«Le téléphone ne dérougit pas»: les courtiers en douane débordés d’appels depuis l’entrée en vigueur des tarifs
Marie-Laurence Delainey
Des centaines d’entreprises au Québec dépassées par la complexité et le changement des règles de la guerre tarifaire inondent d’appels les courtiers en douane.
«La charge administrative est beaucoup plus lourde, on a beaucoup de demandes de consultations», résume le directeur général de l’entreprise Courtage BGL, Nicolas Barrière.
Le rôle des courtiers en douane est entre autres d’accompagner les entreprises dans le dédouanement de leur marchandise. Depuis l’application des tarifs, ils sont encore plus sollicités.

«Avant que les tarifs soient en place, les importateurs se souciaient peu du code de classification, beaucoup d’entre eux étaient avec le libre-échange, ils ne payaient pas de droits de douane, maintenant que les tarifs sont applicables, ils se demandent plus s’ils utilisent le bon code: “Est-ce que je dois payer des taxes ou pas?”», explique M. Barrière.
Payer sa juste part
En réponse aux tarifs douaniers américains, le Canada a imposé des contre-tarifs sur des marchandises américaines. Chaque produit au Canada destiné à l’importation est associé à un code de classification spécifique qui peut être lié à une taxe.
Les entreprises contactent les courtiers pour s’assurer que leur marchandise est catégorisée correctement et qu’elles paieront donc leur juste part.
«Le jus Tropicana, par exemple, c’est simple de trouver le code de classification. Mais quand on parle de marchandise à plusieurs composantes, des produits comme de l’équipement médical spécialisé, des technologies de pointe ou encore des produits non finis ou semi-transformés, ils sont généralement plus difficiles à classifier», précise M. Barrière.
Les courtiers aident non seulement les entreprises à déterminer si leurs produits sont taxés ou surtaxés, si oui, à quel taux, et font le calcul pour elles.
«Le téléphone ne dérougit pas. Les clients ont beaucoup de questions pour s’assurer qu’ils sont conformes. [...] On prend le prix à payer par l’importateur, s’il y a des escomptes, est-ce que les coûts de transport sont inclus, tout ça peut être déduit, pour réduire la valeur des marchandises à l’importation. On va toujours convertir les devises étrangères en dollars canadiens», décrit Yves Lacelle, conseiller stratégique au développement des affaires pour l’entreprise de courtage en douane W2C.

«Difficile à suivre»
Un des clients de M. Lacelle admet qu’il aurait eu du mal à naviguer parmi les règles sans l’aide d’un courtier. Son entreprise, Satau, qui se spécialise dans l’alimentation naturelle, distribue près de 4000 produits dont la majorité vient du Québec et du Canada. Une minorité vient des États-Unis et est donc assujettie à des contre-tarifs.
«L’annonce, le retrait, le report, notre quantité d’inventaire, combien faut-il en acheter ? C’est très, très difficile à suivre», explique le co-directeur général de Satau, Matthieu Perpignani.
Une fois que le calcul est fait par le courtier en douane et la transaction complétée, l’entreprise importatrice devra ensuite verser la somme au receveur général, c’est-à-dire le gouvernement canadien.