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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Le Musée des beaux-arts retourne en enfance!

Un assemblage typique de Glass
Un assemblage typique de Glass Photo courtoisie
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Photo portrait de Guy Fournier

Guy Fournier

14 avril à 19h
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Né avant la Confédération, le Musée des beaux-arts de Montréal retourne en enfance jusqu’au 28 septembre.

Le vénérable musée de la rue Sherbrooke à Montréal doit cette cure de jeunesse momentanée à Alan Glass, ce très discret artiste renommé à Paris, New York et Mexico, mais quasi inconnu chez nous, même s’il est né à Saint-Bruno-de-Montarville.

À compter de jeudi, parents et enfants qui viendront au musée découvriront une stupéfiante collection d’objets qu’Alan Glass a cueillis dans les marchés aux puces de Paris ou dans les rues du quartier Roma de Mexico, où il a habité un demi-siècle. Ces «gugusses» et ces «cossins», il les a chargés de mystère et de symbolisme, d’humour et de créativité, si bien qu’ils sont devenus des objets d’art et des pièces de musée et de collection.

OYEZ, OYEZ, BRAVES GENS!

Oyez, oyez, braves gens, damoiselles et damoiseaux, venez voir au Musée la vieille machine à coudre fleurie, les ampoules électriques changées en cuisses de dinde, les corsets de mémère empalés sur des piédestaux, les bréchets de poulet dorés, les colibris dans des os de bœuf, un godendard encadré comme un Picasso, un manche de violon en fleur, une ruche habitée, des assemblages de boutons et de coquillages multicolores, des crânes en cire et des mains en bois, des volants de badminton en cavale, des allumettes antiques, des plumes d’oiseaux exotiques, des œufs maquillés comme des danseuses de carnaval et mille autres bizarreries. Mais ne cherchez pas de pipe. Par déférence, Alan Glass en a laissé l’exclusivité à René Magritte!

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Quelque temps après son arrivée en France, en 1952, Alan rencontra André Breton, l’écrivain qui «inventa» le surréalisme. Son mouvement avait essaimé un peu partout, mais il était presque à bout de souffle à Paris. Quelques artistes qui avaient fui le Québec de Duplessis eurent tôt fait de trouver dans le surréalisme l’élan de liberté et le souffle d’air frais dont ils rêvaient. Alan Glass était l’un de ceux-là.

DE PARIS À MEXICO

En 1962, ne pouvant plus s’offrir la vie de Paris devenue trop coûteuse, Alan s’installa à Mexico. Sans jamais renier sa nationalité canadienne, il devint Mexicain de passeport et de cœur, et c’est à Mexico qu’il rendit l’âme en janvier 2023. La grande exposition de ses œuvres au musée des beaux-arts de Mexico, à laquelle j’ai assisté en octobre dernier, m’a laissé sans voix.

Malgré ma longue amitié avec Alan – plus de 65 ans –, jamais je n’aurais pu imaginer le nombre fabuleux d’assemblages qu’il avait réalisés ou qu’il comptait encore faire avec les milliers d’objets restés en jachère dans son atelier du quartier Roma de Mexico. En plus d’être un géant de l’imaginaire, mon ami Alan était donc aussi un bourreau de travail. Sans sa patience de moine et son labeur quotidien, toutes ces choses qu’on peut admirer au Musée des beaux-arts de Montréal seraient tombées dans l’oubli. Cette exposition est un voyage dans le temps qu’il ne faut surtout pas manquer.

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