Prêtres agresseurs: le côté sombre du pontificat du pape François dénoncé
Yannick Beaudoin
Les hommages envers le pape François semblent unanimes depuis l’annonce de son décès, pourtant, certains souhaitent apporter une nuance en critiquant certains aspects moins honorables de son pontificat.
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En entrevue à l’émission de Sophie Durocher, diffusée à QUB radio et télé, diffusé en simultané au 99,5 FM Montréal, le porte-parole des victimes des religieux de la congrégation de Sainte-Croix, Sébastien Richard, a déploré comment le pape François n’a pas répondu aux attentes à son endroit concernant le dossier des enfants abusés par des prêtres.
La simplicité et l’humilité affichées par François à son arrivée au Vatican a insufflé un certain espoir aux victimes et à leurs proches, mais celui-ci a été dissipé par les décisions et l’inaction du pape.
Pour M. Richard, le pape François a agi comme ses prédécesseurs face aux agressions commises sur des mineurs par des prêtres.
«On est aux prises en ce moment avec une remise constante des procédures, c'est-à-dire qu’on essaie de pelleter par en avant pour essayer de gagner du temps, puis en espérant que les victimes disparaissent par la force des choses», a expliqué le porte-parole des victimes des religieux de la congrégation de Sainte-Croix.
«J'avais envoyé deux lettres par courrier diplomatique au pape pour lui demander d'intervenir, pour qu'il donne les directives aux communautés religieuses, s'il était vraiment sincère pour que les règlements se négocient et non pas qu'on s'empêtre dans les procédures juridiques. Je n'ai jamais reçu de réponse, pourtant je sais que ça a été reçu, j'avais reçu un accusé de réception à un moment donné pour la première des deux lettres», a-t-il ajouté.
• Sur le même sujet, écoutez cet épisode balado tiré de l'émission de Sophie Durocher, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Ce dernier admet que son optimisme a véritablement «craqué» lorsqu’il a vu un reportage indiquant que lorsqu’il avait été archevêque de Buenos Aires, François avait défendu les agresseurs en les protégeant et en les cachant.
«On est resté dans le même état de vouloir protéger les agresseurs qui font partie du clergé et donc de ne tout simplement de ne rien faire pour permettre à ces gens-là de pouvoir retrouver la dignité, mais il est important de savoir que depuis ce temps-là, il y en a qui sont décédés», souligne Sébastien Richard.
Celui-ci affirme avoir été marqué par le passage de François au Québec en 2022. Le souverain pontife avait alors parlé des victimes autochtones des prêtres, mais avait omis de parler des autres victimes.
«Je me suis dit qu'il y avait un problème sérieux, parce qu'il se trouvait dans une église qui est sous la responsabilité des rédemptoristes. Or les rédemptoristes à Québec, c'est la seule, jusqu'à maintenant, c'est la seule communauté qui a fait le choix de se rendre jusqu'à procès contre ces victimes et de ne pas régler hors cour», indique M. Richard.

Or, le juge dans cette cause a mentionné à plusieurs reprises dans son jugement qu’il croyait les victimes et non les rédemptoristes. Sébastien Richard s’explique donc mal que le pape François n’est pas fait mention de cette affaire lorsqu’il a pris la parole à Sainte-Anne-de-Beaupré à l’été 2022.
«Puisqu'il se trouvait chez eux, ça me semblait normal qu'il fasse un retour là-dessus et ça n'a pas été fait. Mais c'est certainement déplorable», affirme M. Richard.
Depuis l’annonce de son décès, le pape François est louangé de toutes parts, mais ce n’est pas représentatif de son pontificat, estime le porte-parole des victimes des religieux de la congrégation de Sainte-Croix.
«Ça témoigne aussi de voir à quel point, au sein de l'Église catholique, la notion d'agression sexuelle sur des mineurs est quelque chose de totalement banalisé et ça depuis très, très longtemps», déplore Sébastien Richard.
«On voit ça comme étant une faute qui est commise, mais comme on va à la confesse, puis qu'on demande pardon, bien donc Dieu, dans son infinie miséricorde, va pardonner. Puis si on recommence, bien, on va retourner à la confesse», ajoute-t-il.
Pourtant, il s’agit de crimes très graves aux répercussions très lourdes, argumente ce dernier.
«Je n'hésite pas à dire qu'une agression sexuelle sur un mineur, c'est un meurtre au sens psychologique du terme. Combien de gens dans nos rues qui sont des itinérants, je vous garantis que là-dedans, on n'est pas loin de 100% de victimes d'agressions sexuelles. Donc, il y a des gens qui survivent à ça sur le pilote automatique, dans l'indignité la plus totale, en attendant la mort, mais qui ne parviennent pas à reprendre le contrôle de leur vie», souligne M. Richard.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.