«C’est un rêve de jouer sur le même trio que lui»
Louis-André Larivière
Rem Pitlick est sans contredit l’une des belles histoires de la saison des Canadiens de Montréal. Cueilli au ballottage en janvier dernier, l’ailier gauche américain est employé sur les deux premiers trios et sur les unités spéciales.
Acquis dans la transaction impliquant Tyler Toffoli, le cousin de Pitlick, Tyler, s’est amené dans la métropole québécoise deux mois plus tard. C’est certes un drôle de hasard que ces deux patineurs d’une même famille se retrouvent au sein de la même équipe. Le repêchage de 2019 y est-il pour quelque chose?
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Lors de ce cru - la cuvée des Cole Caufield, Jayden Struble, Mattias Norlinder et Rafael Harvey-Pinard -, les éclaireurs du Tricolore ont convaincu les décideurs de sélectionner avec un de leurs trois choix de cinquième tour un attaquant de l’école secondaire Chaska, au Minnesota, que l’ancien expert du recrutement de l’organisation, Trevor Timmins, a vaguement comparé à Jake Guentzel.
Son nom : Rhett Pitlick, espoir ambitieux et téléspectateur assidu.
«Quand je regarde mon frère à la télévision, à travers les yeux d’un petit-frère, c’est un rêve de jouer sur le même trio que lui et de produire des points. Ça suscite l’enthousiasme et mon vœu est d’y parvenir», a confié l’ailier de 21 ans lors d’un entretien avec le TVASports.ca au cours de la dernière semaine, depuis le domicile familial au Minnesota.
«Mes parents et grands-parents sont enjoués de voir mon frère et mon cousin faire partie de la même équipe. J’espère qu’on pourra le vivre tous les trois. C’est certainement emballant.»
Un saut «difficile» en NCAA
De quatre ans le cadet de Rem, Rhett venait de donner ses premiers coups de patin dans l’USHL, avec les Lancers d’Omaha, lorsqu’il est devenu le 131e hockeyeur à trouver preneur au repêchage de 2019. Avec l’ancien club de Louis Leblanc, que le CH a recruté au premier tour 10 ans plus tôt, le jeune homme a démontré qu’il pouvait s’imposer à l’attaque dans ce circuit.
Avec le Storm de Tri-City, où il a terminé la campagne 2020-2021, le jeune Pitlick a récolté 20 points en 26 matchs avant de suivre les traces du frangin et leur père, Lance, en se joignant à l’Université du Minnesota l’automne dernier. À sa première année avec les Gophers, il a atteint le prestigieux Final Four de la NCAA.
«C’était une expérience incroyablel. C’était sans doute un saut important pour moi, mais la saison a été difficile par moments», admet-il.
Dans sa flatteuse allusion à Guentzel, Timmins parlait d’un joueur «très rapide, muni d’un bon tir et qui joue rapidement». Si les statistiques de sa campagne recrue (ou «Freshman» dans les rangs universitaires américains) ne sont en rien stupéfiantes, Pitlick offre une explication légitime avec le recul.
«Je me suis blessé au début, puis au milieu de la saison et ça m’a mis dans une situation plus difficile, confie-t-il. Ce n’était pas à mon avantage, mais j’ai progressé vers la fin de l’année. Même si je n’ai pas connu un départ-canon, j’ai bien conclu l’année.»
Pitlick a tout de même amassé 18 points en 30 joutes et, n’eut été du retard qu’il a dû combler sur le plan de la forme en raison des blessures, il croit qu’il aurait pu faire mieux.
Il entend prendre les bouchées doubles avec son frère en gymnase, l’été prochain, afin «de demeurer en santé, faire preuve de constance et rester dans la formation». D'ailleurs, il lui rendra bientôt visite, lorsque les classes seront levées pour la saison estivale.
D'après ses dires, il pourra s'entendre avec les Canadiens dans un an ou choisir de retourner au Minnesota. D'ici là, il entend en mettre plein la vue dans la NCAA.
«Je veux être le joueur que je crois pouvoir devenir», prévient-il, clarifiant son propos un peu plus tard dans l’entretien :
«Je veux connaître une saison extraordinaire. Je veux être un joueur collégial de premier plan.»
De bons mots en provenance de Montréal
Au-delà du fait que son frère joue pour l’organisation qui détient ses droits, le climat montréalais qu’il lui décrit est prometteur. Changement de garde, nouveau directeur du développement hockey, un entraîneur-chef aux ardeurs de champion... Rem ne lui rapporte que de belles choses dans le giron du Bleu-blanc rouge.
«Mon frère et mon cousin me disent que les changements sont pour le mieux là-bas. Rem trouve tellement que Martin St-Louis est un bon entraîneur. Il est un membre du Temple de la renommée et il a une énorme influence sur les joueurs. C’est bon pour leur développement.»
Rhett Pitlick dit ne pas avoir été en contact avec Jeff Gorton et Kent Hughes depuis leurs embauches respectives. Son contact direct chez le CH, c’est le directeur du développement des joueurs du Tricolore, Rob Ramage, qu’il qualifie «d’homme fantastique».
«Je lui parle assez souvent. C’est bien qu’il prenne de mes nouvelles. On reçoit des courriels qui portent sur l’entraînement et la nutrition.
«J’adore lui parler. Il a acquis beaucoup de sagesse au cours de sa carrière et il peut partager son bagage avec nous. Il peut m’aider à gravir les échelons.»
Frozen Four et «rivalité» avec le cousin
Au Frozen Four, les Gophers avaient rendez-vous avec Minnesota State en demi-finale. L’an dernier, les Mavericks avaient mis fin à leur parcours en quarts de finale - le tour qui donne accès au carré d’as de la NCAA - et ils espéraient prendre leur revanche pour atteindre la finale.
«C’était un match laborieux. Leur formation comporte une moyenne d’âge de 22 ou 23 ans et ils comptaient sur des joueurs de 25 et 26 ans, donc ils ont tiré profit de leur expérience, raconte-t-il.
«Nous formions une équipe plutôt jeune. Nous n’avons pas leur expérience. À la fin, c’est ce qui a pesé dans la balance.»
Ironiquement, si les frères et le père ont tous porté les couleurs des Gophers, Tyler a pour sa part joué un an avec les Mavericks en 2009-2010, l’année de son repêchage.
«Il y avait peut-être un peu de rivalité entre nous, lance Rhett Pitlick à la blague. Au fond, il souhaite que je connaisse du succès.»
Lance Pitlick a évolué avec l’Université du Minnesota 35 ans avant Rhett. Le défenseur préparait une carrière professionnelle qui allait l’amener avec les Sénateurs d’Ottawa et les Panthers de la Floride.
C’est aussi dans les murs de cette institution qu’il a rencontré Lisa Wittmer, celle qui allait devenir son épouse et la mère de ses enfants.
«Ma mère était gymnaste avec l’équipe féminine de l’université. Les athlètes en gymnastique et les joueurs de hockey partageaient la même salle d’entraînement à l’époque! Voilà où leur histoire d’amour a commencé.»