Le Québec se prive de milliers d’infirmiers
![À peine 70% des infirmières auxiliaires des régions de Laval, de Montréal, de l’Outaouais et de l’Estrie sont doublement vaccinées. Elles sont 76,2% à avoir reçu leurs deux doses à l’échelle de la province.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F57517684_370212e6a458e4-2b7a-4d82-96d6-12cb89536bc8_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Lettre à Luc Mathieu, président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec
Le premier ministre François Legault mentionnait dans les derniers jours qu’il manquait plus de 4000 infirmières/infirmiers actuellement dans le réseau de la santé québécois. Un rapport de l’Ordre des infirmières et des infirmiers (OIIQ) en 2018/2019 affirmait que les hommes représentaient 11,3% de l’effectif, soit une augmentation d’environ 2% depuis les 15 dernières années. Cette représentation d’hommes dans la profession serait plus élevée que la moyenne canadienne qui se situait autour de 8,3%.
Bravo diront certains, car le nombre d’infirmiers augmente. Malheureusement, ce n’est pas suffisant, car le Québec se prive de milliers de personnes qui pourraient venir prêter main-forte au système de santé. La question alors à se poser est la suivante : pourquoi les hommes s’orientent peu vers les soins infirmiers?
Une profession au féminin
Bien que le stéréotype médical voulant que les médecins soient des hommes ait changé aujourd’hui, cela n’est pas le cas en soins infirmiers. Bien souvent, l’image véhiculée par l’OIIQ, les syndicats et les médias est que la soignante est une femme. La politique rédactionnelle de l’Ordre n’est pas aidante pour briser cette représentation. En effet, pour alléger le texte, cette politique promeut la prépondérance du féminin sur le masculin. C’est de l’infirmière dont il est question dans les publications de l’OIIQ. Il y a là un problème identitaire de base qui est un obstacle à la venue dans la profession des Guillaume, Antoine, Félix, Jean-Christophe, etc. On devrait mieux utiliser la rédaction inclusive et épicène en prenant les doublets non abrégés, comme « l’infirmière ou l’infirmier » .
Un titre à revoir
Dans les années 90, appuyés par mes collègues, nous nous sommes rendus à un congrès annuel de l’OIIQ. Notre objectif était de faire changer le nom de leur revue qui, à l’époque, s’appelait « L’infirmière du Québec ». Devant environ 1000 déléguées, ce jour-là, j’ai pris mon courage à deux mains et expliqué comment je ne m’identifiais pas à ce titre. J’eus gain de cause, car quelque temps après, le nom du périodique fut changé pour « Perspective infirmière. » On justifiait ce nom en disant qu’il était pratiquement neutre et que les hommes pouvaient s’identifier à cette appellation. Vraiment? Ne devrait-on pas chercher un titre de revue plus inclusif?
Vers une profession mixte
La politique rédactionnelle de l’OIIQ n’encourage pas une profession mixte dans laquelle les hommes se reconnaissent et s’identifient. Non, je ne suis pas une infirmière.
Par ailleurs, l’idée n’est pas de faire l’inverse et de mettre tous les écrits au masculin. En ce sens, la façon de faire de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux du Québec est inspirante. En effet, malgré un nombre restreint d’hommes dans cette profession, on ne cherche pas à la féminiser pour autant dans leurs publications (voir otstcfq.org).
Par ailleurs, je suis conscient que d’autres actions devraient être entreprises pour que plus d’hommes joignent les rangs. Ce n’est qu’un point de départ dans la recherche de solutions originales pour attirer l’effectif masculin, un renfort dont nous avons grandement besoin!
![Photo Stevens LeBlanc](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F8e8cd870-2178-11ec-9577-3318e9cc63a3_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Mario Marchand, infirmier clinicien