Publicité
L'article provient de 24 heures

Le test VPH remplacera le test Pap et c’est une bonne nouvelle

KMPZZZ - stock.adobe.com
Partager
Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2023-10-06T11:00:00Z
Partager

Le test VPH, beaucoup plus précis que le populaire test Pap, sera déployé dans une région du Québec dès novembre pour le dépistage du cancer du col de l’utérus. Cette nouvelle survient alors que des voix s’élèvent pour que le vaccin contre le virus du papillome humain soit couvert par la RAMQ après l’âge de 18 ans.  

«La transition au test VPH va se faire dans la prochaine année et dès le mois prochain dans une région du Québec», confirme la gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Fleurimont du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) Josianne Paré, qui ne peut pas dévoiler le lieu exact.   

• À lire aussi: La détresse sexuelle derrière le trouble de la douleur génito-pelvienne

• À lire aussi: Le «caca des règles» ou comment le système digestif réagit au cycle menstruel

«On va prioriser les régions où il y a des retards dans la lecture des résultats de tests Pap», précise néanmoins la Dre Paré, qui est également porte-parole du dossier au nom de l’Association des obstétriciens gynécologues du Québec (AOGQ). 

L’Outaouais et Chaudière-Appalaches sont les régions où les délais sont les plus importants, rapportait un article paru en février dans les médias des Coopératives de l'information. 

Dans ces régions, il faut patienter plus de sept mois pour obtenir les résultats à des tests de dépistage de routine du cancer du col de l’utérus. La cible ministérielle est fixée à 60 jours. 

Publicité

La vaste majorité des cancers du col de l’utérus sont causés par le virus du papillome humain transmis sexuellement ou par contact direct avec les muqueuses infectées.  

Au Québec, ce cancer se classe au troisième rang des cancers les plus fréquents chez les femmes de 25 à 44 ans. Chaque année, près de 300 personnes apprennent qu’elles en sont atteintes. Plus du quart en mourront. 

Un test attendu depuis longtemps 

Changer un programme de dépistage provincial n’est pas une mince tâche, prévient la Dre Paré. 

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, avait annoncé en mai 2022 que le test VPH serait offert à toutes les femmes à partir de l’âge de 25 ans. Un avis de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) recommandait la transition depuis janvier de la même année. 

«Les médecins attendent ce changement depuis plusieurs années», a indiqué par courriel la directrice du département d'obstétrique-gynécologie de l’Université de Montréal, la Dre Marie-Hélène Mayrand, qui a contribué à l’avis de l’INESSS. 

Le test VPH est déjà utilisé dans plusieurs pays, dont l'Australie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Finlande. 

«La transition va s’amorcer territoire par territoire puisqu’il y a des enjeux d’organisation», précise Josianne Paré.  

Mais elle assure que l’attente en vaut la peine. «Le test VPH est 40% plus sensible que le test Pap et génère seulement 2% de plus de faux-positif. On peut aussi le passer seulement une fois tous les cinq ans.» 

Un problème d’accessibilité 

Pour l’heure, les femmes âgées de 21 à 65 ans peuvent passer un test Pap tous les deux ou trois ans au Québec. Une prescription est toutefois nécessaire pour y avoir accès. 

Publicité

Quelles sont donc les options pour les personnes sans médecin de famille ni gynécologue? 

«C’est une bonne question», affirme le gynécologue-obstétricien au CHUL de Québec, Mathieu Leboeuf. 

«Si on croulait sous les gynécologues dans la province, on ferait tous les tests Pap volontiers. Mais si les gynécologues passaient leur journée à faire du dépistage cervical, les cas complexes ou les dépistages anormaux ne pourraient pas être faits aussi rapidement», nuance-t-il. 

Il estime que le dépistage du cancer du col de l’utérus devrait être plus accessible. 

«Il faut augmenter le nombre d’infirmières et de médecins de famille qui effectuent ces tests», suggère le Dr Leboeuf. 

«Il y a du sexisme sous-jacent, ajoute-t-il. Comme spécialiste de la santé des femmes, je peux dire que ce n’est pas une priorité par rapport à d’autres choses. On pourrait vraiment faire mieux.» 

Des tests Pap sans prescription sont offerts dans les cliniques universitaires, les cégeps, les cliniques de planification des naissances, de santé des femmes et dans quelques CLSC, liste Josianne Paré. 

«Mais encore faut-il le savoir», admet-elle. 

La vaccination gratuite demandée 

Outre le dépistage rapide, la vaccination est le seul moyen de prévenir les complications liées au VPH.  

Une seule injection du vaccin, le Gardasil, coûte près de 220$. Deux doses sont nécessaires pour les personnes qui ont un système immunitaire compétent, et trois pour celles immunosupprimées. 

AFP
AFP

«On parle d’une vaccination qui frôle les 500$. C’est énorme! Ce n’est certainement pas tout le monde qui peut se permettre ça», regrette la Dre Paré, qui juge que le médicament devrait être entièrement couvert par la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ). 

Gardasil est actuellement offert aux élèves de 4e année. Il peut y avoir un rattrapage jusqu’à 18 ans. Mais une fois à l’âge adulte, il faudra payer. 

Publicité
Publicité