Le meilleur modèle de développement au monde?
Nicolas Cloutier
«Je n’ai jamais vu une formation aussi rapide que celle de l’équipe nationale américaine des moins de 18 ans cette saison.» On pratique de la magie dans les installations de ce programme à Plymouth, au Michigan, par les temps qui courent.
C’est le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH, Dan Marr, qui s’enthousiasmait de la sorte au sujet de la dernière cuvée d’élite du pays de l’Oncle Sam, qui a fait suer bien des adversaires cette année, certains pourtant plus vieux et coriaces.
Résultat des courses, jeudi soir, lors du premier tour de la séance de sélections de la LNH à Montréal, au Centre Bell : pas moins de six joueurs sélectionnés, dont deux dans le top 5 : Logan Cooley (3e, Arizona), Cutter Gauthier (5e, Philadelphie), Frank Nazar (13e, Chicago), Rutger McGroarty (14e, Winnipeg), Jimmy Snuggerud (23e, St. Louis) et Isaac Howard (31e, Tampa Bay).
Véritable pépinière de vedettes, le programme américain est-il le meilleur modèle de développement au monde? Difficile à dire, mais il y a certainement moyen d’en débattre. L'équipe nationale des moins de 18 ans a fait tourner les têtes cette saison en se payant plusieurs équipes de la NCAA, formées souvent d’adultes de 24 ans beaucoup plus mûrs physiquement.
On retient notamment une correction de 4-0 infligée à l’Université du Wisconsin dirigée par Tony Granato. Les jeunes Américains ont compilé une fiche impressionnante de 11-7 contre les équipes universitaires.
Mais ils vous diront eux-mêmes qu’il n’y a rien de trop compliqué dans la «sauce secrète» du programme.
«Il n'y a pas d'ingrédient secret, a nuancé Nazar. C'est juste une question d'éthique de travail. Tous les gars voulaient se donner à fond chaque jour. Il n'y avait pas d'élément spécial, mais chacun des gars en était un en quelque sorte.»
«Ce qui nous distingue, c’est notre esprit de compétition, a corroboré McGroarty, qui était le capitaine de cette équipe tout étoile. Personne ne négligeait sa préparation. Tout le monde mangeait bien et dormait à une heure raisonnable. Tout le monde était allumé. Aussi, nous nous aimions. De l’extérieur, les gens pourraient supposer qu’il y avait une compétition malsaine parce que nous étions plusieurs candidats à être choisis au premier tour, mais en réalité, nous étions si proches.»
«Notre entraîneur-chef Adam Nightingale insistait constamment sur l’importance de jouer rapidement, a mentionné de son côté Cooley. On était chanceux d’avoir autant de joueurs rapides au sein de l’équipe.»
Combiné au coeur à l'ouvrage et à la vitesse, un autre ingrédient : la confiance. Ces jeunes en dégageaient beaucoup. Particulièrement Cutter Gauthier, qui ne semblait pas intimidé le moins du monde par la horde de journalistes qui l’entouraient.
«J’ai tous les outils (I’m the total package)», a lancé sans broncher le joyau des Flyers.
Et que dire de Howard, qui avait fière allure avec son veston blanc, son col roulé, sa chaîne et sa boucle de ceinture aux couleurs du drapeau américain. Avant de rejoindre la mêlée de presse, le flamboyant attaquant s'est autoproclamé le «plus beau gars de la place (best looking guy here)» lors d'un entretien avec la collègue d'ESPN Emily Kaplan.
«J’ai toujours prôné la philosophie : "Look good, play good", a rigolé le jeune homme. Je ne pouvais rien porter de trop fou avec le programme américain, alors j'en ai profité au repêchage.»