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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Le pape, le Vatican et les femmes

Le catholicisme est tout d’abord un puissant organe de pouvoir politique et social tout en étant dénué de tout fondement démocratique.
Le catholicisme est tout d’abord un puissant organe de pouvoir politique et social tout en étant dénué de tout fondement démocratique. Photo AFP
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-04-23T04:00:00Z
2025-04-23T04:15:00Z
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Dès qu’un pape meurt, la terre, semble-t-il, arrête de tourner. Partout, les médias le couvrent à profusion. Les leaders politiques «saluent» son pontificat. Même les élections et les guerres sont éclipsées.

On se demande ce que le pape décédé a fait de bien ou de mal. Était-il un soi-disant réformateur ou un traditionaliste? Quels chefs d’État iront à ses funérailles?

Qui pourrait lui succéder? Quelles factions nichées au sommet de la hiérarchie du pouvoir catholique s’affronteront et qui en émergera vainqueur?

Bref, comme disait jadis un de mes profs de science politique: le Vatican est la seule institution sur la planète à être plus photogénique que la royauté britannique et plus politique que tous les parlements réunis.

Or, cette fascination n’est-elle pas dépassée, surannée, voire déplacée? Ne manque-t-elle pas aussi terriblement de sens critique?

La réalité est qu’étant une des grandes religions monothéistes organisées – et cela dit en tout respect pour la foi des individus –, le catholicisme romain est tout d’abord un puissant organe de pouvoir politique et social tout en étant dénué de tout fondement démocratique.

C’est une autocratie dirigée par un homme «choisi» de droit que l’on dit «divin». Ce qui, prétend-on, lui permettrait de s’arroger le pouvoir de tenter de dicter à ses fidèles des dogmes hérités d’une époque révolue. Y compris comment ils doivent vivre et même se reproduire.

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Une institution ségrégationniste

Ce pouvoir sans partage comprend aussi celui d’imposer un régime ouvertement assumé de ségrégation sociale et économique basé sur le sexe. Comment décrire autrement le traitement fait aux femmes – la moitié de l’humanité – par le catholicisme romain et le Vatican, son siège politique?

On dit pourtant de Jorge Mario Bergoglio, le défunt pape François, qu’il «aimait le peuple». Il est d’ailleurs vrai qu’il se préoccupait des plus démunis et des migrants rejetés et déshumanisés par de plus en plus de gouvernements populistes de droite.

On rappelle aussi qu’il était gentil. Qu’il vivait humblement dans un modeste appartement. Qu’il a tenté d’éloigner l’Église de son homophobie chronique et extirpé les divorcés des feux de l’enfer.

Il y a toutefois deux immenses stigmates millénaires dont ce pape, pas plus que les autres, n’a osé libérer pleinement le Vatican: son lourd passé empoisonné d’abus sexuels d’enfants et sa perpétuelle misogynie.

Les femmes ne font-elles pas partie du «peuple»?

Aux yeux du Vatican, les femmes ne font manifestement pas partie du «peuple».

Comme des lépreuses et malgré toutes les luttes féministes de l’ère moderne, elles sont toujours exclues d’une hiérarchie catholique exclusivement masculine.

Réduites à des machines reproductives, on leur nie encore la liberté de contrôler leur propre sexualité et leur propre corps. Le catholicisme n’est bien évidemment pas la seule religion à le faire.

Son grand patron papal, quel qu’il soit, est cependant le seul chef religieux capable de monopoliser l’attention admirative ou curieuse de la planète entière dès qu’il rend son dernier souffle.

En ferait-on de même pour tout autre autocrate charriant en plus sur ses épaules deux mille ans d’abus sexuels et d’une ségrégation scandaleuse envers la moitié de l’humanité? Poser la question...

Et après, des leaders politiques qui, tous émus, «saluent» les papes trépassés, nous parleront quand même sans broncher de laïcité, de neutralité religieuse des États, de protection des enfants et d’égalité des femmes...

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