Le Québec, un sanctuaire pour les réfugiés ukrainiens de la guerre
Rémy Trudel et Jacques Létourneau
L’agression russe de Vladimir Poutine sur l’Ukraine provoque l’inévitable déplacement de milliers de familles qui sont à la recherche d’un territoire, d’un pays ou d’une collectivité qui peuvent les accueillir et leur assurer une sécurité et un soutien humanitaire.
Les estimations les plus conservatrices indiquent qu’un demi-million à 700 000 Ukrainiens ont traversé les frontières de la Pologne, de la Hongrie ou encore des pays baltes, la Lituanie, la Lettonie ou l’Estonie.
L’Union européenne estime même que ces réfugiés encore enfermés et incapables de se déplacer pourraient atteindre 6 millions.
Une répétition de l’histoire
Le Canada et le Québec ont manifesté du bout des lèvres de bonnes intentions pour accueillir ces familles qui parviendraient à se dénicher un visa et surtout un moyen de déplacement sécuritaire pour rallier un pays qui peut offrir un accueil et une structure de soutien en terre d’accueil.
Pour ces Ukrainiens, pour l’instant sans papiers, c’est une répétition de l’histoire lorsqu’au tournant des années 1930, les affamés du dictateur Staline ont pu trouver refuge dans différentes régions du Québec.
Sans que le concept ait été à l’ordre du jour à ce moment-là, ces régions et ces municipalités sont devenues des sanctuaires pour ces réfugiés sans papiers et sans attestation de séjour en terre canadienne.
Malgré tout, ces Ukrainiens ont été 42 000 à s’établir à Montréal, à Québec et dans des régions comme l’Abitibi, la Beauce ou les Cantons-de-l’Est. Ils y formeront des noyaux parfaitement intégrés à leur communauté d’accueil en harmonie avec les valeurs culturelles, sociales et économiques de leur majorité d’insertion.
Montréal et les municipalités du Québec face à la situation dramatique des réfugiés de la guerre de Poutine doivent maintenant relever le défi de l’accueil en terre québécoise et devenir des villes et villages sanctuaires pour ces déshérités de leur patrie.
Des femmes, des enfants et des aînées, les hommes étant conscrits pour la lutte armée, attendent impatiemment un signe et une main tendue pour trouver un espoir d’une vie qui pourra compter sur une collectivité solidaire pour traverser la pire crise de leur vie.
ENTREVUE avec Rémy Trudel, Ex-ministre de l’Immigration et des Affaires municipales:
La compassion ne suffit pas
Les bons mots et la compassion ne suffisent plus. Le Québec et le Canada ont maintenant le devoir de dire aux municipalités sanctuaires pour les réfugiés ukrainiens qu’elles seront supportées pour leur geste humanitaire. Lorsqu’il s’agissait d’accueillir 50 000 réfugiés syriens victimes de la guerre de Bachar Al-Assad et le même Poutine en 2016, les citoyens de nombreuses villes ont levé la main et ont souvent ouvert les portes de leurs maisons afin de leur offrir un foyer d’accueil.
Villes et villages du Québec sont en mesure de perpétuer leurs valeurs d’ouverture et d’accueil. Villes et villages sanctuaires signifient aussi que la balle est dans le camp du gouvernement fédéral qui doit d’urgence déployer un pont aérien à partir des pays amis en bordure de la frontière de l’Ukraine.
À cet égard, c’est au Québec de donner le signal de déclencher cette opération. Le Québec terre d’accueil, c’est plus que des mots.
![Photo courtoisie](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F20299682_4119878eae7857-eca2-4367-ab3b-edc2abeae16d_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Rémy Trudel
Ex-ministre de l’Immigration et des Affaires municipales
![Photo d'archives, PIerre-Paul Poulin](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F59404914_4119885a2fa676-fa0f-433a-b5c8-876bd14f9483_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Jacques Létourneau
Ex-président de la CSN