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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Le «pire scénario» pour le tramway, selon Régis Labeaume

Le maire sortant blâme le gouvernement Legault pour l’explosion des coûts

Illustration d’archives, Ville de Québec
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Photo portrait de Dominique Lelièvre

Dominique Lelièvre

12 novembre 2021
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Les hésitations du gouvernement Legault ont plongé le projet de tramway dans « le pire scénario », entraînant un retard de 18 à 24 mois et une hausse considérable des coûts, estime Régis Labeaume.

• À lire aussi: Tramway et tunnel: de sérieux doutes sur le 3e lien

Au début de l’été 2020, le maire sortant a écrit au premier ministre François Legault pour lui dire qu’il n’y avait pas de temps à perdre pour lancer un appel au marché, en raison de la situation économique favorable.

« Tous les éléments étaient réunis pour profiter de la fenêtre d’opportunité », mais « au contraire de ce qui était prévu, le pire scénario s’est avéré », déplore-t-il dans une nouvelle lettre rendue publique aujourd'hui.

Le gouvernement « a imposé, sur le tard, un changement important au tracé du projet », déplore-t-il.

Il a donné son aval au lancement de l’appel de propositions « des mois plus tard que le calendrier prévu », en plus de « changer les règles du jeu en cours de processus d’approvisionnement ».

Retard important

Finalement, le premier appel de propositions a été un échec. Le processus a dû être repris à zéro et scindé en deux, car un seul soumissionnaire a présenté une offre.

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« Le gouvernement a fait des choix que la Ville a dû exécuter. Mais en même temps, ces choix ont imposé un retard important au projet », affirme M. Labeaume.

« En somme, aucun des retards qui provoqueront des augmentations de coûts ne sera attribuable à la Ville, bien au contraire. Dans ces circonstances, je crois que la population de Québec est en droit de s’attendre à ce que le gouvernement assume ces conséquences en toute équité », poursuit-il dans la missive.

Le Journal a révélé récemment que la facture du tramway avait bondi de 600 millions $ et était maintenant évaluée à près de 4 milliards $.

Selon le maire sortant, dans l’état actuel des choses, les contrats finaux avec les fournisseurs seront signés avec un retard de 18 à 24 mois sur le calendrier initial. 

Le marché n’est plus aussi favorable (chaînes d’approvisionnement brisées, rareté de main-d’œuvre), l’inflation a augmenté, et « les coûts sont actuellement à la hausse de façon importante ».

Il y a même « de fortes probabilités qu’un seul fabricant de matériel roulant soumissionne dans les conditions actuelles considérant les nouvelles conditions exigées par le gouvernement ».

Pas d’autre coupe

Toutefois, il n’est pas question « que le projet soit de nouveau charcuté pour rabaisser les coûts », prévient-il. Il juge que l’obligation pour la Ville de payer 33 % des dépassements de coûts est « inéquitable » et devrait être « supprimée ».

M. Labeaume dénonce particulièrement l’ajout d’une clause au sujet du pourcentage de contenu canadien et européen qui, selon lui, désavantage les fabricants américains.

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Selon nos informations, l’objectif du gouvernement était surtout de bloquer une implication trop grande des firmes chinoises et indiennes.

Le maire se demande toutefois si cela a pu décourager des consortiums, tout en reconnaissant que la fusion récente entre Alstom et Bombardier a aussi probablement contribué à l’échec du premier appel de propositions.

Une petite flèche vers le ministre Éric Caire    

Photo d'archives, Stevens LeBlanc
Photo d'archives, Stevens LeBlanc

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Régis Labeaume plaide auprès du premier ministre que tous les grands projets connaissent actuellement une croissance des coûts en raison de l’état du marché. Le tunnel Québec-Lévis risque de ne pas y échapper, laisse-t-il entendre dans sa lettre.« Permettez-moi de vous titiller amicalement en vous rappelant que le 25 janvier 2018, monsieur Éric Caire déclarait qu’il estimait le coût de construction du troisième lien à 2 milliards de dollars, que le scénario catastrophe avait été établi à 4 milliards de dollars et qu’aucun prix plafond ne serait fixé au projet. C’est dire... », écrit-il. 

Il dénonce un « deux poids, deux mesures »    

« Le projet de Québec est le seul projet de mobilité au Québec à qui on impose une enveloppe fermée. Pour réussir et pour faire face au nouvel état du marché, le temps venu, le projet de Québec aura absolument besoin de plus de flexibilité à cet égard. »« Il n’a jamais été demandé à la Ville de Montréal de payer 33 % des dépassements de coûts dans ses projets de transport, ce qu’on demande à Québec. La Ville a accepté cette mesure à son corps défendant puisqu’aucune autre issue n’était possible pour permettre le démarrage du projet.« Je considère cette situation tout à fait inéquitable et je souhaite sincèrement que cette clause de couverture de 33 % des dépassements de coûts par la Ville soit supprimée des ententes avec le Gouvernement. »

— Avec la collaboration de Marc-André Gagnon

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