Le Québec n’a pas le choix de se tourner vers l’énergie solaire
Gabriel Beauchemin
Pour diversifier ses sources d’énergie, le Québec n’a pas le choix de se tourner vers l’énergie solaire, insistent deux experts, alors qu'est parue jeudi une étude sur cette source d’énergie renouvelable.
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«On n’a pas le choix, ça fait partie du portefeuille de solutions qu’on doit déployer», explique sans détour Gabriel Durany, président-directeur général de l’Association québécoise de la production d'énergie renouvelable. «En ce moment, quand on pense à la hausse des énergies renouvelables au Québec, on parle beaucoup de l’énergie éolienne ou de l’hydroélectricité. Mais il manque à ça la discussion sur le solaire. Le solaire est la troisième voie, un élément important de l’équation.»
Le Québec en retard
Actuellement, le Québec est en retard dans le développement de sa filière solaire, par rapport au Canada, mais aussi au reste du monde. C’est notamment ce que nous apprend l’étude Énergie solaire photovoltaïque dans le mix énergétique québécois – Analyse et perspectives de Nergica, un centre de recherche et d'innovation spécialisé en énergies renouvelables.
Et pourquoi est-ce si important de développer le secteur de l’énergie solaire au Québec?
D’abord, pour atteindre notre objectif de réduction des émissions de GES de 37,5% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990. Ensuite, parce que la demande en énergie ira en augmentant à travers les années, explique Karim Belmokhtar, chargé de projet principal, recherche et innovation chez Nergica.
«Au Québec, à l’horizon 2026-2027, on se dirige vers une situation de déficit énergétique, et ça, c’est Hydro-Québec qui le dit, indique Karim Belmokhtar. Et donc, il y a de nouveaux approvisionnements qui seront nécessaires pour faire face à la croissance naturelle de la demande énergétique, que ce soit en raison de l’électrification des transports ou de l’approvisionnement des nouveaux segments de marché, comme les serres agricoles, la blockchain et les centres de données.»
«On ne peut pas s’en passer, tout simplement, poursuit Gabriel Durany. Si on bâtit notre capacité en 2030, si on réussit à faire ce saut-là, donc à bâtir une industrie, alors on sera prêt à aller vers la carboneutralité de 2050, où là le solaire va être littéralement indispensable.»
Quels sont les avantages du solaire?
La production d’énergie solaire reste encore relativement marginale au Québec. Elle se concentre dans certains projets commerciaux, comme la bibliothèque de Varennes ou la maison Simons à Québec. Quelque 700 résidences privées sont également munies de panneaux solaires au Québec. Récemment, Hydro-Québec a pour sa part annoncé la mise en service de deux parcs solaires à La Prairie et à Varennes.
Mais il y a plusieurs avantages à développer ce secteur énergétique, selon les deux experts.
«D’abord, c’est une énergie renouvelable et propre, indique Karim Belmokhtar. Ensuite, c’est une énergie qui nécessite des installations dont les coûts sont de moins en moins importants. Dans les dix dernières années, on a connu à peu près une baisse des coûts de la technologie autour de 80 à 85%, ce qui est significatif.»
«L’autre point, c’est sur la question du recyclage des composantes qui sont utilisées dans les installations, poursuit-il. Les panneaux solaires à base de silicium par exemple, ils sont recyclables presque à 100%. Et leur durée de vie peut atteindre 25 ou 30 ans, voire plus encore.»
Et quels sont les inconvénients?
L’énergie solaire peut comporter cela dit des inconvénients. Notre hiver québécois, qui vient avec des journées plus courtes et des accumulations de neige, et l’espace nécessaire à la mise en place de grands parcs solaires peuvent poser problème.
Les avantages l’emportent malgré tout sur les inconvénients, selon les deux spécialistes.
«Si on se donne la chance comme juridiction d’adopter, d’apprivoiser cette forme d’énergie là, d’y arrimer nos stratégies industrielles de batteries, on va faire partie de la prochaine grande discussion énergétique, soutient Gabriel Durany. On est en retard certes, mais le solaire ne fait que décoller.»
«Et les prochains dix ans, c’est le décollage, et il faut s’assurer de faire partie de cette vague-là, poursuit-il. Parce que passé 2030, ce que les experts nous disent, ce que les études voient, c’est une explosion de l’énergie solaire qui va nous amener à la fameuse carboneutralité.»