«J’ai été témoin des dommages démesurés créés par les filets de pêche en plastique»
Ariane Arpin-Delorme
Ancien snowboarder devenu directeur photo, réalisateur et photographe, Guillaume Beaudoin a parcouru le monde dans une quête artistique, à la rencontre de la lutte aux changements climatiques. Notamment témoin des dommages du plastique lorsqu’il s’est joint à Ocean Cleanup, il croit que les petits gestes individuels ont plus de pouvoir que ce qu’on leur accorde.
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C’était en 2018. Guillaume Beaudoin venait de terminer un périple de sept mois en auto-stop à la voile dans le Pacifique Sud, où il avait recueilli les histoires de personnes participant à la lutte aux changements climatiques. Une occasion s’est ensuite présentée à lui : joindre la mission d’Ocean Cleanup pour nettoyer le «continent de plastique».
Il y a eu un déclic. C’est à ce moment-là que l’objectif de Guillaume a réellement changé, menant à un but qui allait plus loin que «voir le monde».
«Honnêtement, je crois qu’il y a toujours eu une quête de sens à travers ce que je fais. Mais à force d’aller à la rencontre de l’autre, de voyager et d’acquérir de l’expérience, cette recherche s’est approfondie et elle vit maintenant par elle-même», explique-t-il en entrevue.
Aujourd’hui, cette motivation est omniprésente, quoi qu’il ne se voit pas comme un activiste.
«Sans prétention, mais je dois avouer qu’il m’est difficile de créer ou de consommer de l’art qui ne s’inscrit pas dans une démarche révélatrice : environnementale, sociale ou pleine d’humanité», dit-il
Au quotidien, un geste à la fois
Dans sa vie personnelle, il essaie aussi de mener un quotidien en accordance avec ses valeurs.
«Bien que j’aime le goût, j’ai fait le choix de ne presque plus manger de viande. Le poisson, c’est non! J’ai été témoin des dommages démesurés créés par les filets de pêche en plastique qui se retrouvent perdus au milieu de l’océan. Je partage également une voiture, compense mon empreinte carbone et refuse de me débarrasser de mon vieux cellulaire», confie-t-il.
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Sa réflexion a beaucoup évolué dans les dernières années, mais la question première qui lui demeure en tête est celle de la responsabilité individuelle.
«Aujourd’hui, il est frustrant de se rendre compte que beaucoup de gens se déculpabilisent en jetant la pierre ailleurs, jusqu’à n’entreprendre aucune action, déplore-t-il. L’effort individuel est primordial, car c’est ce qui démarre les initiatives dans les grandes entreprises, nous transforme afin de développer une certaine sensibilité aux causes environnementales et bien plus.»
Il est partisan des petits gestes.
«Plus notre geste pour l’environnement est petit, plus les gens qui nous observent réalisent qu’ils ont aussi les moyens de faire de même. L’effet papillon fait grandir les retombées positives dans la lutte contre les changements climatiques», croit-il.
Pandémie et prise de conscience
La pandémie est d’ailleurs la preuve que l’on peut tous avancer dans la même direction quand tout le monde met la main à la pâte, incluant les gouvernements, estime-t-il.
«Mais ce qui s’en vient en conséquence des changements climatiques est bien plus dramatique que ce que l’on a vécu des suites de la COVID. Il y aura beaucoup plus de gens qui en souffriront. Comme je ne prétends pas être un scientifique, je préfère ne pas trop me prononcer à ce sujet. En revanche, en ayant plongé dans des endroits où le corail était blanchi ainsi que rencontré des communautés nomades ayant perdu leur mode de vie en partie à cause des changements climatiques, je me suis souvent retrouvé aux premières loges. Il est impossible de rester insensible à ce que ces gens subissent».