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5 raisons pour lesquelles il faut se soucier de l’état du système de santé

Illustration Pauline Stive
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Photo portrait de Gabriel  Ouimet

Gabriel Ouimet

2022-02-24T12:15:00Z
2022-03-16T13:51:36Z
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À quelle qualité de soins vos parents auront-ils droit? Dans 20 ou 30 ans, de quoi aura l'air votre parcours dans le réseau de la santé si vous tombez malade? Alors que le gouvernement Legault s’apprête à présenter son projet de réforme du système de la santé, ce sont des questions majeures auxquelles il faut s'intéresser. L’état du réseau de la santé aura effectivement un impact important sur nos vies, surtout avec le vieillissement de la population et la crise climatique qui s'intensifie. 

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Voici cinq raisons pour lesquelles l’état du système de santé, ça nous concerne tous. 

1 - Parce que nos parents pourraient écoper   

Ce n’est plus un secret pour personne: la population du Québec vieillit. Et notre système de santé n’est pas prêt à accueillir toutes ces personnes âgées, prévient Anne Plourde, chercheuse à l’institut de recherche et d’informations scientifiques (IRIS).  

«La vieillesse va agir comme un choc sur les hôpitaux, les résidences privées pour personnes aînées, les CHSLD, et on gère mal les chocs. Pendant la pandémie, on a même vu des scénarios où on n’était pas capable de nourrir, laver, de changer de couches ou d’hydrater correctement ces aînés», alerte-t-elle.  

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Selon l’Institut de la statistique du Québec, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus passera d’environ 1,7 million à 2,5 millions en 2041. La part de citoyens âgés de plus de 85 ans va doubler pendant la même période, pour atteindre 555 429 personnes.  

Le poids de ce vieillissement sera particulièrement lourd à porter.  

On n’a qu’à penser à l’Alzheimer et aux autres maladies qui provoquent une perte importante d’autonomie. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) prévoit que «presque un baby-boomer sur cinq» souffrira d’une telle maladie dans sa vie.   

Photo iStockphoto
Photo iStockphoto

Le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus atteintes de ces maladies est d’ailleurs déjà en hausse. Ils étaient 120 000 en 2015 et ils seront plus de 200 000 en 2030, selon la projection de l’INSPQ. 

2 - Parce qu'on risque de devoir payer pour se faire soigner  

Quand quelque chose va mal au public, «ça donne des munitions» au privé, qui devient de plus en plus attrayant pour ceux qui ont les moyens de se le permettre, note Anne Plourde.  

Et comme la place du privé ne cesse de grandir depuis les années 80, on risque de se retrouver dans un système à deux vitesses, prévient-elle. Ça voudrait donc dire que vous payerez plus, pour moins. Cette semaine, le premier ministre François Legault a d'ailleurs prévenu que 20% des solutions que son gouvernement proposera pour réformer le réseau de la santé «passent par le privé». 

«Nous allons continuer à payer de l’impôt, mais en plus, il faudra payer directement de notre poche pour avoir accès à certains soins au privé», prévient la chercheuse. 

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«Les gens en moyens pourraient avoir recours au privé et ceux qui vont écoper, ce sont les moins nantis, les plus vulnérables, puisque les solutions ne passeraient plus seulement par le public.»  

3 - Parce que la crise climatique, c’est une crise de santé publique  

Canicules, pollution atmosphérique, événements météorologiques extrêmes: les bouleversements climatiques sont maintenant la principale menace à la santé humaine, prévient l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Déjà, un décès sur quatre dans le monde est lié à l’environnement.  

Au Québec, l’INSPQ estime que c’est plus de 20 000 personnes qui mourront de chaleur extrême d’ici 2050. Les maladies cardiaques et pulmonaires liées à la pollution de l’air augmenteront aussi, sans compter les besoins urgents qui pourraient émerger de catastrophes comme des inondations, des tornades ou des ouragans.   

Photo Martin Alarie
Photo Martin Alarie

«Ça va mettre une pression gigantesque sur notre système de santé, puisqu’il n’est pas du tout équipé pour faire face à ce genre de crise là. C’est fascinant: tout le monde s’entend là-dessus, mais on ne fait absolument pas ce qu’il faut pour s’y préparer», dénonce Anne Plourde.  

4 - Parce qu’il va y avoir d’autres pandémies  

Il faut absolument apprendre des erreurs commises pendant la crise actuelle et mieux préparer le système de santé à l’avenir, parce qu’une chose est claire: cette pandémie ne sera pas la dernière.  

«Il y a un nombre phénoménal de virus dans le monde et on est loin de tous les connaître, donc il n’y a aucun doute qu’il y aura d’autres pandémies La question, c’est de savoir quand», soutient le virologue Benoît Barbeau.   

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Joël Lemay / Agence QMI
Joël Lemay / Agence QMI

C’est que le contexte actuel fait en sorte qu’un nombre grandissant de ces virus sont capables de franchir la barrière des espèces, poursuit-il. 

«La déforestation fait en sorte que nous sommes de plus en plus en contact avec des animaux qui peuvent nous transmettre des virus, comme la chauve-souris. Ensuite, le réchauffement climatique fait en sorte que des virus transmis par des insectes deviennent plus capables d’infecter les populations», explique-t-il.  

5- Parce que ça va vous coûter de plus en plus cher  

Pour toutes ces raisons, le système de santé devrait vous coûter beaucoup plus cher qu’en ce moment. Et c’est déjà commencé. Les coûts en santé n’ont cessé d’augmenter depuis 17 ans, selon les données provenant du ministère des Finances. Ils sont passés de 22 milliards $ en 2004 à un peu plus de 45 milliards en 2020, ce qui équivaut à 43% du budget du Québec totalisant 107 milliards $. 

C’est aussi une moyenne de 5232$ par Québécois par année.  

Comme il est très peu probable que la population accepte de voir le système se détériorer, Maude Laberge, professeure en économie de la santé à l’Université Laval, croit que les gouvernements vont continuer à injecter toujours plus d’argent en santé.  

Photo d'Archives
Photo d'Archives

«Ça va coûter plus cher, parce que la demande en santé va aller en augmentant. Non seulement parce que la population vieillit, mais aussi parce qu’on va un jour soigner des maladies qu’on n’est pas capable de soigner actuellement. En général, les nouvelles technologies et les nouveaux médicaments qui nous permettent de le faire coûtent très cher.» 

Selon ses dernières projections sur les dépenses en santé du gouvernement publiées en 2013, le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) estime que ce montant va augmenter à 61,1 milliards $ en 2030. Comme l’Institut de la statistique du Québec projette une population de 9 millions de personnes au Québec à ce moment, les dépenses seront annuellement de 6777$ par personne en moyenne.  

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