Voici pourquoi le Québec devrait rendre l’accès à la contraception gratuit
Genevieve Abran
Le Québec devrait imiter la France et offrir la contraception hormonale gratuitement aux femmes, insistent des spécialistes.
«Tout ce qui améliore l’accès aux moyens de contraception est une bonne chose», souligne d’emblée la coordonnatrice au développement et au rayonnement communautaire du Centre de santé des femmes de Montréal, Marianne Rodrigue.
Selon elle, Québec devrait «mettre en place la gratuité pour tous les moyens de contraception pour toutes les femmes».
Éliminer la barrière financière
La France a annoncé jeudi que la contraception sera gratuite pour les femmes jusqu’à 25 ans, et non plus seulement aux jeunes filles mineures. Cette mesure concerne les moyens de contraception hormonale, comme la pilule, le stérilet avec hormones et l’implant sous-cutané.
Une telle mesure, qui permet d’éliminer la «barrière financière», est nécessaire au Québec pour limiter le nombre de grossesses inattendues, affirme la Dre Giosi Di Meglio, spécialiste en médecine de l’adolescence.
Les adolescentes sont «très vulnérables», car elles n’ont souvent pas les moyens d’avoir accès à la contraception sans passer par l’assurance privée de leurs parents, souligne-t-elle. Or, certaines jeunes femmes craignent d’en parler avec leurs parents et se mettent à risque. Elles se tournent, par exemple, vers des «méthodes moins efficaces».
L’accès gratuit à la contraception est donc un moyen pour les femmes de se réapproprier leur corps et de choisir si elles veulent ou pas des enfants et si oui, à quel moment, mentionne Marianne Rodrigue.
La contraception gratuite n’est d’ailleurs pas que bénéfique pour les femmes, souligne la Dre Di Meglio. «Pour chaque grossesse qui arrive à un moment inattendu ou indésiré, les frais au système de santé excèdent le coût de la contraception.»
Un pas dans la bonne direction, mais...
Si la mesure annoncée par la France, qui vise les jeunes femmes de 25 ans et moins, est un pas dans la bonne direction, elle est insuffisante, selon la Dre Di Meglio. «L’idéal serait que tout le monde ait accès au moyen de contraception qui fonctionne pour leur mode de vie», insiste-t-elle.
Marianne Rodrigue abonde dans le même sens. Non seulement le gouvernement du Québec devrait emboîter le pas, mais il devrait aussi aller plus loin. Elle suggère elle aussi de rendre tous les moyens de contraception gratuits, qu’ils soient hormonaux ou pas, féminins ou masculins.
Sinon, «ça renforce l’idée selon laquelle la contraception est une affaire de femme, et que c’est la femme qui doit s’en occuper, dit-elle. Ça ajoute à la charge mentale de la contraception.»
«Ce qui est important, c’est de tendre à inclure tout le monde, parce que les hommes aussi ont leur rôle à jouer dans la contraception. Ils peuvent choisir la méthode qui leur convient.»
Accès à un médecin de famille
Pour qu’une telle mesure fonctionne, il est par ailleurs essentiel d’améliorer l’accès à un médecin de famille. «Les délais pour un médecin de famille sont très longs. Il y a beaucoup de femmes qui cherchent [sans succès] à obtenir un rendez-vous», regrette-t-elle.
Elle appelle finalement à une meilleure éducation à la sexualité «globale et positive» qui présente toutes les options en lien avec la contraception, tant pour les femmes que pour les hommes.