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Environnement

Le Japon va rejeter plus d'un million de tonnes d'eau contaminée de la centrale Fukushima dans l'océan Pacifique

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2021-04-13T15:54:57Z
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Le Japon a annoncé qu'il va rejeter dans l’océan Pacifique plus d’un million de tonnes d’eau provenant de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, et ce, malgré l’opposition de pays voisins, dont la Chine, et des pêcheurs locaux.

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1,25 million de tonnes d’eau contaminée  

Cette décision met fin à sept années de débats sur la manière de se débarrasser de l’eau issue de la pluie, des nappes souterraines ou des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs nucléaires entrés en fusion après le gigantesque tsunami du 11 mars 2011.

Environ 1,25 million de tonnes d’eau contaminée sont actuellement stockées dans plus d’un millier de citernes sur le site de la centrale accidentée.

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Pas complètement filtrée  

Une décision rapide était nécessaire, car l’eau continue à s’accumuler et les limites des capacités de stockage sur place pourraient être atteintes dès l’automne 2022, selon Tepco, l’opérateur de la centrale.

L’eau sera rejetée «après nous être assurés qu’elle est à un niveau (de substances radioactives, NDLR) nettement en-dessous des normes de sécurité», a déclaré mardi le premier ministre Yoshihide Suga.

L’eau destinée à être relâchée dans cette opération, qui ne devrait pas commencer avant deux ans et pourrait prendre des décennies, a été filtrée à plusieurs reprises pour être débarrassée de la plupart de ses substances radioactives (radionucléides), mais pas du tritium, lequel ne peut pas être éliminé avec les techniques actuelles.

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Une pratique qui se voit ailleurs  

Début 2020, des experts commissionnés par le gouvernement avaient recommandé le rejet en mer, une pratique déjà existante au Japon comme à l’étranger sur des installations nucléaires en activité.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a aussi soutenu cette option. Son directeur général Rafael Grossi s’est «réjoui» mardi de la décision du Japon, déclarant que l’AIEA était prête à lui fournir un soutien technique.

Vive opposition  

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Cette solution est très contestée par les pêcheurs et agriculteurs de Fukushima, dans le Nord-Est du pays, redoutant que cela n’affecte encore davantage l’image de leurs produits auprès des consommateurs, même si Tepco s’est engagé mardi à prendre «des mesures pour empêcher que des rumeurs néfastes ne circulent» à l’encontre de l’agriculture, des forêts, de la pêche et du tourisme dans la région.

Le gouvernement «nous a dit qu’il ne rejetterait pas l’eau sans l’adhésion des pêcheurs», a déclaré Kanji Tachiya, responsable d’une coopérative locale de pêche à Fukushima, mais «maintenant, ils reviennent là-dessus et nous disent qu’ils vont rejeter l’eau, c’est incompréhensible».

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Plus d’une centaine de personnes ont aussi manifesté mardi, portant des pancartes avec des slogans contre la décision. 

La Chine critique la décision  

Les voisins du Japon, avec qui Tokyo entretient des relations houleuses, ont manifesté leur mécontentement. 

La Chine a qualifié mardi «d’extrêmement irresponsable» l’approche du Japon, qui «va gravement nuire à la santé et à la sûreté publiques dans le monde, ainsi qu’aux intérêts vitaux des pays voisins».

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La Corée du Sud, qui a exprimé de «vifs regrets» après cette décision qui représente «un risque pour l’environnement maritime», a convoqué l’ambassadeur japonais à Séoul.

Les États-Unis en soutien  

Le gouvernement américain, allié de Tokyo, a en revanche exprimé son soutien à l’opération, notant que le Japon avait «pesé les options et les effets, avait été transparent dans sa décision et sembl(ait) avoir adopté une approche en accord avec les normes de sûreté nucléaire internationalement reconnues».

Greenpeace fulmine  

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«Le gouvernement japonais a une fois de plus laissé tomber les gens de Fukushima», a réagi mardi Greenpeace, fustigeant une «décision complètement injustifiée de contaminer délibérément l’océan Pacifique».

L’organisation environnementale a répété son appel à poursuivre le stockage de l’eau jusqu’à ce que la technologie permette de la décontaminer complètement.

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