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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Kim Clavel: «Le frigo était presque vide, mais nous étions heureux»

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Photo portrait de Rodger Brulotte

Rodger Brulotte

14 août 2022
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Kim Clavel, la championne du monde WBC des poids mi-mouches, est une femme passionnée dans tout ce qu’elle entreprend. 

Sa mère, Linda Caron, est devenue monoparentale alors que Kim était âgée d’à peine 6 mois. Elle se considère comme chanceuse, car malgré leur séparation, ses parents se sont assurés que son père, Pierre Clavel, serait présent dans sa vie : « Papa était un cowboy comme on n’en fait plus ». Tandis que sa mère lui a appris l’importance des valeurs de la vie. 


Tu as habité à Mascouche.

J’ai demeuré à Mascouche jusqu’à l’âge de 4 ans. J’ai une sœur, Angie, qui est entraîneuse de chevaux en Oklahoma.


Tu as ensuite emménagé dans la région de Joliette.

Nous avons demeuré près de Joliette, à Saint-Calixte, Crabtree et Saint-Liguori. D’ailleurs, lorsque j’avais 16 ans, ma sœur et moi habitions sur une ferme à Saint-Liguori où on élevait des chevaux de courses. Nous faisions l’entretien de l’écurie et nous accompagnions les chevaux à Blue Bonnets, où j’ai travaillé quelques années plus tard. 


Plus jeune, ta mère avait acheté un cheval.

Ma mère, en plus de son travail quotidien, faisait l’entretien de l’écurie pour les dépenses qui entouraient le cheval. Je m’amusais aussi dans la forêt et à courir dans les champs. C’était simple comme activité, cependant, j’étais heureuse. 

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Ta mère te raconte souvent une anecdote qui te touche beaucoup.

J’avais à peine 5 ans lorsque j’ai ouvert la porte du frigo qui était presque vide, et, en la regardant, je lui ai dit que j’étais tout de même heureuse avec elle. Maman s’est mise à pleurer.


Des hot-dogs autour d’un feu, c’était une soirée gastronomique

Nous n’avions pas beaucoup d’argent, mais les soirées au lac Opéra, que je partageais avec ma mère et ma sœur assises sur une roche autour d’un feu en dégustant des hot-dogs, c’était aussi beau que d’aller dans les grands restaurants.


Ta mère t’a inspirée beaucoup.

Alors que j’étais toute jeune, ma mère m’a fait comprendre l’importance d’aider les gens dans le besoin. 


Tu accompagnais ta mère à son travail.

J’avais à peine 8 ou 10 ans et je l’accompagnais à une résidence pour personnes atteintes d’Alzheimer. Je me vois encore en train de souffler sur leur cuillère, car la soupe était trop chaude, ou de faire des marches avec elles. 


Tu as toujours aimé les sports de combat.

Pendant sept ans, j’ai fait du taekwondo, car ma mère trouvait que j’avais beaucoup trop d’énergie, et cela m’a permis entre autres d’apprendre le respect envers les gens.  


Tu t’amusais dehors.

Je n’avais pas besoin de jeux vidéo, car je m’amusais à créer des jeux grâce à mon imagination. Ma sœur était ma meilleure amie, cependant, contrairement à moi elle aimait la lecture. Souvent, je lui demandais de cesser de lire pour se joindre à moi. 

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Tu as joué au basketball à l’école.

Oui, car j’étais inscrite en concentration basketball, mais j’étais plus dominante dans les courses cross-country, sans oublier le ballon chasseur dans la cour d’école, et parfois j’étais meilleure que les garçons.


Tu avais 15 ans à tes débuts à la boxe.

J’avais demandé à l’entraîneur de boxe, monsieur Michel Morin, d’intégrer son équipe. De ses 6 pi 4 po et 240 lb, il s’est penché vers moi pour m’expliquer qu’il devait discuter de la situation avec moi. Une fois la discussion terminée, je me suis jointe à son équipe. Cependant, à mon premier entraînement, ma mère m’avait donné une paire de souliers qui n’étaient pas de la même couleur. 


Ce n’est pas ton premier coup de poing qui t’a donné confiance.

Non, car avant de pouvoir donner mon premier coup de poing, j’en ai subi plusieurs de mes opposantes lors des sessions de sparring.


Comment as-tu bâti ta confiance ?

La journée que j’ai compris que c’était plus important d’esquiver des coups que de les donner. Je souriais lorsque j’esquivais des coups, car ça me permettait d’atteindre mon adversaire avec plus de puissance. 


Tu t’es jointe à Boxe Montréal.

J’étais choyée, car Stéphan Larouche et sa conjointe, Danielle Bouchard – qui est devenue en juillet 2008 la première boxeuse canadienne à livrer un combat de championnat du monde – ont accepté de m’entraîner. Leur amour pour moi me motive beaucoup.


Tu n’avais pas d’argent pour payer de l’essence pour ta voiture.

Je devais mentir à Stéphane en lui disant que je ne pouvais pas aller à l’entraînement, car je devais travailler. Cependant, en réalité, je n’avais pas assez d’argent pour payer de l’essence pour ma voiture.

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Comment as-tu ramassé de l’argent ?

J’ai travaillé à trier les vidanges et nettoyer les fosses septiques. Cependant, j’ai failli mettre fin à ma carrière lorsque mon doigt est demeuré coincé sous un compresseur utilisé pour faire des écrans de cinéma.  


La corde d’urgence ne fonctionnait pas.

Mes collègues tiraient sur la corde pour arrêter le compresseur, mais en vain. J’ai subi une blessure majeure à la main et au poignet.  


Qui était ton mentor ?

La boxeuse canadienne Ariane Fortin. D’ailleurs, j’ai demeuré avec elle à Montréal, et sans son appui et ses encouragements, je n’aurais jamais terminé mes études, car j’étais une décrocheuse au secondaire.


Décris-nous tes journées.

Le matin, je me rendais dans l’est de Montréal pour suivre des cours d’anglais. Ensuite, je revenais au Centre Claude-Robillard pour une séance de boxe. Une fois cette séance terminée, je me dirigeais à Côte-des-Neiges pour suivre mon cours d’infirmière auxiliaire, cinq fois par semaine, de 14 h à 22 h. Cette routine a fait partie de ma vie durant 18 mois.


Malheureusement, nous allons devoir parler de ta carrière une autre fois. Cependant, tu me confiais que tu aimerais avoir des enfants.

Présentement, ma carrière m’empêche d’avoir des enfants. Une fois ma carrière terminée, j’aimerais avoir des enfants afin de partager mon amour avec eux. 


Tu as un message pour les jeunes filles.

Ne craignez jamais de prendre votre place dans la vie, mais surtout de travailler pour y arriver.

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