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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Le grand patron de la Caisse reçoit une rémunération record

Charles Emond a touché 6,3 millions $ en 2021

Photo Agence QMI, Mario Beauregard
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Photo portrait de Sylvain  Larocque

Sylvain Larocque

28 avril 2022
28 avril 2022
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Le PDG de la Caisse de dépôt, Charles Emond, a eu droit l’an dernier à un paiement spécial de près de 1,8 million $ qui a eu pour effet de porter ses émoluments au-delà du seuil maximal prévu par les règles du gouvernement. 

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M. Emond a gagné 4,5 millions $ en 2021, soit 1 million $ de plus qu’en 2020. C’est la rémunération la plus élevée jamais versée à un PDG de la Caisse.

À cela s’est ajouté un «montant compensatoire» de près de 1,8 million $ lié à son embauche par l’institution, en 2019, de sorte qu’au total, il a reçu près de 6,3 millions $ l’an dernier.

Or, selon un règlement gouvernemental, «la rémunération et les autres conditions de travail du président et chef de la direction de la Caisse doivent se situer entre la médiane et le troisième quartile (75e centile) du marché de référence».

En vertu de cette règle, la «rémunération globale maximale» à laquelle était admissible le grand patron de la Caisse en 2021 s’élevait à près de 5,8 millions $, selon les calculs effectués par la firme Willis Towers Watson, indique le rapport annuel de l’institution, déposé hier à l’Assemblée nationale.

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La Caisse estime toutefois que la compensation de 1,8 million $ doit être exclue de la rémunération de Charles Emond. L’institution la lui a versée en remplacement de «sommes auxquelles il a dû renoncer» quand il a quitté l’emploi qu’il occupait précédemment à la Banque Scotia à Toronto.

«La Caisse respecte le règlement», a insisté hier un porte-parole de l’institution, Maxime Chagnon. 

En 2020, Charles Émond avait eu droit à une rémunération de près de 3,5 millions $ et à un montant compensatoire de près de 1,5 million $ pour un total de 4,9 millions $. Cette année-là, la limite réglementaire s’élevait à 6 millions $.

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Hausse de 27 %

La rémunération des six plus hauts dirigeants de la Caisse a grimpé de 26,6 % l’an dernier pour atteindre 19,1 millions $.

Les autres dirigeants les mieux rémunérés à la Caisse ont été le chef des infrastructures, Emmanuel Jaclot (3,5 millions $ dont une «allocation temporaire» de 413 000 $), le chef des placements privés, Martin Laguerre (2,7 millions $), le chef de CDPQ Mondial, Marc-André Blanchard (2,5 millions $ dont une compensation de 400 000 $), le chef des marchés liquides, Vincent Delisle (2,2 millions $) et la chef des activités au Québec, Kim Thomassin (1,9 million $).

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En 2020, la rémunération totale des six plus hauts dirigeants de la Caisse avait totalisé 15,1 millions $.

Les bonis bondissent

Par ailleurs, les quelque 1454 salariés de la Caisse ont touché 187,9 millions $ en primes de rendement en 2021. C’est 18,4 % de plus que les 158,7 millions $ versés aux 1391 employés qui étaient en poste en 2020.

En 2021, la Caisse a enregistré un rendement de 13,5 %, lequel est supérieur à celui de son indice de référence. 

Charles Emond  

+27 %
+27 % Photo Chantal Poirier
  • Président et chef de la direction   
  • Rémunération en 2021 : 6,3 M$      

Emmanuel Jaclot  

+11 %
+11 % Photo tirée du web
  • Chef des infrastructures   
  • Rémunération en 2021 : 3,5 M$      

Kim Thomassin  

+23 %
+23 % Photo Martin Alarie
  • Cheffe des activités au Québec   
  • Rémunération en 2021 : 1,9 M$       

Un milliard $ versé à des fonds privés  

Les frais de toutes sortes ont explosé à la Caisse de dépôt et placement du Québec l’an dernier, atteignant 2,2 milliards $. De cette somme, 999 millions $ ont été versés en frais à des gestionnaires de fonds externes.

Par rapport à 2020, les frais totaux ont grimpé de 35,6 %. La hausse a été encore plus prononcée pour les « frais de base et de performance » versés à des gestionnaires externes, qui s’est élevée à 54,4 %.

« La hausse sur un an découle essentiellement de l’augmentation du capital déployé ces dernières années et de la performance exceptionnelle des gestionnaires externes dans les marchés privés et les autres fonds, notamment en placements privés », explique l’institution dans son rapport annuel 2021, rendu public hier.

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À la fin de 2018, la Caisse détenait au moins 40 milliards $ d’investissements dans plus de 300 fonds privés, soit quatre fois plus que quatre ans plus tôt, avait constaté Le Journal en 2019.

Plus de transactions

La forte progression des frais versés aux gestionnaires externes a contribué à faire bondir le ratio des coûts de la Caisse en proportion de ses actifs totaux. Les dépenses sont ainsi passées de 49 cents par 100 $ d’actifs nets moyens en 2020 à 57 cents en 2021.

« L’augmentation sur un an résulte principalement du volume élevé de transactions et de la hausse des frais de performance des placements en gestion externe, au cours d’une année où la Caisse a généré ses meilleurs rendements absolu et relatif depuis 2010 », précise l’institution.

Les coûts de transaction, qui sont inclus dans le total de 2,2 milliards $, ont également augmenté de façon marquée, passant de 216 millions $ en 2020 à 306 millions $. Il s’agit d’une hausse de 41,7 %.

Les frais de gestion interne des portefeuilles de la Caisse et les frais versés à des gestionnaires externes pour des placements boursiers se sont chiffrés à 892 millions $ en 2021, en hausse de 17,8 % par rapport à 2020.

En proportion des actifs de la Caisse, ces frais sont toutefois demeurés stables à 23 cents par 100 $ d’actifs. Ce ratio est inférieur à celui d’autres grands investisseurs institutionnels canadiens.

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