Employés de la santé non vaccinés: Dubé fait pression sur les ordres professionnels
Le ministre veut que les permis de travail des non-vaccinés soient révoqués
Marc-André Gagnon
Les travailleurs non vaccinés du réseau de la santé risquent de se retrouver dans un cul-de-sac le 15 octobre, prévient le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui presse les ordres professionnels de suspendre le droit de pratique des récalcitrants.
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Une fois la date butoir dépassée, plusieurs milliers de travailleurs du réseau de la santé seront suspendus sans solde s’ils ne sont pas adéquatement vaccinés.
Puisqu’ils seront considérés en absence non autorisée, ils n’auront pas droit au chômage, cesseront d’accumuler de l’ancienneté et perdront leurs assurances collectives après 28 jours, à moins d’assumer la cotisation versée par l’employeur.
S’il n’en tenait qu’au ministre de la Santé, Christian Dubé, les récalcitrants verraient leur permis d’exercice révoqué temporairement, comme le Collège des médecins promet de faire.
Pour le ministre, c’est « la bonne approche », et la pression repose maintenant sur les autres ordres professionnels visés par le décret sur la vaccination obligatoire, comme celui des infirmières et des infirmières auxiliaires, de faire de même.
Mauvaises surprises
Le ministre craint en fait que des infirmières continuent de refuser le vaccin en envisageant la télémédecine comme plan B, après l’ultimatum du 15 octobre.
Le décret sur la vaccination obligatoire publié le 25 septembre dernier ne va pas jusqu’à obliger la révocation de leur permis de travail : il ordonne plutôt de le suspendre ou de le limiter.
À sept jours de l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire, le ministre a donc exhorté les ordres professionnels à faire preuve de leadership, à défaut de quoi il n’écarte pas d’utiliser d’autres leviers à sa disposition.
« Je pense que les gens qui pensaient qu’ils pourraient aller pratiquer ailleurs vont peut-être avoir des surprises dans les prochains jours », a-t-il prévenu.
Questions sans réponses
Interrogés par Le Journal, les différents ordres visés par le ministre ont confirmé qu’une rencontre avec le ministère de la Santé, vendredi après-midi, n’a pas permis de dissiper le flou qui subsiste.
« Nous attendons toujours des réponses à nos questions », a fait savoir l’Ordre des infirmiers et infirmières auxiliaires du Québec.
« Compte tenu de l’impact potentiel de la limitation ou de la suspension du droit d’exercice de nos membres, nous devons obtenir des directives précises du gouvernement quant à l’application du décret », a également souligné l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec.
Idem pour l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec (OPIQ), qui ignore toujours si ses membres peuvent, par exemple, continuer de pratiquer dans un cabinet privé de dentiste sans être soumis à la vaccination obligatoire.
« Est-ce qu’ils sont visés par le décret, au moment où on se parle, ce n’est pas clair », a expliqué Josée Prud’Homme, directrice générale de l’OPIQ, en rappelant que la suspension du permis de pratique est une atteinte aux droits de ses membres.
Personnel non vacciné du réseau de la santé
Dans l’ensemble du réseau, 27 051 travailleurs de la santé non adéquatement vaccinés, dont 15 607 n’ont toujours pas reçu de première dose
3487 infirmières ne sont toujours pas adéquatement vaccinées, dont 2062 n’ont reçu aucune dose
Source : ministère de la Santé et des Services sociaux, en date du 6 octobre 2021