Attention aux feux sauvages: le virus de l’herpès peut se transmettre par les aliments
Sarah-Florence Benjamin
Lorsqu’on a un feu sauvage, on sait qu’il ne faut embrasser personne ou refiler ses ustensiles. Il faudrait aussi éviter de partager de la nourriture ou des boissons, sur lesquelles le virus peut demeurer parfois pendant plus de 24 heures, révèle une étude menée par des chercheurs de l’Université Laval.
Non seulement le virus responsable des feux sauvages demeure actif sur les surfaces ou les emballages, mais aussi dans les aliments et les boissons qu’on pourrait se partager, confirme l’étude parue dans le Journal of Applied Microbiology.
Si des études antérieures s'étaient intéressées à la transmissibilité du virus Herpes simplex de type 1 sur diverses surfaces, on savait encore peu de choses sur sa transmission par l'entremise de la nourriture et des boissons.
«On a testé des matériaux qu’on retrouve beaucoup dans l’industrie alimentaire et des aliments qu’on a tendance à partager», explique Julie Jean, responsable de l’étude et professeure à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval.
Des surfaces d’acier inoxydable, d’aluminium, de plastique et de verre ont ainsi été testées dans le cadre de l'étude, en plus des aliments suivants: du fromage cheddar, des amandes tranchées, des pelures de pommes, du jus d’orange, du Coca-Cola, du café et du lait.
Sur toutes les surfaces testées, le virus de l’herpès labial demeurait intact − et donc potentiellement transmissible − au moins 24 heures après le contact. Même chose pour le fromage, les amandes et les pelures de pommes.
«Admettons que quelqu’un qui a des lésions au niveau de la bouche les touche avec ses doigts et va piger dans un bol d’amandes, le virus va demeurer sur les amandes pendant des heures», précise Julie Jean.
Le virus s’est particulièrement plu dans le café et le lait, grâce au PH moins acide de ces liquides. Au contraire, dans la boisson gazeuse de type Coca-Cola, le virus est resté actif moins longtemps.
Dans toutes les autres boissons, l’herpès est resté complet et transmissible au moins une heure. Les liquides n’ont pas été testés au-delà d’une heure suivant la contamination, pour imiter le plus possible un contexte réaliste de partage de boissons.
Si on sait que le virus demeure infectieux sur ces surfaces et aliments, d’autres recherches seront nécessaires pour déterminer s’il se transmet automatiquement à l’humain en cas de contact (et en combien de temps).
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Appel à la prudence
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 67% de la population adulte mondiale est porteuse du virus de l’herpès. Seule une petite proportion des personnes porteuses va toutefois développer des feux sauvages.
L’éclosion du virus dure généralement de sept à dix jours. La personne demeura ensuite porteuse du virus, ce qui veut dire qu’il peut ressurgir à tout moment.
L’apparition de lésions ou de vésicules (petites bulles remplies de liquide) peut être déclenchée par divers facteurs, par exemple, une exposition au soleil, de la fatigue ou encore du stress.
Puisque le liquide contenu dans les feux sauvages est particulièrement contagieux, il faut être prudent lorsqu’on a des lésions actives au visage.
Il faut éviter de partager des aliments auxquels on a touché avec sa bouche ou ses doigts, des ustensiles ou des objets d’hygiène personnelle (brosse à dents, rasoir ou serviette de bain, etc.).
Pour prévenir la propagation, il faut aussi toucher le moins possible à son feu sauvage et se laver les mains fréquemment.
Ce respect des protocoles d’hygiène est encore plus important dans l’industrie alimentaire, où le risque de contamination peut être exponentiel.