Le Sri Lanka veut encore renforcer son opération de répression antidrogue
Agence France Presse
La police sri lankaise a annoncé dimanche qu’elle allait plus que doubler le nombre des arrestations dans le cadre d’une vaste opération antidrogue en cours, condamnée par les Nations unies, qui s’est déjà traduite par la mise en détention de dizaines de milliers de suspects.
Au moins 30 000 personnes ont été arrêtées depuis le début de l’opération policière baptisée «Yuktiya» ou «Justice», en décembre.
La police a annoncé dimanche qu’elle lançait une nouvelle phase, visant l’arrestation de plus de 42 000 suspects supplémentaires.
«Tous les commissariats doivent travailler 24 heures sur 24 au cours du mois prochain pour arrêter 42 248 suspects et les traduire en justice», a indiqué la police dans un communiqué.
Cette décision intervient deux jours après des critiques de l’agence des droits de l’homme des Nations unies envers cette opération, suite à des allégations de perquisitions non autorisées, d’arrestations et de détentions arbitraires, de mauvais traitements, de fouilles à nu en public et de torture.
Volker Turk, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, a exhorté le gouvernement du Sri Lanka à revoir l’opération et à privilégier une approche fondée sur les droits de l’homme pour lutter contre les drogues illicites.
«Les forces de sécurité auraient mené des raids sans mandat de perquisition, arrêtant des vendeurs et consommateurs présumés de drogue, et des centaines de ces personnes auraient été envoyées dans des centres de réhabilitation gérés par l’armée», a déclaré vendredi une porte-parole de M. Turk.
La porte-parole du Haut-Commissaire a indiqué que les avocats défendant les suspects détenus avaient été victimes d’intimidations de la part des policiers.
Les autorités soulignent que l’île de l’océan Indien est utilisée comme point de transit pour le trafic de drogue.
Près de 800 kg de stupéfiants, dont 340 kg de cannabis et 70 kg d’héroïne, ont été saisis dans le cadre de cette opération, selon la police.
La militante des droits de l’homme Ambika Satkunanathan dénonce de son côté des perquisitions qui ne sont pas fondées sur des preuves mais qui ciblent «uniquement les zones pauvres» sans s’attaquer aux grands trafiquants.
Le 31 décembre, un policier avait été tué et un autre grièvement blessé lors d’une opération antidrogue menée dans un hôtel dans le cadre de l’opération «Yuktiya», selon la police.