Le troisième lien échoue au «test climat» d’Équiterre
Andrea Lubeck
Le troisième lien, dans son état actuel, est incompatible avec les objectifs de lutte contre la crise climatique du Québec, selon un rapport publié mercredi par Équiterre et le Pôle intégré de recherche — Environnement, Santé et Société (PIRESS).
• À lire aussi: Les arguments en faveur du 3e lien tiennent-ils la route?
• À lire aussi: «Lâchez-moi avec les GES»: pourquoi on ne peut pas ignorer les GES quand on parle du 3e lien
Sous forme de «test climat», les résultats de l’analyse, qui évalue la compatibilité du projet selon quatre critères, sont sans équivoque: le troisième lien échoue en obtenant la note de 24 sur 75, soit 32%.
«Il y a un consensus scientifique sur le fait que des projets comme le troisième lien entre Lévis et Québec n’ont pas leur place dans une société qui s’attaque sérieusement à la crise climatique et environnementale. Connaissant tous les impacts potentiels de l’accroissement de la capacité routière, il est déplorable qu’on continue de faire fi de la science et mettre de l’avant de tels projets», a déclaré Andréanne Brazeau, analyste politique en mobilité chez Équiterre et auteure de l’étude.
Le projet a été jugé «peu compatible» pour chacun des quatre critères évalués: l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’empreinte environnementale (note de 33%), l’adaptation et la résilience (17%), la justice sociale et autres cobénéfices (39%), ainsi que la saine gouvernance (22%).
Perte d’habitats naturels et de territoires agricoles
Selon le rapport, le troisième lien entraînerait l’intensification de l’étalement urbain, particulièrement à Lévis.
Autrement dit, on verrait «une perte d’habitats naturels et de territoires agricoles accrue, menaçant la résilience du Québec».
• À lire aussi: Bilan de la CAQ en lutte aux changements climatiques: «Il y a eu des efforts, mais c’est nettement insuffisant»
De plus, l’augmentation de la capacité routière, qui mènerait à une hausse du nombre de véhicules sur les routes, crée un cercle vicieux où il faudra accorder toujours plus d’espace aux véhicules (stationnements, routes, etc.).
Maintient la dépendance à la voiture
Le rapport souligne également que ce type de projet ne fait que maintenir le statu quo en matière de dépendance au véhicule individuel, puisque les voies consacrées au transport collectif ont été éliminées de la nouvelle mouture du troisième lien, présentée au printemps 2022.
Le troisième lien augmenterait également l’utilisation de la voiture, ce qui hausserait les GES et compromettrait ainsi l’atteinte des cibles climatiques de réduction des émissions et de carboneutralité du Québec, indique l’auteure.