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Environnement

Le Hummer électrique arrive au Québec: une tendance «inquiétante»

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Photo portrait de Élizabeth Ménard

Élizabeth Ménard

2022-04-21T18:09:03Z
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Symbole ultime de la surconsommation, le Hummer a maintenant sa version électrique qui sera présentée au Salon du véhicule électrique de Montréal ce week-end. L'arrivée sur les routes de véhicules «zéro émissions» de plus en plus gros inquiète des experts en mobilité durable.

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Toujours aussi gros, le Hummer 100% électrique pèse près de 9000 lbs, a trois moteurs, une puissance estimée à 1000 chevaux et une autonomie annoncée de 560 km. 

«Oh non!» s’exclame d’entrée de jeu l’expert en mobilité durable et professeur à l’Université Laval Dominic Villeneuve. «Ce n’est vraiment pas une solution de mobilité durable», lance-t-il. 

AFP
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Une grosse voiture énergivore 

La voiture électrique, qui n'émet pas de gaz à effet de serre (GES) lorsqu’elle roule, est tout de même responsable d’une part importante d’émissions lors de sa production, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une voiture surdimensionnée comme le Hummer, explique le professeur. 

Le Hummer EV à l'usine GM de Détroit, au Michigan.
Le Hummer EV à l'usine GM de Détroit, au Michigan. AFP

On calcule qu’une voiture électrique moyenne doit avoir parcouru 85 000 km avant d’être à parts égales, en termes d’émissions de GES, avec une voiture à essence de taille moyenne. 

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«Quand tu as un gros truc comme un Hummer, ou n’importe quel autre VUS, il y a beaucoup de ressources qui sont mises dedans pour pouvoir le produire. Le nombre de kilomètres que tu dois rouler avec de l’électricité avant d’avoir atteint la même part qu’un petit véhicule à essence, ça doit être assez astronomique», estime-t-il. 

Qui plus est, un véhicule «inutilement gros» comme le Hummer sera nécessairement énergivore. C’est un «gaspillage de notre énergie», juge l’analyste en mobilité chez Équiterre, Andréanne Brazeau. 

« L’électrification de certains véhicules plus imposants peut être bénéfique dans certains contextes, mais la transformation généralisée du parc automobile vers des modèles toujours plus lourds comme le Hummer est inquiétante, dit-elle [...] Pour réussir la transition écologique, il faut aussi miser sur la sobriété énergétique et matérielle», estime-t-elle. 

Plus qu’un problème de GES 

Les GES et la consommation d’énergie ne sont pas les seuls problèmes environnementaux entrainés par notre dépendance à la voiture, qu’elle soit électrique ou pas, renchérit Dominic Villeneuve. 

«La pollution par le bruit, la pollution par microplastiques liée à l’usage des freins et des pneus: Il y a plein d’autres formes de pollution qui sont liées à la voiture qui ne sont pas réglées [avec l’auto électrique] Ça ne change pas parce qu’on change la technologie du moteur. Ce n’est vraiment pas une panacée», souligne-t-il. 

Le gouvernement du Québec, qui mise beaucoup sur l’électrification des transports, devrait plutôt repenser l’aménagement de nos villes pour permettre la mobilité active comme la marche et le vélo, soutiennent les experts. L’offre de transport collectif doit également être bonifiée. 

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«On a fait une erreur stratégique en dissociant la source d’énergie du mode de transport», affirme l’ingénieure et titulaire de la Chaire Mobilité de Polytechnique, Catherine Morency. «Il y a un problème beaucoup plus systémique que juste changer le système de propulsion des véhicules», souligne la spécialiste. 

Elle rêve du jour où on récompensera ceux qui font le choix de se passer d’une voiture plutôt que d’investir dans le problème. 

«Ce n’est pas populaire de dire: il faut transformer nos comportements et réduire notre consommation. C’est bien plus facile de dire à quelqu'un: ta voiture tu peux la prendre plus grosse tant qu’elle est électrique et je vais même te donner de l'argent», déplore-t-elle. 

Le nouveau Hummer EV, qui devrait être disponible au Québec vers la fin de l’année 2022, se détaille entre 89 000$ et 126 000$. Il ne sera donc pas éligible aux subventions gouvernementales.  

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