Le variant Omicron se répand sur la planète
Jérémy Bernier | Journal de Montréal
Après avoir été détecté en Afrique du Sud pour la première fois jeudi, créant un émoi à l’échelle planétaire, voilà que le variant Omicron commence déjà à se répandre un peu partout.
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Alors que le monde commençait à fermer ses portes à l’Afrique australe, des cas potentiels étaient identifiés en Belgique, en Israël et à Hong Kong. Mais des infections probables à ce nouveau variant sont maintenant aussi observées en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie et en République tchèque.
Une soixantaine de voyageurs en provenance de Johannesburg ont aussi été déclarés positif à la COVID-19, aux Pays-Bas, et sont en attente d’une confirmation du variant. Ce dernier aurait d’ailleurs probablement déjà atteint les États-Unis, selon le conseiller de la Maison-Blanche, le Dr Anthony Fauci.
Affolés par l’éventualité d’une reprise en force de la crise sanitaire, les marchés mondiaux ont chuté depuis 48 heures. Le prix de l’essence risque d’ailleurs de suivre la cadence dans les prochains jours.
Déjà au Canada ?
Selon plusieurs experts, il est fort probable qu’Omicron, décrit comme le variant le plus contagieux et pouvant potentiellement causer des réinfections, a déjà fait son chemin au Canada et même au Québec.
« L’arrivée de ce variant est absolument inévitable », selon Lionel Berthoux, spécialiste en virologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Environ 700 voyageurs qui sont arrivés au pays en provenance du sud de l’Afrique depuis deux semaines sont sommés de s’isoler et de passer un test de dépistage. Mais il est probablement trop tard, d’après le président de l’Association des microbiologistes du Québec (AMQ), Christian Jacob.
« Ce ne serait vraiment pas une surprise. Le variant s’est déjà propagé dans plusieurs pays depuis qu’on l’a découvert », souligne-t-il.
- Avec la collaboration de l’Agence QMI
► Une dizaine de pays ont affirmé avoir des cas probables du nouveau variant
- Pays-Bas : 61 cas (en attente de confirmation)
- Royaume-Uni : 2 cas
- Allemagne : 1 cas
- Belgique : 1 cas
- République tchèque : 1 cas
- Italie : 1 cas
- Israël : 1 cas
- Hong-Kong : 6 cas
- Botswana : 59 cas
- Afrique du Sud : 59 cas
Des raisons de s’inquiéter
Ce qui inquiète les autorités sanitaires, c’est le nombre particulièrement élevé de mutations du variant Omicron, qui en possède plus d’une trentaine. Plus celles-ci sont nombreuses, plus il y a de chances que le variant ait amélioré sa virulence, sa contagiosité et sa capacité à échapper au système immunitaire.
Pour l’instant, l’Organisation mondiale de la santé laisse entendre que ces deux derniers points seraient particulièrement accrus chez Omicron, par rapport aux autres variants. Des réinfections ont d’ailleurs déjà été observées.
« La première fois que j’ai lu sur ce variant, je n’y croyais pas. Trente mutations, c’est énorme », affirme le président de l’Association des microbiologistes du Québec (AMQ), Christian Jacob.
Ce qu’il craint, c’est la possibilité que ce variant puisse contourner la protection immunitaire conférée par le vaccin, qui faisait la force du Québec. Le système de santé serait donc à nouveau sous pression en attendant l’arrivée d’un nouveau vaccin
Mais aussi de ne pas s’affoler
Il n’y a toutefois pas encore lieu de s’affoler, d’après des experts qui soulignent qu’on n’est pas encore certain que l’efficacité des vaccins serait diminuée. D’ailleurs, il est aussi « peu probable » que le virus ait muté sous tous ses aspects. Ce n’est donc pas parce qu’il est plus contagieux qu’il engendrera nécessairement plus de symptômes graves.
Et dans l’éventualité où la production d’un nouveau vaccin serait nécessaire, sa production pourrait se faire « très rapidement », a affirmé hier le directeur de l’Oxford Vaccine Group, Andrew Pollard.
Un autre point rassurant est qu’il est facile de distinguer rapidement Omicron des autres variants lors des tests PCR en raison d’une mutation.
Une campagne mondiale
Plusieurs experts affirment qu’on ne pourra surmonter la pandémie tant qu’on n’aura pas vacciné l’entièreté de la planète dans une proportion élevée. Or, dans les pays plus pauvres, comme l’Afrique du Sud, seulement 24 % de la population est entièrement vaccinée. Quand la vaccination est plus faible, le virus circule plus librement. C’est à ce moment que ses chances de muter sont accrues.
« [Dans ces pays], il y a un manque de congélateurs et de personnel médical. La tâche est difficile, mais la campagne de vaccination doit être mondiale », explique le spécialiste en virologie et professeur à l’UQTR Lionel Berthoux.
Des touristes en attente
De leurs côtés, des agences de voyages indiquent qu’il y a un état de « stand-by » parmi leur clientèle. Si personne n’a encore annulé de voyage déjà prévu, plusieurs questionnent leur agence relativement aux mesures en vigueur. Avec l’arrivée du variant, plusieurs pays ont fermé partiellement leur frontière, alors que d’autres ont resserré leurs mesures. Au Royaume-Uni, on oblige l’isolement à l’arrivée au pays, en attendant les résultats d’un test PCR. « On a senti un ralentissement de la demande, les gens attendent de voir ce qu’il va se passer », explique Nicole St-Hilaire, propriétaire de Club Voyages Beauport.
Vers un autre Noël gâché ?
Depuis la fin octobre, la hausse des nouveaux cas est constante au Québec. Hier, on enregistrait 1171 nouvelles infections, soit plus de 1000 pour une deuxième journée consécutive. En ajoutant à cela les craintes liées au variant Omicron, le président de l’AMQ, Christian Jacob, a peu d’espoir de voir de nouveaux allégements au courant des prochaines semaines. Au contraire, le temps des Fêtes pourrait ressembler à celui de l’an passé, croit-il. « Si la courbe se met à progresser de façon exponentielle, on n’aura pas le choix de faire quelque chose. Le risque serait de ne rien faire », dit-il.