Le temps des célébrations
Ron Fournier se souvient du joueur, mais surtout de l’homme
Jonathan Bernier
Ron Fournier a annoncé sa retraite des ondes le 8 septembre 2020. Pourtant, dimanche dans la salle de presse du Centre Bell, c’est comme s’il ne s’était jamais séparé de son micro.
Rendant hommage à Guy Lafleur, devant la vingtaine de journalistes présents, il avait des airs d’Yvon Deschamps, debout sur le podium où s’étaient succédé avant lui le premier ministre François Legault, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, de même qu’Yvon Lambert et Réjean Houle, deux anciens coéquipiers du Démon blond.
Voyez ci-dessus le témoignage de Ron Fournier.
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Avant de lui-même se recueillir devant la dépouille de Lafleur, l’ancien arbitre de la LNH a pris soin d’aller faire un tour à l’extérieur, histoire de s’imprégner des émotions du public venu rendre un dernier hommage à celui qui les a fait vibrer dans l’uniforme du Canadien pendant un peu plus de 13 saisons.
« C’est une belle journée ensoleillée. Comme si c’était écrit à l’avance qu’on allait célébrer, tous ensemble, le grand Québec, un autre grand moment. Car c’est bien ce que c’est : un moment de célébration », a indiqué Fournier, faisant le parallèle avec les chapelles ardentes de Maurice Richard et de Jean Béliveau.
Plus grand que Leclerc et Lévesque
Fournier a alors décrit le style de Lafleur, son coup de patin fluide, ses cheveux battants au vent et son tir foudroyant. « Quand il passait devant moi, j’avais plus tendance à le regarder aller qu’à caller des punitions. Un peu comme ce fut le cas avec Wayne Gretzky dans les années suivantes. »
Toutefois, selon celui qui fut à la barre de l’émission Bonsoir les sportifs pendant 33 ans, la grandeur de Lafleur se mesure davantage à ce qu’il a fait une fois ses patins accrochés pour de bon.
« Il a assurément fait beaucoup plus que n’importe quel personnage, que ce soit Félix Leclerc, René Lévesque, le Rocket ou M. Béliveau », a-t-il soutenu.
« Ce sont tous des hommes qui nous ont touchés par leur humilité, leur simplicité, et la façon dont ils se sont comportés. Ils ont dominé à leur façon et ont été près du peuple, a énuméré Fournier. Il y a une aura autour de ces gens-là. Juste de les voir, tu as des frissons et tu le racontes à tout le monde. »
Et qu’est-ce qui différencie le meilleur pointeur de l’histoire du Canadien des autres monuments énoncés plus haut ?
« Pas une personne n’a signé autant d’autographes que Guy Lafleur au Québec. Il a touché les gens humblement. Il était toujours disponible. Avec lui, il n’y avait jamais de presse. Ce n’est pas tout le monde qui est comme ça. Ce qu’il a fait après sa carrière, personne n’a réussi à égaler ça », a-t-il insisté.
Comme un membre de la famille
Le nombre de photographies qui ont inondé les réseaux sociaux à la suite de l’annonce du décès de l’idole de tout un peuple démontre, effectivement, à quel point il était généreux de son temps.
« Il prenait toujours le temps qu’il fallait pour que les papas soient fiers de se faire prendre en photos avec lui et que leurs enfants puissent dire, un jour, qu’ils avaient rencontré Guy Lafleur. »
Ce n’est pas surprenant que plusieurs générations de partisans se soient déplacées au Centre Bell. Même ceux qui ne l’ont jamais vu jouer.
« C’est difficile, mais c’est une belle célébration. Ça démontre que le Québec est un pays extraordinaire. Le hockey nous rassemble et c’est comme si un membre de notre famille venait de nous quitter pour toujours. Il y a un grand vide. Mais, on peut tous se dire : “Wow, on a eu la chance de rencontrer une merveille.” »