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Lentement, mais sûrement, l'humour au Québec devient moins blanc et masculin

Crédits: Maureen Rouge (photo 1); Ariane Famelart (photo 2) et courtoisie (photo 3)
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Photo portrait de Genevieve            Abran

Genevieve Abran

2022-07-29T11:00:00Z
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Longtemps perçu comme un cercle réservé aux hommes blancs cisgenres, le milieu de l’humour se transforme... tranquillement pas vite. Mais même si de plus en plus de femmes et d’humoristes issus de la diversité culturelle ou sexuelle arrivent à s'y tailler une place, il y a encore «beaucoup de chemin» à parcourir, soutiennent des acteurs de l’humour.  

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«La relève est beaucoup plus hétérogène, mais ça reste une majorité d’hommes», souligne d’emblée l’humoriste Maxime Gagnon.  

«Le boy’s club perdure», poursuit l'artiste, qui a l’habitude de partager la scène uniquement avec des hommes.  

Maxime Gagnon s'est lancée en humour en 2019.
Maxime Gagnon s'est lancée en humour en 2019. Ariane Famelart

La femme trans, qui s’est lancée en humour avant sa transition en 2019, remarque que les organisateurs de soirées d’humour ont souvent tendance à se tourner vers leurs amis humoristes – souvent des hommes – avant de chercher à élargir leur cercle. 

Mais bien qu’elle souhaite voir plus de femmes dans ces soirées, elle ne veut pas être choisie parce qu’elle remplit une case: elle veut qu’on la choisisse pour son talent.  

Invitée «parce que je suis bonne»

Douaa Kachache abonde dans le même sens.  

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«Je n’aime pas me faire booker parce que je suis la seule fille ou la seule Arabe, insiste l’humoriste d’origine marocaine. Je veux avoir l’impression que je suis là parce que je suis bonne, pas parce que je suis un token.»

Douaa Kachache fait de l'humour depuis 2015.
Douaa Kachache fait de l'humour depuis 2015. Philippe Lebourdais

Depuis qu'elle a commencé à faire de l’humour, en 2015, elle a l’impression que son milieu a évolué. «Les gens sont beaucoup plus conscients de ce qui se passe autour d’eux», se réjouit celle qui partage ses gags sur TikTok.

Difficile pour la diversité culturelle et sexuelle 

Mais pour Emna Achour, il y a encore place à l’amélioration. 

«C’est tough pour les femmes, mais c’est une autre coche pour la diversité culturelle et de genre», déplore Emna Achour.  

Ariane Famelart
Ariane Famelart

«On a de la misère à avoir l’équité homme-femme. Avant d’avoir une équité avec la diversité culturelle et ethnique, ça va prendre du temps», ajoute la femme d’origine tunisienne. 

«On me dit toujours que c’était pire avant, mais moi je trouve que ce n’est vraiment pas assez», affirme l’humoriste, qui a fait ses débuts à l’automne 2019. Il y a encore beaucoup trop de line-ups exclusivement masculins, regrette-t-elle. 

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Plus de diversité en haut de la pyramide  

Pour assurer une plus grande diversité au sein du milieu de l’humour, il faut plus de femmes et de représentants des minorités culturelles et sexuelles en position d’autorité, poursuit Emna Achour. «Ce sont les mêmes personnes en haut de la pyramide depuis 10 à 15 ans», affirme-t-elle. 

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Elle se réjouit toutefois de l'arrivée cette année d’Isabelle Desmarais, une femme noire, à la direction du Zoofest. Le festival, qui vient tout juste de se conclure, offre une vitrine aux humoristes de la relève. Pour sa 13e édition, le Zoofest souhaitait montrer que «l’humour, c’est vraiment pour tout le monde». 

«Si on ne s’attarde pas juste à ce qui se fait dans les canaux traditionnels, je pense que c’est possible de découvrir à quel point il y a des gens intéressants et qui sont représentatifs de la diversité culturelle et sexuelle de notre province et du pays», soutient Isabelle Desmarais. 

Elle reconnaît néanmoins qu'il y a «encore beaucoup de travail à faire pour que tout le monde ait une place à la table».  

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Une école plus diversifiée  

La directrice de l’École nationale de l’humour, Louise Richer, le remarque aussi: de plus en plus de personnes de tous les horizons souhaitent étudier dans son établissement.  

Depuis une dizaine d’années, les demandes d’admission de personnes issues de la diversité montent en flèche, assure-t-elle. Cette année, des bourses ont d’ailleurs été offertes à de futurs étudiants qui appartiennent à la diversité culturelle. 

Et les femmes continuent également de prendre de plus en plus de place à l’École nationale de l’humour. Pour une deuxième année consécutive, la cohorte qui fera son entrée en août prochain sera paritaire, se réjouit la directrice.  

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