Le réchauffement climatique entraîne plus de coups de circuit au baseball
Andrea Lubeck
«Bonsoir, elle est partie!», scanderait à répétition Rodger Brulotte: chaque degré de réchauffement planétaire entraînera 95 coups de circuit supplémentaires par saison de baseball, révèle une étude menée par des chercheurs du Dartmouth College.
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Les scientifiques ont analysé 100 000 matchs de la Ligue majeure de baseball (MLB) et 220 000 balles frappées pour conclure que le dérèglement climatique dope les coups des frappeurs.
Le réchauffement actuel – qui est estimé à +1,2°C par rapport à l’ère préindustrielle – serait à l’origine de 58 home runs supplémentaires par année entre 2010 et 2019, constate-t-on dans l’étude publiée dans le Bulletin of the American Meteorological Society. Pour donner une idée, on a compté 6776 coups de circuit durant la saison record de 2019.
Mais 58 sur 6776, c’est somme toute modeste – on parle d’environ 1% de coups de circuit liés au changement climatique sur la période de 10 ans. Or, si on ne fait rien pour ralentir le réchauffement climatique, on parle d’une hausse de 10% d’ici 2100 avec une augmentation moyenne des températures de 4°C.
«Lorsque les températures sont plus élevées, la densité de l’air est plus faible, et lorsque la densité de l’air est plus faible, la traînée sur un objet volant, qu’il s’agisse d’une balle de baseball ou d’un avion, est moindre», a expliqué Justin Mankin, professeur adjoint de géographie à Dartmouth et auteur principal de l’étude, en entrevue à The Guardian.
«On peut s’attendre à plus de home runs durant une journée chaude par rapport à une journée fraîche», a-t-il poursuivi.
Plus de coups de circuit dans un stade à ciel ouvert
Plusieurs facteurs ont été pris en compte dans l’analyse des données, y compris si le stade est couvert d’un toit ou non, les variations dans la fabrication des bâtons et des balles, l’utilisation de substances améliorant la performance et l’effet des techniques modernes d’analyse du sport.
En fonction de ces paramètres, les scientifiques estiment que c’est au Wrigley Field, stade accueillant les Cubs de Chicago, où on pourrait constater une augmentation du nombre de coups de circuit puisque c’est là où le plus de parties sont jouées durant la journée, lorsqu’il fait plus chaud.
Mais assister à un match dans un stade à ciel ouvert pourrait bientôt être chose du passé, a affirmé Christopher Callahan, co-auteur de l’étude, au Guardian. «À un certain moment, au cours des deux prochaines décennies, il sera dangereux de jouer des parties de baseball à des températures très élevées.»
La hausse des températures a d’ailleurs eu raison du stade des Texas Rangers, construit en 1994. L’équipe a dû déménager dans un stade climatisé à toit rétractable en 2020 parce que la chaleur estivale était rendue trop inconfortable.
Pas juste une question de baseball
Les auteurs notent que le but de l’étude n’est pas nécessairement de mesurer l’impact du réchauffement planétaire sur le baseball comme tel, mais plutôt de démontrer à quel point le dérèglement climatique affecte toutes les facettes de nos vies. Ils ont choisi ce sport parce que toutes sortes de statistiques sont compilées.
C’est plutôt «un moyen de mettre en évidence les effets pernicieux et subtils du [réchauffement] sur de nombreux aspects de notre vie, qui vont au-delà de la canicule classique», a souligné Christopher Callahan.
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«Nous en entendons parler tout le temps et il peut être facile de se désensibiliser. J’espère que cela permettra de faire comprendre les effets du réchauffement lcimatique de manière moins grave, mais peut-être plus généralisée.»
— Avec des informations de The Guardian et du Washington Post