Le Rouge et Or veut en faire juste assez
Jean Carrier
Le match entre le Rouge et Or de l’Université Laval et les Carabins de l’Université de Montréal ne peut pas avoir une plus grande signification. Le gagnant termine au premier rang de la conférence du RSEQ et s’assure également de posséder l’avantage du terrain pendant toute la durée des séries éliminatoires. Un enjeu majeur avec lequel le pilote lavallois Glen Constantin entrevoit un danger pour sa troupe d’essayer d’en faire trop.
«Je déteste l’expression donner son 110% parce que c’est justement quand nos joueurs essaient d’en prendre plus sur leurs épaules que les erreurs arrivent. Je veux juste que nos gars fassent leur travail.»
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L’ampleur de la rencontre ne change pas le fait que la semaine de préparation est un cadeau du ciel pour l’entraîneur qui perçoit une plus grande minutie chez ses athlètes.
«C’est un gros match et c’est une semaine vraiment plaisante et enrichissante pour être entraîneur. Les joueurs sont attentifs à tout ce qu’on dit parce que les matchs sont gagnés dans la semaine de préparation», assure l’expérimenté dirigeant qui n’en est pas à son premier match de rivalité face aux Carabins.
Intensité unique
Ce deuxième chapitre de la saison de la plus grande rivalité footballistique québécoise devrait encore une fois donner lieu à du jeu très physique entre les deux formations. Constantin mentionne à quel point c’est difficile pour les personnes à l’extérieur des vestiaires des deux formations de s’imaginer le côté émotif de ce grand rendez-vous automnal.
«Il n’y a rien qui se compare vraiment à cette rivalité dans les autres sports scolaires au Québec. C’est le Bol d’Or élevé à la puissance dix. Le côté émotif et l’envergure de ces rencontres font que c’est simplement difficile à retrouver ailleurs. C’est bon pour le football au Québec.»
En progression
Les deux formations n’ont également pas connu la défaite depuis qu’elles se sont affrontées en septembre au Stade Telus où les Carabins l’avaient emporté 18-17. Pour Glen Constantin, c’est le moment idéal de l’année pour voir les deux grands rivaux s’affronter.
«J’aime pas beaucoup quand on affronte Montréal au premier match de l’année et que les deux équipes ne sont pas encore rodées. Ce ne sera pas le cas dimanche et les Carabins ont beaucoup progressé depuis la dernière fois où on a croisé le fer. Notre communication en défensive s’est également grandement améliorée.»
Derrick Henry québécois
La formation montréalaise possède une bonne attaque au sol menée par le gros porteur Bertrand Beaulieu qui mène le circuit avec 543 verges au sol. L’entraîneur québécois n’a pas hésité à le comparer à un joueur bien connu de la NFL.
«C’est la version Derrick Henry du football universitaire canadien. C’est un gars qui court vertical et qui attaque la ligne de mêlée. J’aime ce genre de défi pour notre front défensif.»
Le Rouge et Or devra être en mesure d’arrêter l’attaque terrestre sans trop mettre d’effectifs de ce côté puisque Montréal peut compter également sur bonne offensive aérienne menée par Jonathan Sénécal.
«C’est probablement la version la plus équilibrée offensivement des Carabins depuis longtemps. Ils ont couru beaucoup plus la semaine dernière, mais c’est en raison du déluge de pluir qu’il y avait à Concordia. Il faudra être physique et également garder Sénécal dans la pochette.»
LES CARABINS EMBALLÉS PAR LE DÉFI
À l’autre bout de l’autoroute 20, l’ambiance est également très fébrile pour les Carabins de Montréal qui ont hâte d’accueillir le Rouge et Or de l’Université Laval dimanche après-midi au CEPSUM. Avec le championnat de saison régulière à l’enjeu, l’entraîneur-chef Marco Iadeluca avoue que sa troupe n’avait pas besoin de cet élément supplémentaire pour se motiver.
«Nos joueurs sont excités comme c’est toujours le cas avant d’affronter le Rouge et Or. C’est un match spécial. Il y a beaucoup d’intensité à l’entraînement. Il faudra bien doser notre énergie tout simplement.»
Pour les amateurs du football universitaire, le début de la saison a donné lieu à plusieurs surprises même si le pilote des Bleus savait qu’il devrait probablement affronter la formation lavalloise pour remporter le titre de la saison régulière.
«Il n’ y avait pas de garantie, mais je n’ai pas beaucoup douté de voir les deux équipes s’affronter avec le championnat à l’enjeu. Je savais que les deux équipes progresseraient en cours de route et il y a beaucoup de talent dans les deux alignements.»
Même préparation
Même si la partie revêt toujours un cachet spécial, Iadeluca refuse d’en demander plus à sa troupe et à son équipe d’entraîneurs. Pour l’entraîneur-chef de première année, il est très important d’utiliser la même approche que les autres parties de saison régulière.
«Si tu en fais plus cette semaine, ça veut dire que tu en as pas fait assez les semaines précédentes. C’est aussi simple que ça. On ne change pas notre recette, c’est la même préparation que les autres parties de saison régulière.»
Influence positive
Le retour du quart-arrière des Carabins Jonathan Sénécal face à Concordia ajoute une arme de plus à une offensive déjà dangereuse. Marco Iadeluca assure que la présence d’Anthony Calvillo dans son équipe d’entraîneurs a une influence positive pour le jeune talent.
«C’est un excellent mentor. Ce qui est bien, c’est qu’il peut piger dans sa vaste expérience pour conseiller nos pivots. La semaine dernière, il donnait plusieurs conseils à Jonathan pour bien performer dans la pluie. C’est simplement positif d’avoir sa contribution dans l’équipe d’entraîneurs.»
Bataille des revirements
Le Rouge et Or a quand même changé de visage depuis la dernière rencontre entre les deux clubs. Le quart-arrière Arnaud Desjardins a pris contrôle de l’offensive lavalloise, même si Marco Iadeluca ne voit pas de grand changement dans l’ADN de l’offensive rivale.
«C’est encore la même offensive. Il y a eu des petits ajustements, mais ils sont encore capables de faire plein de choses en attaque. C’est un beau défi pour notre défensive et il faut aussi être conscient de la mobilité de leur quart-arrière.»
Pour le pilote montréalais, l’issue de la rencontre sera décidée par un facteur bien précis.
«Celui qui gagnera la bataille des revirements va gagner le match comme c’est souvent le cas entre les deux équipes.»
EXCITÉ PEU IMPORTE L’ÂGE
Que ce soit un vétéran de dernière année ou un athlète de première année, le sentiment semble être exactement le même pour un joueur du Rouge et Or qui s’apprête à aller affronter les Carabins à Montréal.
«C’est définitivement pour jouer des matchs comme ça qu’on fait tous les sacrifices reliés à notre sport. Des parties serrées avec beaucoup d’émotion et un championnat à l’enjeu. On sait qu’il va y avoir du bruit et qu’il faudra utiliser une cadence silencieuse avec une foule hostile, c’est plaisant comme défi», précise le receveur finissant Jonathan Breton-Robert qui flotte sur un nuage depuis son retour au jeu d’une blessure à l’aine.
L’expérience du petit joueur offensif sera mise à contribution dans un match avec autant d’intensité.
«Je suis là pour faire comprendre aux plus jeunes que tout ce qu’on fait en pratique sera transférable pendant la partie. On joue comme on se prépare et ce n’est pas différent de jouer devant 5000 personnes avec du bruit que de jouer à la maison. Il faut faire confiance au processus.»
Breton-Robert avoue aussi que les quelques joueurs des Carabins qui ont célébré de façon exubérante la dernière victoire face au Rouge et Or serviront de motivation pour sa formation.
«Des joueurs qui font des gestes déplacés sur le terrain comme ça, ça nous motive. J’espère qu’il y a un changement de culture qui s’opère parce que cette rivalité n’a pas besoin de ça.»
L’entraîneur-chef des Carabins Marco Iadeluca avait sermonné sa troupe sur l’importance de gagner avec classe immédiatement après la victoire des siens.
Environnement hostile
Antoine-Félix Audet-Michaud s’apprête à vivre son baptême de feu de cette intense rivalité dans le rôle de l’équipe visiteuse. Le produit des Spartiates du Vieux-Montréal a simplement hâte de joueur.
«Comme compétiteur, ça ne se recrée pas ce genre de situations. C’est pour ces matchs-là que tu veux jouer au football. Retourner jouer à Montréal, c’est secondaire pour moi. C’est un match contre les Carabins avec un championnat à l’enjeu.»
Le joueur de ligne défensive fait remarquer qu’il a déjà foulé le terrain du CEPSUM dans une autre grande rivalité du football scolaire québécois. Il portait l’uniforme des Cactus de Notre-Dame pour affronter les Aigles de Jean-Eudes.
«C’était intense, mais vraiment pas au niveau de la rivalité du Rouge et Or face aux Carabins. Arnaud Desjardins était le quart-arrière pour Jean-Eudes et je lui rappelle régulièrement sa défaite contre nous.»