GNL Québec: des citations qui prouvent que le gouvernement a complètement changé d'idée
François Carabin | 24 Heures
Après une véritable saga qui s’est étirée sur sept ans, Québec rejette le projet Énergie Saguenay de GNL Québec. C'est un retournement de situation après que le gouvernement, pendant des années, se fut montré favorable au projet.
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2014 - Énergie Saguenay prend vie
En 2014, GNL Québec confirme ses intentions d’installer une usine de liquéfaction au port de Grande-Anse, à Saguenay. Le projet fait tranquillement son chemin jusqu’aux oreilles du premier ministre, Philippe Couillard, qui affirme en 2015 vouloir aller de l’avant.
«Il y aura bien sûr des évaluations environnementales à tenir, mais déjà, quand on bâtit un consensus régional comme ils sont en train de faire, ça part mieux les choses.» – Philippe Couillard
2018 - Philippe Couillard encore en faveur
Pendant les élections de 2018, Philippe Couillard réaffirme son intérêt: GNL Québec offre un avantage économique indéniable à la région, soutient le premier ministre sortant devant un groupe d’entrepreneurs.
«Plus près dans la région, nous continuerons à appuyer les grands projets comme BlackRock, Arianne et GNL. Notre support financier, dans la majorité des cas, est déjà fait. Il manque donc l’implication des investisseurs privés.» – Philippe Couillard
2019 - Changement de gouvernement, mais pas de position
François Legault et la Coalition avenir Québec prennent le pouvoir en 2018, mais la position de Québec change à peine. Dès son entrée en poste, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, évoque un préjugé favorable envers le projet, comme le montre cette citation de 2019.
«C’est un projet qui a ses mérites sur le plan du développement économique, qui peut même avoir ses mérites sur certaines perspectives en environnement.» – Benoit Charette
Janvier 2020 - Le premier ministre rencontre les promoteurs d’Énergie Saguenay
Bonne rencontre avec les dirigeants du projet Énergie Saguenay.
— François Legault (@francoislegault) January 16, 2020
Un projet d’investissement majeur : 4 000 emplois durant la construction et 250 emplois permanents à 100 000$ par année.
Le projet réduirait les GES de 28 millions en remplaçant des centrales au charbon. pic.twitter.com/iWG2kLREPq
En janvier 2020, sur Twitter, M. Legault souligne les avantages économiques potentiels du projet, lui qui cherche depuis son entrée en poste à créer des «emplois payants».
«Bonne rencontre avec les dirigeants du projet Énergie Saguenay. Un projet d’investissement majeur: 4000 emplois durant la construction et 250 emplois permanents à 100 000$ par année. Le projet réduirait les GES de 28 millions en remplaçant des centrales au charbon.» – François Legault
Février 2020 - La CAQ parle encore d'avantages environnementaux
Pressé de questions par la co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé en février 2020, le premier ministre montre ses cartes.
«Si on réussit à remplacer un certain nombre de ces usines au charbon par des usines au gaz liquéfié, on va réduire les GES, ça va aider la planète. Il me semble que c'est facile à comprendre, ça.» – François Legault
Septembre 2020 - Le BAPE amorce ses travaux
Le Bureau d’audiences publiques sur l'environnement (BAPE) ouvre les consultations sur l’usine de liquéfaction de GNL en septembre 2020. Des centaines de citoyens s’y rendent pour s’opposer au projet. À Québec, la ministre déléguée au Développement économique régional d’alors, Marie-Eve Proulx, voit toujours des avantages multiples à aller de l’avant.
«Dans le cas du Saguenay–Lac-Saint-Jean, il y a une volonté concrète et affirmée d'aller de l'avant avec ce projet. [...] Je suis d'avis qu'il faut arriver à diversifier notre économie, mais ce projet-là est un projet porteur pour l'avenir du Québec.» – Marie-Eve Proulx
Décembre 2020 - Le gouvernement refuse finalement d'investir dans GNL Québec
Volte-face en décembre 2020: Québec confirme qu’il n’investira pas de fonds publics dans l’aventure Énergie Saguenay. C’est le premier ministre lui-même, en Chambre, qui le certifie.
«Le gouvernement du Québec a refusé qu'il y ait un financement public dans le projet GNL Québec. Donc, on parle de financement privé. Effectivement, il y a un grand défi, puisqu'on parle d'un projet de 10 milliards, si on inclut l'oléoduc de gaz.» – François Legault
Mars 2021 - Le rapport du BAPE critique le projet
Le BAPE présente son constat final: le projet ne satisfait pas aux conditions fixées par Québec. Le ministre de l'Environnement Benoit Charette invite les promoteurs à retourner à la table à dessin.
«On a posé trois conditions très claires qui sont maintenues encore à ce jour: acceptabilité sociale, favoriser la transition énergétique et, ultimement, contribuer aux diminutions mondiales des gaz à effet de serre. Et le rapport ne permet pas de conclure qu'une ou ces trois conditions-là seraient respectées.» – Benoit Charette
Juin 2021 - La balle est dans le camp du promoteur
En entrevue avec le 24 heures en juin 2021, le ministre de l’Environnement répète que la balle est dans le camp du promoteur. C’est à lui de présenter un projet qui répond aux conditions posées, souligne-t-il.
«D’ici la fin de l’été, une recommandation sera faite. Je vous confirme que GNL Québec a pu fournir un certain nombre de réponses aux questions qu’on leur posait. Du côté du ministère, l’évaluation se fait et on est très, très confiants qu’on aura l’heure juste d’ici la fin de l’été.» – Benoit Charette
Juillet 2021 - GNL Québec rejeté par le gouvernement
Après des mois d'attente, le ministre Charette confirme en point de presse à Saguenay, le 21 juillet 2021, qu'Énergie Saguenay ne verra pas le jour sous le gouvernement Legault.
«On craint que ça défavorise la transition énergétique. [...] C'est un projet qui est plus risqué qu'il n'a d'avantages. D'où la décision prise il y a quelques instants.» – Benoit Charette