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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

La crise du 737 MAX a eu raison du patron de Boeing, Dennis Muilenburg

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AFP

2019-12-23T14:30:24Z
2023-10-12T23:04:40.451Z
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WASHINGTON | Le patron de Boeing, Dennis Muilenburg, a annoncé lundi sa démission immédiate, après des mois de vives critiques sur sa gestion de la crise du 737 MAX, la pire de l’histoire du constructeur américain.

Les fonctions de M. Muilenburg, 55 ans, avaient déjà été réduites en octobre lorsqu’il avait perdu son titre de président du conseil d’administration au profit de David Calhoun, un directeur indépendant.

C’est précisément ce dernier qui le remplacera à partir du 13 janvier, a annoncé Boeing, sans un seul mot pour le dirigeant démissionnaire, qui avait pris les commandes de l’avionneur en 2015.

«Le conseil d’administration a décidé qu’un changement de direction était nécessaire pour restaurer la confiance dans la société alors qu’elle s’efforce de rétablir les liens avec les autorités de réglementation, les clients et toutes les autres parties prenantes», s’est justifié Boeing.

«L’éviction de Dennis Muilenburg était attendue depuis longtemps», a réagi Peter DeFazio, président de la commission des Transports au Congrès, estimant que «sous sa direction, une entreprise admirée de longue date a pris un certain nombre de décisions dévastatrices suggérant que le profit était prioritaire à la sécurité».

Le directeur financier de Boeing, Greg Smith, fera l’intérim d’ici le 13 janvier.

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Deux accidents de son avion-vedette, le 737 MAX, en moins de cinq mois ont plongé Boeing dans la plus grave crise de son histoire.

Dans une décision inédite, toute la flotte mondiale des 737 MAX est clouée au sol depuis le 13 mars.

Les accidents de Lion Air, survenu fin octobre 2018, et d’Ethiopian Airlines, le 10 mars, dans des conditions similaires, ont fait au total 346 morts. Les enquêtes ont mis en cause le logiciel anti-décrochage MCAS.

Dysfonctionnements

Les correctifs apportés n’ont pas encore été validés. Et alors que d’autres dysfonctionnements sont apparus, aucune date de remise en service n’a pour l’heure été avancée.

Les différentes enquêtes techniques et administratives ont, en outre, mis en lumière des dysfonctionnements, notamment dans le processus de certification du 737 MAX et les liens étroits avec les autorités de régulation.

Des familles de victimes et des passagers réclamaient depuis longtemps le départ de Dennis Muilenburg, déplorant la manière dont il a géré cette crise: l’ancien patron avait, dans un premier temps, incriminé les pilotes.

Mais M. Muilenburg avait décidé de tenir contre vents et marées, répétant, y compris lors de son audience publique au Congrès fin octobre, que son père lui «avait appris à ne pas fuir les difficultés».

Il avait alors tenté un changement de cap, faisant amende honorable, affirmant qu’il n’oublierait jamais les 346 victimes et se disant prêt à «rendre des comptes», sans aller jusqu’à la démission.

Boeing était alors encore persuadé que le régulateur américain, la FAA, autoriserait le MAX à revoler avant la fin de l’année.

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Mais, dans une forme de mise au point, la FAA a récemment tapé du poing sur la table, soulignant que le 737 MAX ne revolerait pas avant 2020.

«Nous continuons à travailler avec d’autres régulateurs internationaux du contrôle aérien pour examiner les changements proposés à l’avion. Notre priorité numéro un est la sécurité et nous n’avons pas fixé d’échéance pour la fin de ce processus», a indiqué lundi le régulateur, se refusant à commenter la démission de M. Muilenburg.

Production bientôt arrêtée

Signe que l’avion ne va pas reprendre le ciel avant plusieurs mois, les compagnies aériennes américaines ont encore repoussé la remise en service de leurs appareils, United la décalant jusqu’au mois de juin 2020.

La semaine dernière, le groupe a dû se résigner à arrêter la production du MAX à partir de janvier pour une durée indéterminée, faute de savoir quand les livraisons pourraient reprendre.

«Sous la nouvelle direction, Boeing fonctionnera avec un engagement renouvelé de transparence totale, y compris une communication efficace et proactive avec la FAA, d’autres régulateurs mondiaux et ses clients», a affirmé lundi Boeing.

L’avionneur fait valoir que David Calhoun possède «une grande expérience de l’industrie» ainsi qu’une solide expérience en tant que patron.

David Calhoun, 62 ans, a occupé des fonctions exécutives et non exécutives dans de nombreuses entreprises, dont General Electric, où il a passé 26 ans de sa carrière.

«Je crois beaucoup en l’avenir de Boeing et du 737 MAX. Je suis honoré de diriger cette grande entreprise et les 150 000 employés dévoués qui travaillent dur pour créer l’avenir de l’aviation», a commenté le futur patron, qui a fait ses débuts chez Boeing en 2009.

À la Bourse, l’annonce a été bien accueillie, le titre Boeing progressant de 2,7 % vers 12 h 10.

«La démission de M. Muilenburg est un pas en avant positif pour remettre Boeing sur le chemin de la sécurité et de l’innovation», a réagi Michael Stumo, père de Samya Rose, 24 ans, qui a péri le 10 mars dans l’accident d’Ethiopian.

«J’espère que la décision de démettre (Dennis) Muilenburg signifie que Boeing est également prêt à marquer un nouveau chapitre de son engagement en matière de sécurité et de responsabilité», a enfin dit Peter DeFazio.

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