. Les arbres coupés sont toujours empilés sur les côtés.

Publicité

Un rapport d'enquête attendu 

Des fonctionnaires du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs auraient visité le site au début du mois de mars pour constater eux-mêmes les zones buchées. Le président-directeur de la Scierie, Jean-FRançois Champoux dit lui aussi attendre avec impatience le rapport d'enquête. En attendant, il estime que l'arrêt des opérations fait perdre à l'entreprise des milliers de dollars.

Au cabinet du ministre Pierre Dufour, on répond que l'enquête est

toujours en cours et qu'il n'y aura pas de commentaire avant la remise du rapport.

Bien installés pour durer 

Le feu est alimenté jour et nuit, sept jours sur sept depuis un mois et demi. Un tipi a été érigé pour se réchauffer, une tente avec un lit, une cuisine, une génératrice et plus encore. Pendant que des femmes s'affairent à cuisiner la banik et de l'orignal, celui qui est responsable du campement, Frederic Flamand-Dubé, explique pourquoi il poursuit la mobilisation. 

«Moi je crois à la cause et je ne vais pas bouger! Et ça dépasse maintenant l'enjeu de l'érablière. C'est effrayant tout ce qu'ils font à la forêt. La déforestation. Ce sont des coupes à blanc, il n'y a plus de coupes sélectives. Il faut être tous solidaires». 

Deux allochtones sont également venus appuyer, mercredi, les Atikamekw dans leurs demandent. «On est des citoyens de Lanaudière, on trouve que ça pas de bon sens de bucher comme ça», commente un des deux visiteurs.

Une histoire qui se répète 

Assise autour du feu, l'aînée de la famille, Délima Dubé-Flamand, souhaite que l'industrie finisse par s'entendre avec les Premières Nations, alors que le mot «réconciliation» fait de plus en plus partie des discussions. «Ils ne nous ont jamais écoutés, mais on n'a jamais voulu partir d'ici», témoigne la femme de 88 ans, en ajoutant que son mari avait lui aussi mené le même combat pour protéger la forêt.

La famille Dubé est la deuxième famille de Manawan à vouloir interdire les activités forestières sur ces terres ancestrales. Le représentant des chefs territoriaux, Régis Flamand, explique que ce ras-le-bol est généralisé. «Les familles ne veulent plus seulement être consultées. La communauté veut participer aux décisions et être partenaire dans l'exploitation du territoire».

M. Flamand fait également parti du comité composé de leader Atikamekw et de membre du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs dont l'objectif est de trouver des solutions pour que les besoins de l'industrie

forestière s'arriment à ceux des familles autochtones. Deux rencontres ont eu lieu jusqu'à présent. Depuis janvier, un moratoire forestier a aussi été décrété par le Conseil des Atikamekw de Manawan.

Publicité
Publicité