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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Québec 2022: la désinformation a pris une ampleur «inquiétante»

L’influence du conspirationnisme américain a commencé à se faire sentir dans les élections québécoises

Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Photo portrait de Olivier Faucher

Olivier Faucher

2022-10-09T04:00:00Z
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La désinformation a pris une ampleur «inquiétante» durant la récente campagne électorale, notamment en raison de la multiplication des théories du complot sur le web en lien avec la politique québécoise. Au Centre pour les médias, la technologie et la démocratie de l’Université McGill, le chercheur Mathieu Lavigne a suivi le phénomène. Il estime que le fléau a pris une plus grande ampleur qu’auparavant dans les élections québécoises, même s’il était concentré au sein de certaines communautés en ligne.

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Les conservateurs croient plus à la «fraude électorale»

Près d’une personne sur deux (44 %) qui avait l’intention de voter pour le Parti conservateur du Québec (PCQ) s’attendait à ce que de la «fraude électorale» vienne influencer les résultats de l’élection, selon un sondage effectué en début de campagne.

Des pourcentages importants sont aussi observés chez les autres partis politiques, dont Québec solidaire (27 %), la Coalition Avenir Québec (26 %), le Parti libéral (25 %) et le Parti Québécois (24 %).

Plusieurs théories loufoques s’attaquant à l’intégrité du scrutin ont circulé sur le web, notamment qu’un vote au crayon de plomb permettrait aux administrateurs de changer les votes et qu’il y aurait des individus non vaccinés retirés de la liste électorale.

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Dérive autoritaire anticipée

Photo Adobe Stock
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Une part importante de la désinformation circulant dans la campagne, particulièrement au sein des cercles opposés aux mesures sanitaires, visait à alarmer la population sur une dérive autoritaire que prendrait la Coalition Avenir Québec si elle était réélue.

Si plusieurs utilisateurs spéculaient sur un possible retour des mesures sanitaires les plus strictes comme le passeport vaccinal et le confinement, d’autres ont contribué à un «climat de peur» en suggérant sans preuve que le gouvernement irait beaucoup plus loin. Certains ont avancé qu’il y aurait des camps de concentration en lien avec la COVID et qu’il y aurait la mise en place d’un système de surveillance pour pénaliser les citoyens en fonction de leurs habitudes de vie.

L’influence de Donald Trump se fait sentir

Photo AFP
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Selon le professeur en science politique à l’Université de Montréal Simon Thibault, l’ampleur qu’a eue la désinformation au courant de la campagne «est à prendre au sérieux». 

M. Thibault croit notamment que les trouvailles de M. Lavigne montrent que le Québec n’est pas immunisé contre l’influence des mensonges entourant l’élection de 2020 aux États-Unis qui selon Donald Trump a été volée.

«Avec la présidence de Trump, on voit, semble-t-il, les effets dans un contexte québécois de ces discours-là, notamment au sein des mouvances conservatrices. On est dans un contexte plus large que le Québec où il y a une politisation des médias et une polarisation plus grande des débats politiques. Il faut s’y attarder parce que c’est clair qu’on ne souhaite pas que ces phénomènes-là s’accentuent.» 

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La firme Léger prise pour cible

Les sondeurs ont rencontré beaucoup de méfiance durant cette campagne. La firme Léger a été particulièrement visée, alors qu’elle était accusée d’être biaisée contre le PCQ.

Le leader complotiste Alexis Cossette Trudel a même demandé dans une vidéo au Directeur général des élections du Québec «d’enquêter sur les liens entre la CAQ et la firme Léger», le 29 août.

Le PDG de la firme Léger, Jean-Marc Léger, soutient qu’il n’a jamais reçu autant de messages agressifs pendant une campagne électorale, notamment, selon lui, en raison des «leaders d’opinion irresponsables» qui amplifient la méfiance envers les sondages. «Jeff Filion a dit dans la dernière semaine [de campagne] que ce sont des crosseurs ceux qui disent que ça va être 14 % pour le PCQ, ce que disait mon sondage. C’est n’importe quoi.»

Difficile de distinguer le vrai du faux

Deux Québécois sur cinq ne savent pas s’ils ont été exposés à la mésinformation pendant la campagne électorale provinciale, alors qu’un sur deux affirme qu’il était difficile de distinguer l’information factuelle de la désinformation.

Avez-vous été exposé à de la désinformation en lien avec l’élection ?

Oui : 31 %

Ne sait pas : 41 %

Non : 28 %

Il est difficile de distinguer l’information factuelle de la mésinformation :

Fortement en désaccord : 5 %

Plutôt en désaccord : 25 %

Ni en accord ni en désaccord : 18 %

Plutôt d’accord : 40 %

Fortement d’accord : 8 %

- Sondage effectué auprès d’un panel web de Léger auprès de 1700 Québécois du 30 août au 15 septembre 2022 par le Centre pour les médias, la technologie et la démocratie de l’Université McGill.

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