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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Hydro-Québec: le gouvernement Legault ne cherche plus à signer de nouveaux contrats d’exportation

Québec met un frein aux exportations de son électricité propre

Photo fournie par Hydro-Québec
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Photo portrait de David Descôteaux

David Descôteaux

2023-05-03T13:15:00Z
2023-05-03T13:16:19Z
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En raison de la pénurie d’électricité qui se dessine dans la province, Québec ferme la porte à tout nouveau contrat d’exportation aux États-Unis ou ailleurs. 

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«Vu le nombre de mégawatts disponibles, le gouvernement ne cherche plus à signer de nouveaux contrats d’exportation. Nous souhaitons utiliser l’énergie disponible pour nos secteurs stratégiques et remplir nos objectifs de réductions de GES», confirme Mathieu St-Amand, directeur des communications pour le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.

Il s’agit d’un changement de cap majeur pour la CAQ de François Legault. On se souviendra qu’au début de son mandat, le premier ministre avait voyagé aux États-Unis, notamment pour vanter l’électricité du Québec à ses voisins américains. Mais aujourd’hui, la société d’État dit avoir besoin de plus de 100 térawattheures (TWh) d’ici 2050.

«Il y a toujours eu des tensions au sein d’Hydro-Québec entre d’une part, l’importance des exportations et des revenus que ça génère, et d’autre part le besoin de garder l’électricité pour nous», fait remarquer Pierre-Olivier Pineau, de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie aux HEC Montréal. «Mais là, clairement, ils ont réalisé qu’ils ne veulent plus s’engager dans de tels contrats», dit-il.

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Deux gros contrats

Au cœur de ce débat, ce sont les deux importants contrats au Massachusetts et à New York, signés par les anciens PDG Éric Martel et Sophie Brochu, respectivement. Ces contrats d’exportation feront en sorte d’envoyer bientôt quelque 20 TWh d’électricité dans le Nord-est américain pendant 20 et 25 ans. Autant de TWh – environ 10% de la production annuelle d’Hydro-Québec – qui ne seront plus disponibles pour décarboner la province ou attirer des entreprises.

«À 20 térawattheures, ces deux contrats équivalent à la rivière Manicouagan au complet, c’est énorme!», dit Pierre Gingras, ancien ingénieur d’Hydro-Québec et maintenant consultant et conférencier. «C’est aussi plus de deux fois et demie ce que Volkswagen demandait pour sa méga-usine de batteries», fait-il remarquer. On se souviendra que le fabricant allemand a préféré s’installer en Ontario et y créer ses 3000 emplois directs, notamment parce que le Québec ne pouvait répondre à ses demandes, faute de pouvoir acheminer l’électricité sur le site choisi.  

  •  Écoutez la chronique économique avec Yves Daoust, directeur de la section Argent du journal de Montréal et du Journal de Québec au micro de Richard Martineau via QUB radio : 

Des avantages tout de même

Mais il ne faudrait pas croire que ces contrats sont sans valeur, rétorque Pierre-Olivier Pineau. Un avantage indéniable de ces contrats à long terme est qu’ils permettent la construction de lignes de transport pour accéder au marché américain. 

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«Ces lignes sont longues à construire et elles sont très utiles. Les Américains rajoutent beaucoup de production éolienne et solaire en ce moment. Il y aura des heures où ils auront trop d’énergie, trop de vent et une faible demande. Et si nous, au Québec, on a des lignes de transport, on va pouvoir importer cette énergie-là à bon marché et garder l’eau dans les réservoirs d’Hydro», explique-t-il.

Et quand, au contraire, les Américains vont manquer de vent ou de soleil, les prix vont être élevés et ils vont avoir besoin d’importer de l’électricité. «Ce n’est pas juste une question de garder l’électricité pour nous ou non. C’est une question d’importer quand ce n’est pas cher, et d’exporter quand c’est cher et que ça en vaut la peine», explique le professeur.

Le PDG actuel impliqué

Rappelons que le contrat entre Hydro-Québec et New York a été signé le 30 novembre 2021, alors que Sophie Brochu était PDG. Or, à peine quelques semaines plus tard, le plan stratégique 2022-2026 d’Hydro-Québec évoquait le fameux besoin de 100 TWh d’ici 2050 pour décarboner le Québec. Le PDG actuel (par intérim), Pierre Despars, a été un acteur clé du contrat avec la Ville de New York. 

Des ententes très payantes 

En 2022, Hydro-Québec a affiché des profits nets de 4,5 milliards $, en hausse de 993 millions $ par rapport à 2021, en grande partie grâce aux prix élevés de l’électricité sur les marchés extérieurs. Le dividende versé à l’État québécois s’est élevé à 3,4 milliards $

Contrat avec New York

  • 10,4 térawattheures/année
  • Durée de 25 ans
  • Revenus prévus de 30 milliards $ US

Contrat avec le Massachusetts

  • 9,45 térawattheures/année
  • Durée de 20 ans
  • Revenus prévus de 10 milliards $ US
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