Les albatros se séparent de plus en plus et c'est à cause des changements climatiques
Andrea Lubeck
- Les albatros, qui sont parmi les créatures les plus monogames au monde, se séparent plus souvent, notamment en raison des changements climatiques.
- Le réchauffement des eaux diminue le nombre de poissons et force donc les oiseaux de mer à chasser plus loin.
- Les populations d’albatros errants déclinent d'entre 5 et 10% annuellement, depuis 2005.
Les albatros, ces oiseaux reconnus pour être parmi les créatures les plus monogames au monde, se séparent de plus en plus souvent – et les changements climatiques seraient en cause, selon des chercheurs.
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Parce qu'il force les albatros à sourcils noirs à se déplacer plus loin pour se nourrir, le réchauffement climatique augmenterait leur stress, ce qui aurait un impact sur le nombre de ruptures, rapporte The Guardian.
En général, après avoir choisi un partenaire, seuls de 1 à 3% de ces oiseaux se séparent au cours de leur vie. Mais, selon l’étude, menée pendant 15 ans sur une population sauvage de 15 500 couples reproducteurs dans les îles Malouines, ce taux a augmenté de manière constante pour atteindre 8% de séparation les années où la température de l’eau était exceptionnellement élevée.
Des eaux très chaudes signifient moins de poissons et un environnement plus rude pour les oiseaux de mer. Dans de telles conditions, moins de poussins survivent et les hormones de stress augmentent.
Échec de la reproduction
Francesco Ventura, chercheur à l’Université de Lisbonne et coauteur de l’étude, souligne que les séparations d’albatros surviennent généralement lorsqu’il y a échec de reproduction. Le manque de nourriture peut être une cause de ce genre d'échec.
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Les chercheurs ont néanmoins constaté que la hausse de la température de l’eau jouait sur les chances de réussite des couples, même lorsque les oiseaux parvenaient à se reproduire.
C’est parce que lorsque l'eau se réchauffe, les albatros doivent aller chasser plus loin pour se nourrir, ce qui peut leur faire manquer une saison de reproduction, explique Francesco Ventura. Lorsque cela arrive, leur partenaire se tourne parfois vers un nouveau compagnon.
Populations en baisse
Les résultats de l'étude sont présentés au moment où plusieurs populations internationales d’albatros connaissent des difficultés. «Leur nombre est en chute libre», souligne Graeme Elliot, conseiller scientifique principal au ministère néo-zélandais de la conservation.
Selon ses observations, les populations d’albatros errants déclinent d'entre 5 et 10% annuellement, depuis 2005.
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Si le nombre de séparations des albatros à sourcils noirs des îles Malouines n'est pas encore alarmant, une répétition de cette dynamique pourrait être néfaste pour les populations fragiles, prévient Francesco Ventura.
«Si nous parlons d’une population dont le nombre de couples reproducteurs est beaucoup plus faible, la rupture d’un lien pourrait induire une certaine perturbation dans les processus de reproduction réguliers», explique-t-il.