Le vaccin contre le zona réduit le risque d’alzheimer

Richard Béliveau
Une intéressante recherche récente rapporte que les personnes ayant reçu le nouveau vaccin contre le zona étaient 20% moins susceptibles de recevoir un diagnostic de démence dans les cinq ans suivant la vaccination par rapport à celles vaccinées contre une autre maladie.
Plusieurs études ont récemment mis en évidence un lien entre les infections virales et le risque de développer certaines maladies neurodégénératives.
Un des meilleurs exemples est la hausse très importante du risque de sclérose en plaques associée à une infection antérieure par le virus Epstein-Barr (responsable de la mononucléose) (1).
Un historique d’infection virale sévère, qui nécessite une hospitalisation, a également été associé à un risque accru de démences, incluant les démences vasculaires (causées par une obstruction des vaisseaux sanguins) et la maladie d’Alzheimer (2).
Les mécanismes en cause demeurent incompris, mais sont vraisemblablement une conséquence de la réponse inflammatoire aiguë déclenchée par les infections qui peut diffuser au niveau du cerveau et perturber le fonctionnement des neurones.
D’ailleurs, il est bien documenté qu’une augmentation des marqueurs inflammatoires dans le sang d’adultes cognitivement normaux est associée à une réduction des volumes cérébraux et des performances cognitives, ainsi qu'à un risque accru de démence des décennies plus tard (3).
Vaccin contre le zona
Le meilleur moyen d’éviter l’inflammation causée par un virus, et les conséquences neurologiques qui peuvent en découler, est évidemment d’empêcher l’infection virale à la source par la vaccination.
Au cours des dernières années, un des vaccins les plus performants à avoir vu le jour (protection supérieure à 95%) est celui contre le zona (Shingrix).
Ce vaccin neutralise le virus varicelle-zona (herpès virus humain type 3), responsable de la varicelle. Bien que cette maladie courante de l’enfance soit généralement bénigne et guérit d’elle-même en quelques semaines, le virus persiste néanmoins à l’intérieur du corps en insérant son ADN dans les cellules nerveuses des ganglions sensitifs, où il demeure dans cet état latent et inactif pendant plusieurs années (et même à vie).
Lorsque le virus se réveille plus tard, il remonte par les nerfs jusqu'à la peau pour provoquer une éruption qui s’accompagne de douleurs intenses (brûlements, élancements, sensations de chocs électriques).
Étant donné la forte proportion de la population qui sera touchée par le zona en vieillissant (une personne sur trois), on recommande fortement aux personnes âgées de 50 ans et plus de recevoir le vaccin de façon à diminuer drastiquement le risque de ces névralgies incapacitantes.
Protection supplémentaire
Une étude récente montre qu’en plus d’être très efficace pour empêcher le développement du zona, ce vaccin pourrait également réduire substantiellement le risque de démence (4).
Des chercheurs du Royaume-Uni ont examiné les dossiers médicaux de centaines de milliers de personnes couvrant une période de six ans et ont observé que celles qui avaient reçu le vaccin Shingrix étaient de 23 à 27% moins susceptibles de développer une démence par rapport aux personnes qui avaient reçu des vaccins contre d'autres maladies.
Cette protection par le vaccin est également plus prononcée que chez les personnes qui avaient reçu une version plus ancienne du vaccin contre le zona (Zostavax), moins efficace pour prévenir la maladie avec une protection de 70% chez les personnes de 50 à 59 ans et de seulement 18% chez celles de 80 ans et plus.
En comparant un groupe de personnes vaccinées par le Zostavax entre 2014 et 2017 et un autre groupe ayant reçu le Shingrix entre 2017 et 2020, les chercheurs ont noté une diminution du risque de démence de 17% chez les personnes ayant reçu le vaccin le plus récent.
Un autre succès inattendu à ajouter au palmarès remarquable de la vaccination, sans contredit l’une des plus grandes révolutions scientifiques de l’histoire de l’humanité.
(1) Bjornevik K et coll. Longitudinal analysis reveals high prevalence of Epstein-Barr virus associated with multiple sclerosis. Science 2022; 375: 296-301.
(2) Sipilä PN et coll. Hospital-treated infectious diseases and the risk of dementia: a large, multicohort, observational study with a replication cohort. Lancet Infect. Dis. 2021; 21: 1557–1567.
(3) Walker KA et coll. Systemic inflammation during midlife and cognitive change over 20 years: the ARIC Study. Neurology 2019; 92: e1256–e1267.
(4) Taquet M et coll. The recombinant shingles vaccine is associated with lower risk of dementia. Nature Medicine, publié le 25 juillet 2024.