Le réchauffement climatique contribue à propager la malaria en Afrique
Jean-Michel Clermont-Goulet
Face au réchauffement climatique, plusieurs espèces tropicales autrefois confinées dans les régions les plus chaudes du monde migrent davantage au sud de l’équateur, notamment en Afrique. C’est le cas du moustique porteur de la malaria, selon une récente étude.
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Une équipe de chercheurs de l’Université de Georgetown a constaté que la répartition des moustiques anophèles, qui transmettent la maladie la plus mortelle au monde, s’éloignait de l’équateur d’environ 4,7 km et 6,5 m de hauteur par année depuis 1898.
La malaria, aussi appelée paludisme, tue annuellement 600 000 personnes principalement des enfants d'Afrique et du Moyen-Orient. Selon une estimation, cette maladie aurait tué près de la moitié de toute personne décédée dans l’histoire de l’humanité.
Ces gains de terrain coïncident avec les changements climatiques, ce qui expliquerait donc pourquoi la malaria s’est répandue au cours des dernières décennies, d’après l’étude publiée mardi dans la revue Biology Letters.
Pour Colin Carlson, biologiste et auteur principal de l’étude, ce n’est pas un hasard. Il estime cependant qu’il faut davantage de données pour relier directement la propagation du maringouin paludéen à la hausse des températures.
«Mais ce que nous pouvons dire, c'est qu’un grand nombre de ces espèces évoluent dans la direction et à la vitesse qui semblent indiquer un impact du changement climatique», a-t-il déclaré.
De nombreuses études ont prédit la propagation future de différentes maladies en raison de la crise climatique. Or, l’étude menée par les chercheurs de l’Université de Georgetown suggère que c’est déjà en train de se produire en Afrique.
Comment la crise climatique affecte la propagation
Les moustiques sont des bestioles à sang froid; ils vivent mieux dans des températures douces. Ainsi, plus l’environnement se réchauffe, plus ces insectes doivent se déplacer, que ce soit vers le sud ou en plus haute altitude.
Par ailleurs, les moustiques – et les parasites qu'ils transportent – se reproduisent plus rapidement dans des températures plus chaudes, ce qui ajoute à la menace.
La propagation des moustiques porteurs de la maladie ne touche pas seulement l’être humain. À Hawaii, par exemple, deux espèces d’oiseaux indigènes — le loxopse et le grimpeur de Kauai — succombent à une forme aviaire de paludisme. Il resterait respectivement 1000 et moins de 50 individus de ces espèces, qui pourraient bien disparaître dans les dix prochaines années à cause du phénomène, indiquent les chercheurs.
− Avec les informations du Washington Post et du New York Times