Le détecteur de mensonges: Zelensky est un dictateur et l’Ukraine a commencé la guerre, selon Donald Trump


Gabriel Ouimet
VÉRIF − Donald Trump a enchaîné les faussetés sur la guerre en Ukraine cette semaine, reprenant au passage plusieurs éléments de la propagande russe. Le républicain a d’abord dit que le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait l’appui de seulement 4% de sa population, avant de le traiter de «dictateur». Il a ensuite reproché à l’Ukraine d’avoir «commencé» les hostilités avec la Russie. Tout est faux.

Un peu de contexte
Le 12 février, Donald Trump et Vladimir Poutine ont eu une discussion téléphonique de 90 minutes, mettant fin aux efforts déployés par l’administration Biden pendant trois ans pour isoler la Russie.
Mardi, soit une semaine plus tard, les États-Unis et la Russie ont entamé des pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. Le gouvernement ukrainien, tout comme ceux des pays européens, a été exclu des discussions qui se tiennent à Riyad en Arabie Saoudite.
Parallèlement, des hauts placés américains et russes se sont rencontrés pour discuter de la reprise des relations diplomatiques et commerciales entre les deux pays.
Ces rapprochements, combinés aux attaques de Donald Trump envers le président ukrainien, font craindre que Washington ne privilégie ses ambitions économiques au détriment de la sécurité de l’Europe.

Mensonge 1 – Le président ukrainien est un «dictateur»
Mardi, Donald Trump a souligné que l’Ukraine n’avait pas organisé d’élection présidentielle depuis 2019, l’année où Volodymyr Zelensky a été élu président.
«Nous sommes dans une situation où il n’y a pas eu d’élections en Ukraine. Nous avons la loi martiale, essentiellement la loi martiale en Ukraine, où le dirigeant de l’Ukraine, je veux dire, je déteste le dire, mais il a un taux d’approbation de 4% et où un pays a été réduit en miettes. La plupart des villes sont couchées sur le côté», a-t-il affirmé.
Il en a rajouté une couche dans Truth Social le lendemain, remettant en question la légitimité du président ukrainien.
«Dictateur sans élections, Zelensky devrait se dépêcher ou il ne va pas lui rester de pays», a-t-il écrit.
Des accusations semblables sont régulièrement avancées par l’administration du président russe Vladimir Poutine afin de justifier la poursuite des opérations militaires contre l’Ukraine.
Les faits
Le mandat présidentiel de cinq ans de Volodymyr Zelensky devait se terminer en mai 2024.
L’Ukraine est cependant soumise à la loi martiale depuis que la Russie a envahi son territoire en février 2022. La législation ukrainienne interdit la tenue d’élections lorsque cette loi est en vigueur.
Plusieurs experts estiment d’ailleurs qu’il serait pratiquement impossible d’organiser des élections en Ukraine dans le contexte actuel, puisque les attaques russes se poursuivent et que des millions de citoyens se sont réfugiés à l’étranger ou vivent dans des régions contrôlées par l’armée russe.
Rappelons aussi que Volodymyr Zelensky a été élu en 2019, dans le cadre d’une élection qui a été jugée juste et démocratique par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Un sondage réalisé en février par l’Institut international de sociologie de Kyïv a révélé que 57% des Ukrainiens font toujours confiance au président. Son taux d’approbation était à 52% lors du précédent sondage en décembre.
Zelensky a par ailleurs promis d’organiser de nouvelles élections une fois le conflit terminé, sans confirmer s’il serait candidat.
Il est donc faux de prétendre que le président ukrainien est un dictateur qui a l’appui de seulement 4% de sa population.
Mensonge 2 – L’Ukraine a «commencé» la guerre contre la Russie
Les autorités ukrainiennes déplorent d’avoir été exclues des pourparlers de paix impliquant la Russie et les États-Unis.

Lorsque des journalistes ont informé Donald Trump de ces critiques, il a répondu que l’Ukraine avait eu trois ans pour mettre fin au conflit. Le républicain a ensuite affirmé que l’Ukraine avait elle-même déclenché la guerre qui ravage son peuple et son territoire depuis trois ans.
«Vous n’auriez jamais dû la commencer [cette guerre]», a-t-il lancé.
Les faits
La guerre en Ukraine a commencé en février 2022 par l’invasion du territoire ukrainien par l’armée russe.
L’ancien vice-président de Donald Trump, Mike Pence, l’a d’ailleurs rappelé dans un message publié dans X, le 19 février.
«La Russie a lancé une invasion brutale et non provoquée qui a coûté la vie à des centaines de milliers de personnes. Le chemin de la paix doit être construit sur la vérité», a-t-il écrit.
Mr. President, Ukraine did not “start” this war. Russia launched an unprovoked and brutal invasion claiming hundreds of thousands of lives. The Road to Peace must be built on the Truth.🇺🇸🇺🇦
— Mike Pence (@Mike_Pence) February 19, 2025
“Russia Invades Ukraine in Largest European Attack Since WWII” @FoxNews (February 24,… pic.twitter.com/HsWGdyCGOz
Vladimir Poutine a, lui aussi, souvent menti en accusant l’Ukraine d’être responsable de son sort au début de l’invasion. Le président russe avait alors prétendu que le déclenchement des opérations militaires était une réponse au «génocide contre les russophones» qui avait lieu dans les régions prorusses de l’est de l’Ukraine.