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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le plaidoyer du Bloc Québécois

Nonobstant les résultats au soir du 28 avril, personne ne pourra reprocher au chef bloquiste de ne pas avoir mis le paquet en triple épaisseur.
Nonobstant les résultats au soir du 28 avril, personne ne pourra reprocher au chef bloquiste de ne pas avoir mis le paquet en triple épaisseur. Photo AFP
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Josée Legault

16 avril
16 avril à 0h15
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La tempête Trump mène la campagne électorale par le bout du nez depuis son premier jour. La guerre commerciale, aussi mondiale qu’erratique, éclipse tout. Que les Canadiens en aient peur n’est pas un signe de faiblesse, mais de lucidité. 

Résultat : le choix est celui d’un prochain premier ministre jugé capable de transiger avec Trump tout en redonnant espoir aux citoyens pour l’avenir. Vaste programme.

Le sondage Léger/Le Journal-TVA Nouvelles-National Post publié ce matin confirme que cette combinaison inédite de peur et d’espoir continue de nourrir l’avance des libéraux sous Mark Carney.

Face à un tel défi, le chef conservateur Pierre Poilievre rate le coche jusqu’à maintenant. Les tiers partis en prennent aussi pour leur rhume. Le NPD s’écroule pendant qu’une part croissante de ses électeurs se rue au PLC.

Après avoir dominé les sondages au Québec jusqu’au retour de Trump et l’arrivée de Mark Carney, le Bloc québécois en souffre. Réduit à 25% d’appuis contre 40% aux libéraux, il pourrait perdre une part substantielle de sièges.

C’est pourquoi son chef Yves-François Blanchet met les bouchées doubles. Sa campagne est hyperactive. Il multiplie les entrevues, les points de presse et couvre tous les sujets possibles.

Bref, nonobstant les résultats au soir du 28 avril, personne ne pourra reprocher à M. Blanchet de ne pas avoir mis le paquet en triple épaisseur.

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Jouer son va-tout

Or, selon Léger, 32% des Québécois jugent la campagne de Mark Carney comme étant la meilleure jusqu’à présent contre 12% à peine pour celle du chef bloquiste. Un jugement certes injuste, mais non moins lapidaire.

Cela dit, le leadership de M. Blanchet n’est pas remis en question par ses troupes. Alors que la grande famille conservatrice se déchire publiquement sur la campagne ratée de Pierre Poilievre, les troupes bloquistes se serrent les coudes dans l’espoir d’éviter le pire.

Au débat des chefs de mercredi soir en français, Yves-François Blanchet jouera donc son va-tout pour son parti.

Mark Carney étant populaire, si le chef bloquiste l’attaque trop durement, il pourrait toutefois en payer le prix. Rappelons que le ton abrasif de Pierre Poilievre n’a jamais passé la rampe non plus au Québec.

Le débat en français pourrait permettre à M. Blanchet d’ajuster son plaidoyer aux Québécois de manière plus ciblée et plus pragmatique.

Face au recul du Bloc et à la vague sans précédent de patriotisme au Canada et au Québec, le chef bloquiste va-t-il moduler son message sans se dénaturer pour autant?

Matière à réflexion

Jusqu’ici, dans cette campagne pas comme les autres, M. Blanchet a présenté le Bloc comme le seul parti qui, à la Chambre des communes, parlera pour le Québec. « Il n’y aura que nous », répète-t-il.

L’avance libérale dit pourtant que les électeurs québécois sont nombreux à voir Mark Carney comme pouvant défendre leurs intérêts. Voire plus que le Bloc dans la mesure où le PLC pourrait former le prochain gouvernement.

Dans son plaidoyer, Yves-François Blanchet s’ajustera-t-il en précisant que le Bloc est plutôt le seul parti au fédéral à parler uniquement pour le Québec? Ce serait nettement plus factuel.

Réussira-t-il aussi à mieux communiquer l’importance plus large en démocratie des partis d’opposition?

Saura-t-il donner matière à réflexion à cette partie de ses électeurs qui, incluant des souverainistes de longue date, songent à se tourner vers le PLC en temps de crise?

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