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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Le logement remplace la bouffe comme moteur de l’inflation au Québec

En 2024, la hausse du coût de la vie a été de 2,3%

Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
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Photo portrait de Julien McEvoy

Julien McEvoy

2025-01-22T05:00:00Z
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Après trois ans de hausses à l’épicerie, le logement a remplacé les aliments comme principal facteur d’inflation en 2024 au Québec, où la hausse du coût de la vie a été de 2,3% sur 12 mois. 

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Le bond est à 2,4% pour l’ensemble du Canada, soit la plus forte hausse annuelle depuis 2011 à l’exception des années noires de la COVID en 2021, 2022 et 2023, a indiqué Statistique Canada, mardi, dans un bilan.

TABLEAU JDM / SOURCE : STATISTIQUE CANADA
TABLEAU JDM / SOURCE : STATISTIQUE CANADA

Le prix des aliments à l’épicerie a fait du +9,8% en 2022 et du +7,8% en 2023, contre +2,2%, l’an dernier. C’est l’inverse pour le prix des loyers, qui a fait du +8,2% en 2024, contre du +6,5% en 2023 et du +4,6% en 2022.

Là où ça fait encore plus mal, c’est chez les propriétaires. Le coût de l’intérêt hypothécaire a pris 20% l’an dernier, après le record absolu de +28,5%, en 2023.

«C’est l’effet yo-yo, on joue avec le taux directeur, c’est ce qui arrive», résume Jacques Nantel, prof émérite des HEC à Montréal.

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Ce n’était qu’une question de temps, dit-il, avant que le calcul de l’inflation inclue tout l’argent dépensé par les clients des banques qui ont renouvelé leur hypothèque à quatre fois le taux d’intérêt.

Vraiment vrai?

L’effet décélérateur des prix à l’épicerie sur le taux d’inflation est assez soudain pour surprendre le spécialiste Sylvain Charlebois, qui peinait, mardi, à décrire son étonnement devant les chiffres de Statistique Canada.

«J’ai jamais vu ça, c’est incroyable! J’en reviens pas! Le changement est tellement radical, on dirait qu’ils se sont trompés, qu’ils vont bientôt publier une correction», s’est exclamé le prof de l’Université Dalhousie, en après-midi, au téléphone.

Les prix à l’épicerie ont fait du +2,8% en novembre, puis du +0,6%, en décembre. Cet écart de 2,2 points de pourcentage fait réagir ce fidèle abonné des publications de Statistique Canada.

«Si c’est vrai, c’est la plus importante baisse du taux d’inflation alimentaire en 50 ans», s’est-il emporté depuis son bureau d’Halifax.

On s’appauvrit quand même

«Ça, c’est très évident», assène Jacques Nantel. Oui, à 2,3%, le chiffre est le fun, l’inflation est dans la fourchette de la Banque du Canada. «Mais y’a pas de retour en arrière», illustre-t-il. On peut se dire «enfin, juste 2%», sauf que ce 2% s’ajoute à l’autre 11%, et ainsi de suite. Le coût de la vie est à 1,4 fois ce qu’il était avant la COVID, calcule l’expert, si bien qu’un dollar de 2020 vaut maintenant 60 cennes.

Les fournisseurs squeezés

Les prix ont monté moins vite à l’épicerie, en décembre, grâce à la pression exercée par les détaillants sur leurs fournisseurs, assure Jacques Nantel. «Bonne chance pour faire accepter une hausse de prix par Metro ou Provigo», résume-t-il. Les PME alimentaires s’arrachent les cheveux, à présent, et leurs déboires profitent aux cinq géants du secteur de l’alimentation, Walmart, Costco, Metro, Loblaw et Sobeys, qui concentrent les parts de marchés dans leurs mains.

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Pas de TPS, ça aide

Le congé de TPS voté par le gouvernement mourant à Ottawa avant les Fêtes a réussi à atténuer la hausse du coût de la vie au Canada, en décembre. Sans la mesure, l’inflation aurait été de 2,4%, entre les mois de décembre 2023 et 2024, et non de 1,8% comme rapporté. Le gouvernement fédéral a mis en place un congé de la TPS sur certains aliments ainsi que sur les livres, les vêtements pour enfants et les jouets, à la mi-décembre.

Vers une autre baisse des taux

Les prochaines décisions de la Banque du Canada, dont celle du 29 janvier, seront courues. Dans le scénario modéré, il y aura trois baisses du taux directeur en 2025 pour atteindre 2,5% à la fin de l’année. Mais les menaces de Trump et de ses tarifs de 25% planent toujours, ce qui pourrait tout bousiller. Si le président des États-Unis passe à l’action, «je pense que nous aurions affaire à des réductions plus importantes de la part de la Banque du Canada», a indiqué Douglas Porter, économiste en chef de BMO, mardi.

Et le gagnant est...

Cinq catégories clés de l’inflation sur trois ans

TABLEAU JDM / SOURCE : STATISTIQUE CANADA
TABLEAU JDM / SOURCE : STATISTIQUE CANADA

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