Bilan de son passage à la COP26: Legault a trouvé sa voie verte
Patrick Bellerose | Bureau parlementaire
François Legault admet avoir «évolué» sur la question environnementale depuis 2018. Le premier ministre caquiste a réconcilié son mantra sur la création de richesse avec l’urgence climatique en découvrant le marché vert qui s’offre au Québec.
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Si les considérations écologistes étaient largement absentes de sa plateforme électorale, c’est parce que la question fait largement consensus au Québec, a affirmé le premier ministre François Legault jeudi lors d’un bilan de son passage à la COP26.
«Ça a joué dans la position que j’ai prise en 2018. Je me disais : les quatre partis sont conscients du défi climatique qu’on a. Donc, on ne se différenciait pas beaucoup» en tablant sur ces enjeux, dit-il.
Mais depuis, la lutte aux changements climatiques a révélé ses promesses de nouvelles opportunités pour le Québec. «Là, on a peut-être développé des nouveaux secteurs en disant : on va, en même temps qu’on va réduire les GES, créer des nouveaux secteurs, des nouvelles industries au Québec», a-t-il expliqué.
Le premier ministre cite notamment la construction d’autobus et de trains électriques, de même que la production d’hydrogène «vert» produit à l’aide d’hydro-électricité et la filière batterie comme des marchés d’avenir pour le Québec.
«Ça, là-dessus, effectivement, j’ai évolué», confie M. Legault en citant un slogan de son gouvernement «Plus de richesse, moins de GES». «C’est ça que j’ai peut-être réalisé plus que jamais», souligne le chef caquiste.
La réduction de gaz à effet de serre comporte un «coût», convient-il, mais représente également «une opportunité extraordinaire au Québec, surtout parce qu’on a des surplus d’électricité».
Nouvelles annonces
François Legault a conclu sa mission au sommet de l’ONU sur les changements climatiques en dévoilant de nouvelles initiatives d’entreprises pour réduire le bilan GES du Québec.
Le producteur du whisky Crown Royal, Diageo, diminuera ses émissions de 40 000 tonnes annuellement en passant du gaz naturel et mazout lourd à l’hydro-électricité. Québec, Ottawa et Hydro-Québec investiront 45,8M$ dans le projet de conversion de la distillerie située à Salaberry-de-Valleyfield.
Les compagnies Alcoa et Rio Tinto ont aussi annoncé que la technologie Elysis, qui permet de fabriquer de l’aluminium sans carbone, passera à l’étape de test au stade industriel. À terme, l’utilisation de cette technologie permettrait d’éliminer complètement les émissions de GES dans l’industrie de l’aluminium, soit 5 mégatonnes de GES annuellement.
Cela représente 18% de l’effort nécessaire pour atteindre la cible du Québec de réduire ses émissions de 37,5% d’ici 2030.
Une alliance contre les hydrocarbures
La COP26 a aussi été l’occasion pour François Legault d’annoncer que le Québec se joindra à la nouvelle Beyond Gas and Oil Alliance, mise sur pied par le Costa Rica et le Danemark.
Le premier ministre a récemment annoncé la fin de l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures au Québec. Pour François Legault, cela signifie que la Caisse de dépôt devra aussi se départir graduellement de ses actifs dans le pétrole (ce qui est déjà prévu) et le gaz naturel, bien que celui-ci puisse être une énergie de transition.
«C’est juste une question de délais, dit-il. Éventuellement, il va falloir que la Caisse et Investissement Québec sortent aussi du gaz.»
En parallèle des annonces, M. Legault a toutefois dû défendre sa volonté d’aller de l’avant coûte que coûte avec le projet de tunnel entre Québec et Lévis. Non seulement le projet est vu comme une contradiction avec l’objectif de réduction des GES, mais son gouvernement affirme qu’il se fera peu importe les conclusions des évaluations environnementales.