Léane Labrèche-Dor revit le deuil de sa maman à travers son rôle dans Les hommes de ma mère
Daniel Daignault
Léane Labrèche-Dor incarne Elsie, le personnage principal du film Les hommes de ma mère, réalisé par Anik Jean et scénarisé par Maryse Latendresse. Lorsque sa mère meurt, sa fille unique se voit confier la mission de retrouver les hommes qui ont été importants dans sa vie, ce qui l’amènera aussi à renouer avec son père. Un film magnifique dans lequel Léane défend le rôle le plus étoffé de sa carrière.
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Léane, qu’est-ce qui t’a fait craquer quand tu as lu le scénario de ce film?
Je crois que c’est l’humanité du personnage d’Elsie et du scénario. Et aussi le parcours du personnage, dans lequel je pouvais vraiment trouver des points d’ancrage. Le deuil de ma mère, c’est un événement que j’ai vécu. Je pouvais m’accrocher à cette expérience, et aussi au côté destructeur de ce personnage. Il y avait plein de petits trucs qui m’ont fait penser que je la comprenais. À ce moment, il y avait quelque chose en moi qui avait envie de faire le chemin pour la représenter et représenter la relation qu’elle avait avec ces gars-là.
Avec ce personnage, tu as été appelée à jouer de nombreuses émotions... On voit ta Elsie sous toutes ses coutures!
Oui, il y a plein d’affaires que je n’avais jamais jouées, comme l’amoureuse qui a été un peu abandonnée. En tant que comédienne, je n’ai jamais creusé les relations parents-enfants comme j’ai pu le faire dans le film. C’est aussi le cas des moments plus solitaires, plus difficiles dans le deuil. Il y avait beaucoup de beaux défis là-dedans. Ç’a été un beau luxe, parce que c’est rare qu’on ait tout ça à jouer dans un même projet.
Elsie part donc à la recherche des hommes qui ont été importants pour sa mère, joués par Benoît Gouin, Patrick Huard, Colm Feore et Marc Messier...
Chacun des acteurs qui ont embarqué dans ce processus-là a donné toute la grandeur à son personnage. Ils sont incroyables, et je ne te parle pas juste des acteurs, mais aussi des personnages. Ils leur ont donné tellement de dimensions que ça fait en sorte que celui d’Elsie est confronté à des gars complexes. J’étais vraiment impressionnée par leur tra- vail et la façon dont ils ont abordé leur personnage. La mère de mon personnage ( jouée par Anne-Marie Cadieux) a choisi ces hommes-là pour différentes raisons, et je comprends pourquoi on pourrait tomber en amour avec chacun d’entre eux. Vraiment.
Dans ton rôle d’Elsie, tu as une passion pour la photographie. C’est un point commun que tu as avec elle?
J’ai étudié en arts plastiques au cégep, j’ai un peu touché à la photo et j’aime ça. Mais aujourd’hui, tu me verrais prendre des photos avec mon iPhone et tu dirais que c’est une personne de 122 ans qui n’a aucune idée de comment ça marche! Je ne suis pas bonne, mais je trouve ça beau, la photo. Je suis capable de m’extasier devant une photo, comme je peux m’extasier devant une œuvre peinte. J’aime particulièrement les photos journalistiques qui racontent une histoire.
Tu parlais de ta mère, il y a combien de temps qu’elle est décédée?
C’était en 2005.
Est-ce qu’il y a des similitudes entre le deuil que tu as vécu et celui que vit Elsie?
Oui, il y a des points communs. On ne voit pas la relation entre Elsie et sa mère à l’écran et son décès n’est pas un punch puisqu’elle meurt au début du film. On n’a jamais de scènes des deux ensemble qui jasent autour de la table, mais on comprend que c’était une relation qui était très fusionnelle et très amoureuse. Ça, je l’ai vécu avec ma mère. Vraiment beaucoup. Il y avait ce point qui nous reliait, mon personnage et moi. Pour le deuil, parfois ça se ressemblait, et parfois non. Le deuil d’Elsie, elle le vit vraiment toute seule, et elle est obligée d’aller rejoindre ces hommes-là parce que sa mère lui a donné cette dernière indication. Je pense que si elle n’avait pas eu une relation aussi bonne et fusionnelle avec sa mère, elle aurait dit: «Je ne fais pas ça, point.» L’importance de vouloir respecter ses dernières volontés parce que sa mère et elle s’aimaient, c’est aussi une chose qui nous unit. Moi, contrairement à mon personnage, j’ai fait mon deuil en étant bien entourée. J’avais des gens qui étaient stables dans ma vie, j’avais mon père, mon frère, on a pu vivre ça en famille. Pour sa part, Elsie le vit vraiment toute seule.
Tu es mère d’un garçon. Aucun parent ne veut vivre le genre de relation qu’entretient Elsie avec son père, incarné par Patrick Huard, n’est-ce pas?
Non, personne ne veut aller là, mais ce n’est pas nous qui décidons, c’est beaucoup la vie et beaucoup l’enfant. Alors j’essaie d’être en paix. Même si je lui donne tout l’amour du monde, il va quand même m’haïr à plein de moments. J’aime mon enfant plus que tout au monde, et comme je me connais, je dois commencer tout de suite mon travail de lâcher-prise.
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Les hommes de ma mère, à l’affiche dès le 4 août.
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