Le mystère de Pâques: le linceul de Turin


Normand Lester
Au cours des 600 dernières années, les chrétiens vénèrent le «Saint-Suaire de Turin» comme preuve de la résurrection du Christ. La relique, l’une des plus importantes du christianisme, est conservée à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin. Ses ostensions attirent des milliers de pèlerins. Il a été montré en public pour la dernière fois en 2015.
On l’appelle le «suaire de Turin», mais c’est en réalité un linceul. Le drap de lin jauni a enveloppé verticalement la totalité du corps du Christ. Pas seulement sa tête. On y distingue l’image, de face et de dos, d’un homme nu à la barbe et aux cheveux longs dont le corps porte des blessures identiques à celles décrites dans les textes des évangiles sur la flagellation et la crucifixion de Jésus de Nazareth.

Le linceul, la relique la plus étudiée au monde, a engendré un vaste corpus de thèses scientifiques, appelé «sindonologie». Des centaines de livres et des dizaines de milliers d'articles ont été écrits à son sujet. Scientifiques et croyants discutent – avec passion – de son authenticité depuis une centaine d’années.
Pour les sceptiques, le tissu est un faux médiéval: à deux reprises ses ostensions avaient alors été interdites par les évêques de Troyes, qui affirmaient qu’il s’agissait d’un faux. Une datation au radiocarbone en 1988 a établi qu’il a été fabriqué entre 1260 et 1390.
De nouvelles études ont mis en cause l'exactitude de ces résultats. Les trois laboratoires basés dans des universités renommées auraient effectué leurs analyses sur des fils prélevés du tissu qui avait été réparé lors de la restauration du linceul endommagé lors d’un incendie à Chambéry en France en 1532. Il était alors en possession de la maison de Savoie qui l’aurait acquis, durant la semaine sainte de 1453. Depuis 1578, il est maintenant à Turin, où les Ducs de Savoie en 1562 ont transféré leur capitale, auparavant à Chambéry.
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Le Saint-Suaire, de Jérusalem à Turin
Mario Latendresse, un informaticien québécois qui travaille dans un centre d’intelligence artificielle en Californie s’intéresse au Linceul de Turin depuis des décennies.
Il croit qu’il faut rejeter de nombreuses hypothèses sur son histoire. Par exemple, que le chevalier français Othon de la Roche, Duc d’Athènes, s’en serait emparé lors du sac de Constantinople par les croisés en avril 1204. La femme d’un noble français, Agnès de Charpigny, l’aurait ramené en France d’Athènes avec elle pour le sauver des aventuriers qui pillaient la Grèce. C’est son descendant, Geoffroi de Charny, qui, en 1353, aurait placé le linceul dans une église du duché de Savoie.
Latendresse est convaincu que cette hypothèse repose sur des incompréhensions de documents anciens. Selon lui, 22 reliques du palais impérial de Constantinople, dont le linceul, ont plutôt abouti à Paris. Louis IX les aurait acquises de son cousin Baudouin II, alors empereur de Constantinople. Les reliques auraient été placées à la Sainte-Chapelle de Paris en 1248. Cent ans plus tard, Philippe VI aurait offert le linceul à Geoffroi de Charny pour sa vaillance à combattre les Anglais. Il fut tué à la bataille de Poitiers en 1356.
Transfert inexplicable de l’image du corps
La question centrale sur l’authenticité du linceul de Turin porte sur la façon que l’image du corps du Christ s’est transférée sur le drap de lin. Comment s’est-elle transposée/imprégnée sur la toile de lin et quelle est la substance qui la constitue?
Personne n’a jamais offert d'explications valables sur la formation de l’image autre qu’un rayonnement instantané qui n’a marqué que la surface du tissu. Une constatation impossible à expliquer scientifiquement.
L'image n’est que sur la surface du linceul. Elle ne pénètre pas les fibres de lin du tissu. Le sang de l'homme crucifié a bien pénétré le tissu, mais a précédé l'impression de l'image de l'homme.
Le corps a été enveloppé dans le linceul de lin quelques jours avant la «radiation» qui a transféré son image sur le tissu, le moment, selon les croyants, de la résurrection du Christ.

Et la couronne d’épines?
Selon trois des évangiles, une couronne d'épines a été placée sur la tête de Jésus-Christ après sa condamnation à mort avant sa crucifixion.
Chaque Vendredi saint lors d'une messe spéciale, elle était présentée aux fidèles jusqu’à l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en 2019. On n’a jamais effectué d’analyse comparative entre la couronne d’épines et le linceul. La couronne n’a plus d’épines, mais leurs emplacements visibles sur la couronne devraient permettre de voir s’ils correspondent aux traces sanglantes laissées sur le linceul de Turin.