Le procès pénal historique de Trump s'ouvre en pleine campagne présidentielle
Agence France-Presse
Donald Trump va devenir lundi le premier ex-président de l'Histoire des États-Unis à faire face à la justice pénale, avec l'ouverture d'un procès à New York qui rend plus imprévisible son duel contre Joe Biden lors de l'élection de novembre.
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Le milliardaire républicain devrait comparaître à partir de 9h30 à Manhattan pour une affaire de paiements destinés à acheter le silence de l'ancienne vedette du X Stormy Daniels, à quelques jours de la présidentielle de 2016 qui avait fait de lui le 45e président des États-Unis.
Un peu plus de trois ans après avoir quitté la Maison-Blanche dans le chaos, il risque, en théorie, une peine de prison. Cela ne l'empêcherait pas d'être candidat au scrutin présidentiel du 5 novembre, où il rêve d'une revanche contre Joe Biden, mais placerait la campagne dans une situation totalement inédite.
S'il était déclaré non coupable, ce serait au contraire une victoire majeure pour le candidat républicain.
«Les enjeux sont très élevés, parce que Trump et ses avocats ont réussi jusqu'à présent à ralentir les (autres) procès» sur des accusations de tentatives illégales d'inverser les résultats de la présidentielle de 2020 et sa gestion de documents classifiés, souligne à l'AFP Carl Tobias, professeur de droit de l'université de Richmond.
Et le dossier Stormy Daniels, qualifié de fragile par des experts, «pourrait être le seul jugé avant les élections», ajoute-t-il.
- Écoutez la chronique politique américaine avec le professeur Luc Laliberté via QUB :
«M'enlever ma liberté»
Jusqu'aux derniers jours, les avocats ont vainement multiplié les recours pour retarder l'échéance. Samedi soir, en réunion en Pennsylvanie, Donald Trump s'est encore dépeint en victime d'une persécution judiciaire et politique.
«Nos ennemis veulent m'enlever ma liberté parce que je ne les laisserai jamais, jamais prendre la vôtre», a-t-il lancé à ses supporteurs.
Il a assuré qu'il témoignerait au procès.
Le tribunal de Manhattan sera placé sous très haute sécurité. Des manifestations pro et anti-Trump sont attendues, tout comme les caméras des médias du monde entier. Les audiences ne seront elles pas télévisées.
Première étape lundi, la sélection des douze jurés qui auront la charge de déclarer à l'unanimité Donald Trump «coupable» ou «non coupable», un processus qui pourrait prendre plusieurs jours.
Au moins une centaine de résidents de Manhattan seront réunis dans la salle d'audience, où ils devront répondre à un long questionnaire sur leurs affiliations politiques, et leurs sympathies ou non pour Donald Trump.
- Écoutez l'expert en politique internationale Loic Tassé au micro de Benoit Dutrizac via QUB :
Trump nie
Le milliardaire est inculpé pour 34 falsifications de documents comptables de son entreprise, la Trump Organization, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de «frais juridiques», des paiements survenus dans la toute dernière ligne droite de la présidentielle de 2016 pour acheter le silence de Stormy Daniels.
Contre 130 000 dollars, cette dernière avait accepté de se taire sur une relation sexuelle avec le milliardaire républicain dix ans plus tôt, alors qu'il était déjà marié avec Melania Trump. Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense entend démontrer que les paiements relevaient de la sphère privée.
Mais l'accusation, menée par le procureur élu sous l'étiquette démocrate Alvin Bragg, veut démontrer qu'il y a bien eu des manœuvres frauduleuses pour cacher des informations aux électeurs quelques jours avant la présidentielle, remportée de justesse par le républicain contre Hillary Clinton.
L'un des enjeux du procès sera de déterminer ce que Donald Trump savait de ces paiements quand ils ont eu lieu.
Son ancien avocat personnel, Michael Cohen, qui avait versé l'argent à Stormy Daniels — à la demande de son patron, assure-t-il — et a déjà été condamné devant la justice fédérale pour cette affaire, sera l'un des témoins clé de l'accusation.
La défense compte pilonner ce témoin, devenu l'ennemi juré de Donald Trump, et qui a aussi été condamné pour mensonges devant le Congrès américain.