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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Les antivax font mal aux commerces

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Clara Loiseau et Olivier Faucher | Journal de Montréal

2021-09-16T09:16:07Z
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Après deux semaines de rodage pour l’implantation du passeport vaccinal, les bars et les restaurants craignent que la baisse d’achalandage empire maintenant qu’il n’y a plus de passe-droit.

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Michel Juteau, barman à la Taverne Ontario dans Hochelaga-Maisonneuve, craint de voir encore moins de clients dans les prochains jours.
Michel Juteau, barman à la Taverne Ontario dans Hochelaga-Maisonneuve, craint de voir encore moins de clients dans les prochains jours. Photo Clara Loiseau

« C’est simple, depuis qu’il y a le passeport, on n’a presque plus personne et maintenant que c’est vraiment obligatoire, ça va être encore pire parce qu’on va devoir refuser ceux qui n’ont pas leur code QR », affirme Michel Juteau, barman à la Taverne Ontario, dans Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal.

En vigueur depuis le 1er septembre, le passeport vaccinal est obligatoire pour les plus de 13 ans depuis hier. Que ce soit pour aller dans les restaurants, bars, gyms, festivals ou encore cinémas, il faut montrer patte blanche, en présentant sa preuve vaccinale numérique ou papier, ainsi qu’une carte d’identité avec photo.

La période de tolérance des autorités maintenant terminée, les contrevenants s’exposent à des contraventions allant de 1000 $ à 6000 $, autant pour les clients récalcitrants que pour les commerçants.

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« À date, ça se passe mieux que je pensais, mais je m’attendais à une catastrophe, donc la barre était basse », explique Antonin Laplante-Bouchard, serveur et barman au bar Palco dans Verdun.

Mais cette nouvelle mesure apporte son lot de défis pour les commerçants.

Yan Ping Zheng, propriétaire du Café Lounge 5, dans Villeray, a déjà noté une baisse d’achalandage de 20 % depuis le 2 septembre. Hier, elle avait moitié moins de clients comparé à d’habitude, explique-t-elle.

« J’ai essayé de les convaincre, mais ils ne veulent pas se faire vacciner », soutient-elle à propos de ses nombreux clients perdus.

Et moins de pourboires 

Au bar l’Ambiance à Saint-Eustache, l’effet du passeport vaccinal est majeur puisqu’en soirée, ce taux monte à 90 %, affirme la propriétaire Yan Hong. Elle a vu deux de ses cinq employés démissionner, car ils recevaient trop peu de pourboires.

« Je crois que ce sera encore pire à partir d’aujourd’hui », s’inquiète-t-elle.

Au resto-bar Lundis au soleil dans Villeray, Karina Tétrault estime subir les contrecoups des jeunes non vaccinés puisqu’elle observe une baisse de 20 à 25 % de son achalandage habituel.

Catastrophe 

Selon Peter Sergakis, président de l’Union des tenanciers de bars du Québec, certains établissements ont noté une baisse de 50 % de l’achalandage hier.

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« Il va falloir surveiller ça, mais je crois que cette mesure va être catastrophique pour l’industrie », laisse-t-il tomber.

Pierre Thibault, de la Nouvelle association des bars du Québec, estime qu’il faudra encore quelques semaines pour voir si le passeport est vraiment responsable de la baisse d’achalandage.

« C’est dur à calibrer parce qu’il y a aussi le retour à la normale à prendre en compte avec la rentrée et la reprise du travail, mais c’est vrai que la fin de semaine, il y a quand même une baisse », explique-t-il.

En refusant les clients non vaccinés, les associations souhaiteraient que le gouvernement fasse un pas dans leur direction.

« En France, en Espagne, en Italie, du moment où il y a eu un passeport vaccinal qui a été mis en place, on redonnait 100 % des heures d’ouverture et 100 % de la capacité. Là, on n’a aucune nouvelle par rapport à ça, alors qu’en roulant à 50 %, on ne peut même pas payer les frais fixes », déplore M. Thibault.

Mike Sicuso et Richard Jannelle, copropriétaires du Bar le 26 dans Villeray, demandent des assouplissements au gouvernement.
Mike Sicuso et Richard Jannelle, copropriétaires du Bar le 26 dans Villeray, demandent des assouplissements au gouvernement. Photo Olivier Faucher

Au Bar le 26 dans Villeray, nommé en raison de ses 26 places, ces assouplissements sont une question de survie.

« On espère que bientôt, ils vont au moins nous permettre d’ouvrir plus tard ou de hausser la capacité. On a besoin de ça pour survivre jusqu’à Noël », fait valoir Mike Sicuso, copropriétaire du bar.

Hier, ni la CNESST ni le ministère de la Santé ou celui de la Sécurité publique n’étaient en mesure de dire si des constats d’infraction avaient été remis ni combien d’employés sont affectés à cette tâche, renvoyant la responsabilité du respect des normes sanitaires aux différents corps de police. 

Il a été impossible de savoir auprès du Service de police de la Ville de Montréal et de la Sûreté du Québec si des interventions en lien avec le passeport vaccinal ont eu lieu hier.

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