Le temps semble passer trop vite depuis 2 ans? On vous explique pourquoi
Andrea Lubeck
Vous vous souvenez de ce navire, l’Ever Given, qui avait bloqué le canal de Suez en Égypte? Ou encore de l'assaut du Capitole à Washington? Ces événements qui, pour certains, semblent lointains se sont pourtant déroulés dans les 12 derniers mois. On vous explique pourquoi plusieurs ont l’impression que le temps passe à une vitesse folle, particulièrement depuis le début de la pandémie.
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Petit rappel, la saga de l’Ever Given s’est déroulée à la fin mars 2021, alors qu’on a marqué le premier anniversaire de l’insurrection au Capitole américain le 6 janvier dernier.
Si vous n’en revenez toujours pas que ces épisodes se soient passés il y a quelques mois, sachez que tout est une question de temps psychologique, soutient Simon Grondin, professeur à l’École de psychologie de l’Université Laval. En gros, c’est l’aspect subjectif du temps, notre impression des heures, des jours et des mois qui passent.
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Plus spécifiquement, il est question ici du temps rétrospectif, soit le calcul du temps que l’on doit faire en se fiant à notre mémoire.
«Ce que l’on sait, c’est que plus il y a eu d’événements et de changements dans les choses que vous avez eu à faire, plus ça va avoir l’air long», explique M. Grondin.
L’actualité foisonnante, donc, joue un rôle important dans ce phénomène.
La pandémie en partie en cause
Ce qui nous amène à la pandémie. Si elle n’est pas l’unique cause de notre rapport détraqué au temps, elle s’avère un facteur qui l’accentue. En ajoutant les nouvelles quotidiennes liées à la COVID-19 — et on sait qu’il y en a beaucoup! — aux événements qui se seraient déroulés en temps normal, beaucoup de choses se passent.
En à peine quelques mois, le Canadien de Montréal a accédé à la finale de la Coupe Stanley pour la première fois en 28 ans, deux campagnes électorales ont eu lieu, alors que l’arrivée du variant Omicron a pris la province (et le monde) d’assaut, forçant Québec à imposer de nouvelles restrictions et un couvre-feu. Tout ça, entrecoupé du temps des Fêtes.
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«On a une année remplie d’événements qui donnent l’impression que les choses importantes sont tellement loin, parce qu’il y a eu d’autres choses importantes qui se sont passées par après», expose Simon Grondin.
Incertitude temporelle
Mais la pandémie a aussi apporté une incertitude temporelle particulière qui est venue affecter notre rapport au temps. Le 13 mars 2020, on nous disait que le confinement durerait seulement deux semaines. Mais rapidement, on s’est rendu compte que la fin de cette période n’était pas si claire.
«Il n’y a rien de mieux pour venir tripoter dans notre tête à propos du temps que l’incertitude. Quand on sait que la session prend fin en avril, on peut s’aligner là-dessus. Avec la pandémie, les repères temporels ont complètement sauté. On ne sait plus sur quelle date s’aligner», illustre le psychologue.
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C’est aussi pour ça que les premiers mois de 2020 nous ont paru plus longs. Les repères temporels que l’on s’était fixés – notre routine, en gros – ont complètement été chamboulés, que ce soit à cause de la fermeture des écoles ou parce que de nombreux Québécois ont perdu leur emploi du jour au lendemain.
«Au début de la pandémie, c’était un peu comme durant le temps des Fêtes: on ne savait pas trop quel jour on était, parce que les choses auxquelles on pouvait se fier qui arrivaient dans le temps n’existaient plus», avance Simon Grondin.
Maintenant, c’est moins le cas, parce qu’on a un plus grand répertoire de nouveaux repères nous permettant de nous retrouver dans le temps après deux ans de pandémie. Reste qu’une incertitude plane toujours en lien avec la situation sanitaire, ce qui affecte notre perception du temps, conclut le psychologue.